05 février, 2010

Rapport IGAS : le vrai problème de l'“éducation sexuelle”

Pour faire diminuer le nombre des « IVG », il faut améliorer l’accès à « l’éducation à la sexualité ». Cette idée sert de thème central au rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) remis mardi au ministre de la Santé : obligatoire dès l’école élémentaire et tout au long du secondaire, il ne passe décidément pas assez dans les faits au goût des rapporteurs. La conclusion du rapport est donc qu’il faut de la surveillance, du « pilotage », pour mieux s’assurer que tous les jeunes, scolarisés ou non, puissent avoir accès à cet endoctrinement à sens unique. C’est un dossier qui est au cœur du scandale éducatif français, étroitement imbriqué avec l’entreprise de décervelage qui vise à priver les jeunes de leurs capacités d’analyse et de raisonnement. Réduits à leurs sentiments et à leurs envies, ils deviennent en effet des proies faciles pour la démoralisation généralisée. En « amour » est permis tout ce qui est agréable (ou plutôt tout ce que l’on trouve agréable à un moment donné), à condition d’éviter les conséquences potentiellement gênantes qui peuvent en résulter : maladies sexuellement transmissibles qu’on doit éviter, grossesses non désirées qu’il faut éviter, au mieux, et « interrompre », au pire. Le rapport de l’IGAS qui déplore le nombre d’avortements pratiqués sur des femmes sous contraceptifs divers (72 %) suggère donc de s’inspirer des bonnes pratiques par elle définies, pour mieux les imposer. Combien de temps encore les parents vont-ils se laisser faire ?
 
On parle beaucoup ces jours-ci du paradoxe de la très forte diffusion de la contraception parmi les Françaises en âge fertile qui s’accompagne, contredisant tous les discours officiels sur la contraception qui empêcherait les « IVG », d’une hausse notable de l’avortement. Ce lien est pourtant normal (sinon systématique, comme nous allons le voir) : le refus de la conception de l’enfant va de pair avec le refus de l’enfant conçu, dans un contexte de relations sexuelles faciles puisque les différents moyens de « protection » en ont fait une activité récréative envisageable entre copains, et non potentiellement procréative dans le cadre d’une relation stable.

Cette dimension procréative, loin d’être ignorée, est au contraire au centre de toutes les pensées et de toutes les préoccupations. Comment s’aimer sans risques ? Les jeunes en savent-ils assez sur les manières d’éviter la conséquence normale et somme toute saine de l’acte sexuel : le bébé ? Il faut que les jeunes sachent tout : que le préservatif est nécessaire mais qu’il ne protège pas suffisamment de la grossesse (et du sida, alors ?). Que la pilule c’est bien, la pilule du lendemain aussi et même quatre fois de suite (réponse d’un site d’information du CHU de Strasbourg à une jeune fille dans le cadre de « l’Info-Ados »). Enfin, l’important, c’est de toujours avoir le danger en tête et le prophylactique à portée de main.

En fait, aujourd’hui, c’est la fonction unitive de la relation physique entre un homme et une femme qui est absolument ignorée et même niée. Pire, c’est ce que les programmes d’éducation sexuelle enseignent prioritairement. Nous savons pourtant que l’acte sexuel fait de l’homme et de la femme « une seule chair ». Avec le déchirement que provoque toute séparation, et le mensonge exprimé par toute multiplication dans ce domaine.

Mais toute l’économie des cours d’éducation sexuelle, des visites dans les centres de planning familial (recommandées pour tous les jeunes dans le rapport de l’IGAS dans le cadre scolaire !) tourne autour de cette négation. L’important, c’est de faire ce qui plaît, quand on se sent prêt, à condition de respecter les désirs de l’autre, mais sans se sentir lié. Sans, surtout, se sentir lié par des tabous d’ordre moral : si l’inceste, la pédophilie et la violence demeurent proscrits, tout autre plaisir physique est permis et constituera même le critère de bonté des actes posés.


