15 août, 2010

Alzheimer : vers un dépistage précoce ?

L'excellent site de veille bioéthique australien, BioEdge, commente aujourd'hui l'information selon laquelle une ponction lombaire pourrait être 100 % efficace pour prédire si un patient va développer la maladie d'Alzheimer, selon les Archives of Neurology. La présence de la maladie ne se confirme avec certitude aujourd'hui que post mortem à travers une autopsie alors qu'elle s'installe quelque dix ans avant ses premiers symptômes, voire davantage. Connaître sa présence à un stade précoce est d'un grand intérêt pour les chercheurs puisque les patients concernés pourraient être des sujets idéaux pour expérimenter des traitements, de manière bien plus efficace, en orientant la recherche vers le retardement du développement de la maladie.

Mais la découverte, si elle se confirme, pourrait avoir des effets pervers. Les gens bien portants ont-ils vraiment envie de savoir qu'ils sont atteints d'une maladie effrayante pour laquelle, une fois déclarée, il n'y a aucun remède ? Quels seraient les effets sur leurs contrats d'assurance, leur accès au crédit, etc. ? Cela provoquerait-il une vague de suicides ?

Michael Cook, le responsable de BioEdge, souligne qu'en tout cas l'information a intéressé au-delà de ce qui est habituel : l'article que lui a consacré le New York Times a été propulsé en tête des « plus lus » en peu de temps. Et il se demande :

« Les gens qui seront diagnostiqués positifs sentiront-ils une pression qui les conduirait à choisir un départ précoce vers l'Au-delà avant de devenir un fardeau pour leurs familles ? J'invente ? Je ne le crois pas. A l'heure qu'il est, bien plus de 90 % des femmes enceintes chez qui le dépistage de la trisomie révèle un résultat positif “mettent fin” à leur enfant. Si elles craignent que la vie avec un enfant handicapé sera une sorte de purgatoire, que dire alors d'une vie avec un parent invalidé par la maladie d'Alzheimer. Est-ce une nouvelle ère qui commence ? »

© leblogdejeannesmits.

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