04 septembre, 2011

Pays-Bas : le curé de Liempde s'est exprimé

Le P. Norbert van der Sluis, qui avait suscité la colère du « conseil de direction » laïc de son église paroissiale de Liempde (Brabant septentrional, Pays-Bas) pour avoir refusé il y a trois semaines l'organisation de funérailles catholiques à un euthanasié, s'est exprimé samedi à ce sujet dans le quotidien conservateur Trouw.

Je vous propose ici ma traduction de ses propos.

Interrogé sur le fait de savoir pourquoi l'Eglise catholique fait un « tel problème » de l'euthanasie, il a déclaré :

« Chaque vie humaine est un don de Dieu. Ce que l'on reçoit du Créateur, on n'a pas le droit d'y mettre fin de sa propre initiative. L'euthanasie produit un sourd bruit de fond qui contredit ce don : c'est une décision par laquelle on régit sa vie soi-même. C'est pourquoi il est impossible de bénéficier dans ce cadre de funérailles catholiques. »

Comment expliquer alors que certains curés soient moins stricts ?

« Beaucoup de personnes pensent avoir un droit à l'euthanasie. L'Eglise, à mon sens, s'est montrée trop discrète par rapport à ce climat général. D'où l'impression, chez beaucoup, que l'Eglise évolue bel et bien. Beaucoup de pasteurs d'âmes se montrent doux et larges d'esprit en s'appuyant sur de soi-disant circonstances atténuantes. C'est dommage.


« Le point de vue de l'Eglise est clair. Et cela devrait peser lourd. Et à cause du développement de la situation à Liempde, le manque de clarté et de certitude à propos du point de vue de l'Eglise n'a fait qu'augmenter. »


Insistant sur le fait qu'il ne s'était pas du tout borné à exprimer un point de vue privé – « Je ne fais que mettre en œuvre ce qu'enseigne l'Eglise » – le P. van der Sluis a expliqué une nouvelle fois que sa décision en relevait pas d'une réticence personnelle mais de son sens du devoir, alors qu'on lui reproche de ne pas avoir ouvert son église à un prêtre plus accommodant :

« Je ne pouvais pas refiler l'affaire à un tiers alors que je ne veux pas en porter la responsabilité moi-même. L'homme que j'ai refusé d'enterrer a choisi l'euthanasie en toute connaissance de cause. C'est une situation où je n'ai pas trouvé matière à clause échappatoire. »


A-t-il été trop dur ?

« J'estime qu'il n'y a rien à me reprocher puisque je me suis conformé à la conscience de l'Eglise. En matière d'euthanasie, il n'y a pas de place pour la largeur de vue. Il y a des limites. Le serviteur de l'Eglise doit avancer en toute vérité. Il ne peut tout recouvrir du manteau de la miséricorde. On dira que cela fait vieux-jeu, mais moi, je suis là pour le salut des âmes. Tout comportement qui n'aide pas au salut des âmes, je dois le dénoncer. Je suis fidèles aux règles de l'Eglise. Point final. »


Aurait-il agi autrement s'il avait prévu la contestation qui s'est produite ?

« Je trouve toute cette agitation très pénible. Pas seulement pour moi, mais surtout pour la paroisse. Elle provoque beaucoup de division. Mais je n'aurais pas agi autrement. En tout honneur et en toute conscience, je crois avoir fait le bon choix. »


L'évêché de Bois-le-Duc a soutenu le curé de Liempde, mais lui a imposé un congé de deux semaines. Alors ?

« Je n'ai pas été sanctionné. J'ai assuré mes tâches pastorales habituelles. Le fait que je n'ai pas célébré la messe paroissiale est dû à d'autres raisons. On attendant la présence nombreuse des médias à l'église. Et dans cette configuration on ne savait pas comment tourneraient les choses. Dès demain, je célébrerai de nouveau. »


Quant au conseil de direction de l'église paroissiale de Liempde, le P. van de Sluis ne s'attend pas à le voir recoller les bouts – « mais avec les paroissiens, il devrait en aller autrement », assure-t-il : « Il faudra peut-être un peu de temps mais je pense que la paroisse sera disposée à tourner la page. Je souhaite vraiment rester. »


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