07 février, 2010

Pays-Bas : “Semaine de la vie accomplie”

Même la presse néerlandaise s'autorise un sourire ironique à propos de la dernière initiative en date de l'Association néerlandaise pour une fin de vie librement décidée (Nederlandse vereniging vour een vrijwillig levenseinde, NVVE), qui lance une « Semaine de la vie accomplie » pour réclamer le droit de mourir pour les personnes qui estiment leur vie bouclée. Hélas, il s'agit d'une démarche des plus sérieuses. Et c'est la principale chaîne de radio nationale néerlandaise qui invite ce dimanche une représentante de NVVE pour expliquer cette nouvelle revendication.

Il s'agit d'offrir une porte de sortie « humaine » à ceux qui, sans être spécialement malades, « n'expérimentent plus leur vécu de manière à vouloir continuer de vivre », comme le dit de manière à peu près aussi jargonnante en néerlandais Petra de Jong, directrice de l'association. « Souvent, il en est ainsi parce qu'ils se détachent de la vie. Leurs amis, leur famille, leurs connaissance disparaissent, ils restent seuls et ne se sentent plus reliés à la société. »

La réponse à ce sentiment « qui est autre chose que de la solitude », croit savoir la militante, n'est évidemment pas de mieux entourer les anciens mais de leur donner la possibilité de fixer eux-mêmes le moment de leur départ, declenché par le simple sentiment que « ça suffit ».

Loin d'être marginale, l'organisation de cette « Semaine de la vie accomplie » bénéficiera d'une importante couverture médiatique, notamment de la part des médias bénéficiant de fonds publics, et sera soutenue par exemple par la diffusion de documentaires à propos de personnes qui ont déjà sauté le pas ou qui en rêvent : une femme de 93 ans qui se juge Irrémédiablement vieille (titre de l'émission programmée par la télévision publique), ou cette autre de près de 100 ans qui, aidé par son propre fils, a mis fin à ses jours parce qu'elle estimait qu'elle avait bien assez vécu.

En guise de riposte des associations chrétiennes de patients et de personnels soignants ont mis en place une nouvelle manière de redonner l'envie de vivre aux personnes âgées : avec l'aide de bénévoles, il leur est proposée d'écrire l'histoire de leur vie pour en dégager les richesses et les leçons, non point parce qu'elle est déjà considérée comme achevée mais pour mieux affronter l'avenir en remettant les choses en perspectives. Une démarche qui donne à chacun le sentiment d'être respecté dans son identité.

Source : ici.

© leblogdejeannesmits.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a un certain nombre de jeunes, qui va en augmentant, qui estime que les vieux, genre soixante-huitards, ont détruit leur avenir par leur égoïsme, qu'ils en ont bien profité et maintenant qu'ils ne méritent plus de vivre. Ils sont trop nombreux pour que la nouvelle génération leur paie leur retraite.

Je suis entièrement d'accord avec les idées que vous exprimez, mais la vérité c'est que les vieux (dont je suis) s'ils ne dégagent pas d'une manière naturelle, vont d'abord être mis dans des sortes de camps, puis euthanasiés d'une manière plus ou moins douce.

Anonyme a dit…

Le droit français ne vous touche-t-il pas autant que ce qui se passe en Hollande?
En vertu de l'article L1111-13 du Code de la Santé Publique, le médecin peut décider souverainement, quel que soit le contenu des directives anticipées, quels que soient les avis qu'il recueille du collège des soignants, de la personne de confiance ou de la famille, de mettre fin aux soins de survie d'une personne qui ne peut plus exprimer sa volonté et qui est en phase avancée d'une maladie grave et incurable s'il estime que ces soins sont "disproportionnés", c'est à dire trop onéreux à ses yeux. Autrement dit, le médecin peut laisser mourir pour une raison autant financière que technique un patient qui n'a plus le moyen d'exprimer son opposition, même s'il l'a exprimée par avance d'une façon ou d'une autre.
N'a-t-on pas déjà vu des médecins annoncer des pronostics qui se sont révélés inexacts? Le médecin salarié de son établissement hospitalier peut-il juger objectivement du coût des soins par rapport au résultat qu'il en attend?
Ne devrions nous pas nous mobiliser contre ce mépris du droit à la vie?

Jeanne Smits a dit…

A PMRB.

Oui bien sûr, le droit français me touche autant que ce qui se passe aux Pays-Bas.

Mais dans ce blog, j'ai pour principe de ne publier que des informations originales non traités sur d'autres sites francophones, ou alors d'y faire un simple renvoi. L'actualité internationale dans ce domaine me paraît en tout cas pouvoir éclairer le pourquoi, le comment et l'avenir de ce que nous vivons ou vivrons en France.

L'exception : lorsque j'estime pouvoir apporter sur un sujet déjà traité ailleurs en langue française une analyse originale, voire une rectification, je l'aborde dans ce blog.

Ce fut notamment le cas pour la loi Leonetti, loi française sur la fin de vie, pour en signaler le contenu favorable à l'euthanasie que vous mettez en évidence fort justement. Voir notamment ici :

http://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2007/05/loi-leonetti-dj-une-loi-deuthanasie.html.

Avec mon confrère Yves Daoudal, j'avais été je crois la première à souligner cet aspect de la loi dès avant son adoption définitive (dans Présent des 9 et 15 avril 2005).

Oui, nous devrions nous mobiliser contre cette possibilité de mettre fin aux soins ordinaires dans une intention euthanasique. Mais hélas, le consensus assez largement partagé même dans les milieux pro-vie français assure que la loi Leonetti est une loi respectueuse de la vie.

Merci pour votre contribution et pour les questions importantes que vous soulevez.

 
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