Affichage des articles dont le libellé est for interne. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est for interne. Afficher tous les articles

23 octobre, 2015

Divorcés remariés : la solution du « for interne » mise en avant au synode

La publication catholique anglaise The Tablet met en avant l’émergence d’une nouvelle idée au synode qui permettrait l’accès des divorcés « remariés » à la communion : celle du « for interne ». Le Vatican (la Salle de presse, suppose-t-on) a même proposé jeudi une note aux journalistes pour leur dire de quoi il s’agit : le for externe concerne les actes publics de l’Eglise, dans les domaines du droit canonique et de l’autorité par exemple, alors que le for interne concerne la conscience et la pratique pastorale.
En matière de mariage, le for externe a trait aux questions de nullité éventuelle : un divorcé remarié qui désire communier ne peut le faire sans voir d’abord – for externe – si la déclaration de nullité peut être obtenue.
Assez souvent, il y a de nombreuses raisons pour lesquelles cette option n’est pas possible de telle sorte que la solution interne devient une possibilité. Avec l’aide d’un prêtre, l’individu forme sa conscience sur la validité du premier mariage ou son échec. Par nature le for interne est confidentiel et « basé sur un jugement pastoral, une décision qui est prise par le prêtre approprié ».
Il est donc possible, selon la note citée indirectement par The Tablet, que l’individu puisse recommencer à communier à l’issue de ce processus de discernement.
Ce sont les évêques allemands qui ont proposé cette solution pour trouver une voie de sortie : elle dispense les divorcés remariés des « voies pénitentielles » et elle n’affecte pas la doctrine sur l’indissolubilité du mariage, note le journal.
Le cardinal Oswald Gracias – déjà cité dans le précédent post – a indiqué lors de la conférence de presse de jeudi que cette idée avait déjà été mise en avant par le théologien moraliste allemand Bernard Haring en 1970. Elle avait rencontré l’hostilité des « conservateurs ».
La question a de nouveau été soulevée quelques années plus tard par The Tablet qui s’était attirée une réponse vigoureuse du cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, rejetant tout recours au for interne, alors que le journal assurait qu’il y était favorable.
The Tablet affirme qu’aujourd’hui, de nombreux diocèses du monde occidental ont déjà adopté cette solution, que ce soit au confessionnal ou de façon privée.
Il affirme encore qu’un nombre « énorme » de personnes ne sont pas en mesure d’essayer d’obtenir une annulation, et que cette situation perdurera malgré les décisions prises par le pape François pour accélérer la procédure parce que l’obtention d’une annulation sera trop difficile pour ceux qui ne pensent pas pouvoir démontrer que leur premier mariage était invalide.
D’autres – c’est encore le journal qui parle – « croient fortement que leur premier mariage a été un échec et est mort, plutôt que d’avoir été d’emblée nul ou invalide. Au lieu de cela ils reçoivent l’Eucharistie après un profond examen de conscience, avec l’aide d’un guide spirituel. »
Le cardinal Gracias a indiqué que l’Eglise recherche encore « un chemin ».
Sandro Magister publiait en décembre 2011 une note à propos d’une démarche du pape Benoît XVI qui a fait republier cette année-là dans L'Osservatore Romano deux textes : un essai qu’il avait publié en 1998 sur la question, complété d’une note de 2005. Il y rappelait l’impossibilité de la communion pour les divorcés remariés mais s’interrogeait pour des cas exceptionnels sur la question du for interne, liée à la situation des chrétiens non croyants engagés dans un mariage sacramentel, et à leur absence de foi qui « appartient à l’essence du sacrement » (question curieuse : un mariage entre un catholique croyant et un non croyant affirmé qui veut s’y engager comme le veut l’Eglise est bien un mariage sacramentel).
« La situation est particulièrement douloureuse pour les personnes qui se sont mariées à l’Église, mais qui ne sont pas vraiment croyantes et qui l’ont fait par tradition, puis ayant contracté un nouveau mariage non valide, se convertissent, trouvent la foi et se sentent exclues du Sacrement. C’est réellement une grande souffrance et, lorsque j’étais préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, j’ai invité plusieurs conférences épiscopales et spécialistes à étudier ce problème : un sacrement célébré sans foi », ajoutait-il en 2005 en évoquant cette question oralement avec les prêtres du diocèse d’Aoste.
Mais il ajoutait aussitôt :
« Je n’ose pas m’avancer en affirmant que l’on puisse trouver ici réellement un motif d’invalidité parce qu’il manquait une dimension fondamentale au mariage. Je le pensais personnellement, mais à la suite des discussions que nous avons eues, j’ai compris que le problème est très difficile et doit être encore approfondi. »
C’est une marche arrière sur le texte de 1998, même si cela n’exclut pas que dans certains cas un époux puisse avoir la certitude morale de n’avoir pas été validement marié lors d’une première union : il s’agit de dire que cela est délicat et compliqué. On lira avec profit la réponse d’un dominicain à une proposition en ce sens du P. Garrigues en juin dernier (à la fin d’un autre article de Sandro Magister).
La proposition des cardinaux allemands au synode est en revanche un pas en avant, invoquant bien plus largement la question du for interne, le faisant peut-être même au nom de ces quelques idées émises avec prudence et assez rapidement remises en question par le pape Benoît XVI puisqu’on en est à parler dans un journal comme The Tablet du nombre « énorme » de personnes qui ne sauraient obtenir une déclaration de nullité ou, pire encore, qui considèrent leur premier mariage comme ayant existé mais « mort ».


• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner



© leblogdejeannesmits



 
[]