23 février, 2011

Roumanie : 22 millions d'avortements en 50 ans

Des statistiques officielles dévoilées en Roumanie révèlent qu'entre 1958 et 2008 les cliniques d'Etat ont réalisé 22.178.906 avortements, alors même que la population actuelle de ce pays victime de la dictature communiste de Ceausescu dépassait en 2008 à peine les 21,5 millions d'habitants. Et ce au nom d'une politique démographique d'augmentation de la population, qui a confisqué aux Roumains, pendant de longues années, leur responsabilités personnelles et parentales, dans un contexte de misère entretenue. Rapportés à la population féminine en âge de procréer, ces chiffres indiquent une moyenne mathématique de trois avortements par femme – étant entendu que certaines femmes ont avorté bien plus souvent que cela.

Ces chiffres ne tiennent même pas compte des avortements clandestins.

C'est en 1957 que le décret 463 légalisant l'avortement est entré en vigueur : la Roumanie est alors en plein régime communiste et l'avortement atteint un pic en 1965, avec plus d'un million et demi d'interventions légales. L'année suivant son arrivée dans l'équipe au pouvoir en 1965, Ceausescu va développer un programme de montée en puissance de la Roumanie par le biais de l'accroissement démographique de plus en plus coercitif, en interdisant à la fois l'avortement et toute forme de contraception. Le « droit » à l'avortement sera rétabli après sa chute en 1989, et 1990 est de nouveau une année noire avec 992.265 avortements officiellement enregistrés.

De fait, pendant l'époque communiste, les femmes roumaines ont été amenées à considérer l'avortement comme le seul moyen d'espacer ou d'éviter des naissances et cette « culture » de l'avortement reste, aujourd'hui encore, très présente dans un pays où le taux de mortalité maternelle à l'accouchement était exceptionnellement élevé. Si ces deux statistiques sont en voie de réduction, les chiffres roumains demeurent importants par rapport à la moyenne européenne.

Les chiffres publiés ces derniers jours servent-ils à justifier l'idée selon laquelle une meilleure « couverture » contraceptive permet de faire diminuer le nombre d'avortements ?

Sans doute. Et c'est ainsi que la presse (comme ici) et les organisations favorables au planning familial les interprètent, de manière univoque.

Est-ce une raison pour rejeter – par exemple – l'interdiction catholique de la contraception, et pour hurler avec les loups que la diffusion de l'éducation sexuelle et l'accès aisé, éventuellement gratuit, voire étendu aux mineures est le seul moyen d'éviter le drame de l'avortement ?

Il faut chercher la réponse ailleurs.

Le contexte roumain était particulièrement atroce pendant les années noires du communisme qui dépersonnalise, déshumanise, démoralise par nature. Les Roumains ont eu à faire face à une situation où, sans liberté personnelle, ils voyaient l'avenir coupé, la misère s'installer, la répression s'abattre avec violence. Les femmes de moins de quarante ans devaient « fournir » des enfants au régime ; quatre, voire cinq, éventuellement recueillis dans des orphelinats abominables, sans humanité et sans même le minimum de soins dont a besoin un petit d'homme. Entre horreur, terreur et absence de formation morale, voulue par un régime athée, comment s'attendre à autre chose que ce génocide volontaire ?

La réponse n'est pas dans le maintien de l'absence de formation morale (qui est le fait de l'éducation sexuelle moderne qui encourage à la promiscuité), ni dans la diffusion massive de la contraception – à l'occasion ou souvent contragestive selon la méthode utilisée – dont il faut avoir le courage de dire qu'elle aboutit elle aussi à de multiples avortements très précoces, impossibles à comptabiliser. Le massacre est simplement moins visible.

La réponse est double : dans l'interdit de principe de causer volontairement la mort d'un innocent, et dans une nécessaire politique d'accueil de la vie et de soutien à la famille. Dans la reconnaissance, aussi, du droit des parents de déterminer eux-mêmes le nombre d'enfants qu'ils veulent et peuvent accueillir, et – corrélativement – dans l'éducation aux méthodes naturelles de régulation des naissances. Cela suppose évidemment une réforme intellectuelle et morale de fond. Et c'est pour cela qu'il est si important de dire à ce propos toute la vérité, et non de proposer des moyens bancals qui enfoncent dans la misère.

Il est intéressant de noter que le Daily Mail, journal britannique à très forte diffusion, présente les « avortées » du régime de Ceausescu comme des victimes, ce qu'elles sont effectivement dans la mesure où elles ont subi massivement l'horreur de l'avortement, dans une situation où elles pensaient n'avoir pas le choix. Le journal cite ainsi une femme, Raluca Ionescu, qui avoue avoir subi 32 avortements à l'époque Ceausescu – le premier à 13 ans, accompagnée par sa mère.

Cette misère-là aussi crie vengeance.

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