C’est cela, la véritable révolution sexuelle qui est au centre de tous les programmes officiels d’éducation sexuelle. La contraception et l’avortement (même présenté comme un « échec » mais un échec nécessaire) sont là pour escamoter le signe le plus tangible de l’amour physique qui fait d’un homme et d’une femme « une seule chair », cette nouvelle chair qu’est l’enfant, véritable incarnation de leur amour.

Puisqu’on contredit si violemment l’unité du couple humain, homme et femme, pourquoi donc permettre que son fruit paraisse ou voie le jour


Vous remarquerez qu’on peut se permettre aujourd’hui le luxe de parler des souffrances de l’avortement (les magazines féminins y reviennent de plus en plus souvent) ; la tolérance est moins grande vis-à-vis de ceux qui ne trouvent pas la pilule très écologique ; mais le vrai diktat de ceux qui non seulement décervèlent les jeunes, mais les privent de leurs émotions les plus nobles, c’est d’affirmer que le sexe n’engage à rien et constitue un mode banal d’expression d’attirance mutuelle, toutes orientations sexuelles confondues.

Ayant ainsi réfléchi, revenons au thème central du rapport de l’IGAS, qui prétend vouloir beaucoup de contraception plus éclairée pour qu’il y ait moins de grossesses non désirées et donc moins d’avortements. Il me semble qu’en réalité il veut, comme tous les promoteurs de l’éducation sexuelle, qu’il y ait plus de contraception et donc plus de promiscuité, pour tuer la dimension unitive de l’amour humain : l’avortement est alors le signe visible, mais non indispensable, de cet amour massacré.
Aux Pays-Bas, on enregistre un taux d’avortements nettement plus bas qu’en France : 8,6 avortements par 1 000 femmes de 15 à 44 ans aux Pays-Bas en 2007 (contre 8,0 en 2000), à comparer aux 14,7 pour 1 000 en France en 2007 (contre 13,8 en 2000). Le nombre des grossesses adolescentes a légèrement diminué aux Pays-Bas en 2007, après avoir augmenté pendant les années 1990. Ces « bons » résultats, on les attribue bien sûr à la bonne information contraceptive dispensée à la plupart des jeunes filles. Et assurément ces statistiques seront brandies lorsque les pouvoirs publics français voudront imposer ici davantage cette « éducation sexuelle » qui, fort heureusement, n’est pas encore inévitable.

Lors du Congrès mondial des familles à Amsterdam au mois d’août, Peter Cuyvers, statisticien néerlandais spécialiste de la famille était venu expliquer (au cours d’une conférence qui n’avait pas remporté un énorme succès…) que les Pays-Bas s’enorgueillissent d’un faible taux d’avortements, notamment chez les adolescentes. Je l’avais interrogé sur les raisons de cette situation, qu’il n’avait pas exposées au cours de sa conférence.

« C’est simple, chez nous, rien n’est tabou. Les jeunes apprennent dès la maternelle à accepter leur corps et à parler de la sexualité. Je ne me pose aucun problème moral quant à l’activité sexuelle de ma fille lycéenne. Elle sait qu’elle peut faire ce qu’elle veut tant qu’elle ne tombe pas enceinte. Elle a facilement accès aux contraceptifs. Et pour la plupart des gens, c’est comme ça. C’est en nous débarrassant des interdits que nous avons obtenu qu’il y ait moins de grossesses non désirées. »
 
L’éducation sexuelle tend à cela. Face à un tel désastre humain, moral, spirituel, l’éventuelle diminution des avortements – celle des avortements conscients, en tout cas, puisque ceux provoqués très précocement par la pilule, la pilule du lendemain, le stérilet… ne sont pas quantifiables – n’est qu’un maigre bienfait.

Il faudra se mobiliser contre cette nouvelle attaque contre l’être et le droit des familles.

Article paru dans la rubrique « Génération décervelée » dans Présent daté du 5 février 2010.

© leblogdejeannesmits.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne suis pas sûr que les femmes enceintes étaient véritablement sous contraceptif.

Je pense qu'elles le disent afin de ne pas être critiquées par les pro IVG, mais en fait, au moment où elles sont "tombées" enceintes, elles ne prenaient aucun contraceptif.

Que ce soit un inconscient "désir d'enfant" je ne discuterai pas. Mais le fait est là.

 
[]