18 août, 2010

Quand les avorteurs se contredisent…

Il y a deux semaines, je racontais ici comment la pression politique et médiatique s'accroît pour diffuser un abortif facilement accessible et bon marché devrait gagner du terrain dans les années à venir : le misoprostol ou Cytotec, le comprimé recommandé par les pro-mort aux femmes vivant dans les pays qui pénalisent encore l'avortement. J'y évoquais un article dans le prestigieux New York Times.

Susan Donaldson James vient de publier dans le non moins prestigieux ABCnews un article dénonçant le fait que les pauvres et les immigrées aux Etats-Unis en sont réduites à se rabattre sur… vous avez deviné, le misoprostol. La faute à l'interdiction (toute relative) du financement de l'avortement par l'ObamaCare… Et la solution miracle des uns devient un « avortement au rabais », un « avortement de bricoleurs ».

L'article de la journaliste nous fait suivre pas à pas ce qu'a vécu Kelly, coiffeuse à Atlanta, enceinte de 6 semaines : comment elle a ingéré cinq comprimés chez elle à 7 h du matin, en attendant de reprendre une dose pour compléter la procédure. Comment elle souffre des crampes et de l'hémorragie provoquée. Comment elle a tout de même pu bénéficier d'un « avortement » à moitié prix et vivre cet événement « émotionnel » au sein de son foyer.

Ce que vivent de nombreuses femmes pauvres, sans assurance maladie correcte…

En fait, révèle l'article, Kelly n'avortait pas. Une échographie venait de confirmer que l'enfant qu'elle portait était mort in utero et qu'il n'y avait plus qu'à attendre la fausse couche. Plutôt que de hâter les choses par un curetage, Kelly a préféré le misoprostol, 20 $, sur prescription médicale.

Mais, souligne la journaliste, bien des femmes, et particulièrement des immigrées, prennent la molécule de leur propre initiative et se retrouvent aux urgences (ou même dans des situations graves sans secours médical) lorsque quelque chose va de travers.

On apprend ainsi qu'une adolescente du Massachussetts a pris du misoprostol en 2007 pour avorter à 25 semaines : au lieu de tuer le bébé in utero, le médicament a provoqué sa naissance prématurée, une petite fille est née vivante, et a survécu 4 jours. L'adolescente, Amber Abreu, a alors été poursuivie pour meurtre, avant de bénéficier d'un non-lieu.

Selon des organisations pour la « santé reproductive » de tels abus du misoprostol risquent de se multiplier avec l'interdiction d'utiliser les fonds de « Medicaid » (destinés aux plus pauvres) pour l'avortement. Une porte-parole du National Latina Institute for Reproductive Health déplore cette inégalité : « Les femmes riches peuvent payer de leur poche et elles ont accès aux cliniques et aux services. » Jessica Gonzalez-Roja ajoute : « Nous voulons que les femmes s'adressent à une clinique qui soit sûre, accessible, à leur portée financièrement et culturellement compétente. »

Après avoir expliqué que beaucoup de femmes latino-américaines ont recours au misoprostol, médicament anti-ulcéreux bon marché dans leurs pays, y ont recours pour « induire les règles », la journaliste explique qu'il n'est efficace qu'à 80 ou 85 % pour provoquer l'avortement et qu'il est soupçonné de provoquer des défauts congénitaux. Ce que ne disent pas, bien entendu, les partisans de la molécule comme abortif universel. Ils ne racontent pas non plus, comme les témoins cités par la journaliste d'ABC, comment des femmes qui l'ont utilisée pour avorter ont failli mourir au bout de leur sang. Personne ne s'émeut de voir des organisations comme « Women on waves » recommander son usage abortif à domicile et sans prescription sur son site.

Le paradoxe ne s'arrête pas là. La molécule est par ailleurs extrêmement utile pour éviter les infections post-partum en permettant d'assurer une délivrance complète après l'accouchement : on parle d'une baisse de 50 % des morts maternelles en Inde depuis qu'elle est utilisée à cette fin, sous surveillance médicale bien entendu…

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