Traditionis Custodes, publié par le pape François en la fête de Notre-Dame du Carmel, est un exercice de sarcasme diaboliquement méprisant. Mais avant de dire pourquoi, commençons par reconnaître quelques qualités louables que possède ce motu proprio. En effet, Traditionis Custodes et sa lettre d'accompagnement présentent des qualités aussi rares que précieuses de nos jours : clarté et concision. L'intention est limpide : le pape François énonce explicitement son objectif d'abolir la Messe de toujours, avant de poser un certain nombre de normes pour la mise en œuvre de cet objectif clairement affiché. Pour quiconque s'est longtemps nourri spirituellement de la Messe traditionnelle, en communion avec tous les saints au cours des siècles, cela ne peut qu'apparaître absolument apocalyptique.
Voici comment le Pape François affirme sans ambiguïté, dans la lettre accompagnant son nouveau motu proprio, cette intention d'effacer de fond en comble la Messe de toujours: « Je prends la ferme décision d'abroger toutes les normes, instructions, permissions et coutumes qui précèdent le présent Motu proprio, et déclare que les livres liturgiques promulgués par les saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, constituent l'unique expression de la lex orandi du Rite Romain. » Cela signifie que la vénérable messe traditionnelle en latin, avec plus d'un millénaire d'existence, ne fait plus partie du Rite Romain. D'un simple trait de plume, il l’a tout simplement éliminée du Rite Romain. Si cela n'est pas assez clair, le pape François dicte également deux principes que tous les évêques doivent suivre : même si ceux qui sont attachés à la messe traditionnelle sont temporairement autorisés à continuer d'y assister, ils « doivent revenir en temps voulu au Rite Romain promulguée par les saints Paul VI et Jean-Paul II », et les évêques doivent « interrompre l'érection de nouvelles paroisses personnelles ». Ainsi, il doit y avoir, d'une part, une tolérance temporaire pour les célébrations de messes traditionnelles déjà existantes, et d'autre part, une interdiction stricte d'autoriser de nouvelles paroisses avec messes traditionnelles. Il s'agit clairement d'une condamnation à mort.
On se demande immédiatement : la liturgie est-elle la possession personnelle du Pape dont il peut si allègrement se défaire ? Ou est-ce peut-être un abus monumental du pouvoir de la papauté ? En effet, le Pape Benoît XVI a écrit, lors de la promulgation de Summorum Pontificum : « Ce que les générations précédentes tenaient pour sacré, reste sacré et grand pour nous aussi, et cela ne peut pas être tout d'un coup entièrement interdit ou même considéré comme nuisible. » Cela n'est pas vrai, apparemment, selon le pape François. En fait, son nouveau motu proprio exprime exactement le contraire : ce que les générations précédentes tenaient pour sacré doit être considéré par nous comme nuisible et doit donc être finalement interdit.
Un modèle de rhétorique orwellienne
Tenant compte de ce but clairement exprimé d'effacer le Rite Romain Traditionnel, méditons un instant sur le titre donné au motu proprio, qui est un exemple de ce que l'on pourrait appeler une antiphrase orwellienne. L'antiphrase est le procédé rhétorique qui consiste à dire avec sarcasme le contraire de ce qui est réellement signifié, de telle manière que sa véritable intention soit rendue manifeste et évidente. Le pape François annonce clairement sa volonté déterminée d'éliminer la messe traditionnelle de toujours, et pourtant le motu propio est sarcastiquement intitulé : « Traditionis Custodes », ce qui signifie « Gardiens de la Tradition ». Aucune étude théologique n'est nécessaire pour voir l'évidence : c'est un pur sarcasme ricanant qui, présupposant les meilleures intentions de la part du Saint-Père, est une supercherie du diable, qui a si habilement réussi à désorienter son esprit et son cœur.
La discorde et la dissonance entre cet objectif clairement affiché et ce titre rappellent les noms donnés aux sièges gouvernementaux totalitaires dépeint par George Orwell dans son roman, 1984 : le Ministère de la Vérité, qui répand la propagande et le mensonge, le Ministère de la Paix, qui prépare à la guerre, le Ministère de l'Abondance, qui propage la famine, ou le Ministère de l'Amour, où des innocents sont torturés. De la même manière, « Gardiens de la Tradition » demandent aux bergers d'effacer en fin de compte le Rite Romain Traditionnel. « Trahisseurs de la Tradition » serait un titre beaucoup plus approprié.
Une telle rhétorique orwellienne pourrait aussi faire penser à une autre expression antiphrastique très courante : « droits sexuels et reproductifs », qui désigne en réalité non pas le droit de se reproduire, d'avoir des enfants, mais exactement le contraire : le droit de tuer son propre enfant dans le ventre de sa mère par l'avortement. De même, ces soi-disant «Gardiens de la Tradition », plutôt que de le protéger, de le nourrir et de s'en occuper comme une mère aimante le ferait pour son enfant, l'assassineraient et jetteraient ses restes sur un tas d'ordures.
Tromperie diabolique
Cependant, ce n'est pas tout. Le pape François poursuit : « Je suis conforté dans cette décision par le fait qu'après le Concile de Trente, saint Pie V a également abrogé tous les rites qui ne pouvaient prétendre à une antiquité prouvée, établissant pour toute l'Église latine un seul Missale Romanum. » Cette affirmation de continuité avec le saint pape Pie V est manifestement trompeuse. Il y a une similitude superficielle en ce que les deux papes établissent l'unité à travers un seul Rite Romain, mais il y a une différence essentielle qui est dissimulée : le pape saint Pie V a abrogé précisément les nouveaux rites qui avaient moins de 200 ans, soutenant et gardant ainsi la Tradition, alors que le pape François fait exactement le contraire : c'est la nouvelle messe du novus ordo, vieille seulement de 60 ans, qui est érigée en norme universelle de l'Église, tandis que l'ancien rite vénérable, qui seul a quelque prétention à l'antiquité, est aboli. Ainsi, le pape François s'oppose diamétralement aux intentions claires du saint pape en abolissant le rite traditionnel que son saint prédécesseur a si fidèlement gardé.
De plus, Saint Pie V, dans Quo Primum, dans lequel il promulgue la messe tridentine, déclare: « Par conséquent, personne est autorisé à modifier cet avis de Notre permission, statut, ordonnance, commandement, précepte, octroi, indult, déclaration, décret et interdiction. Si quelqu'un, cependant, oserait commettre un tel acte, il devrait savoir qu'il encourra la colère de Dieu Tout-Puissant et des Bienheureux Apôtres Pierre et Paul. » Le pape François a-t-il vraiment pris ce terrible avertissement en considération avant de publier son motu proprio, ou est-il peut-être victime d'une désorientation diabolique ? Car, lorsque François prétend suivre l'exemple du pape saint Pie V, tout en faisant précisément le contraire, il y a incontestablement une sorte de tromperie diabolique à l'œuvre.
Une protestation emplie de piété filiale
Toutes les remarques ci-dessus, pourraient dire certains catholiques, sont irrespectueuses et démontrent un manque de piété filiale envers le Saint-Père. Nous, catholiques, devons être très attentifs à toujours vénérer le Siège de Pierre, surtout lorsque nous ressentons le besoin de crier de consternation devant une tromperie diabolique visant à attaquer le cœur de l'Église : la Sainte Messe de toujours. Voici une question très sincère: en élevant la voix contre une telle supercherie impie, un catholique fidèle ne montre-t-il pas, en fait, plus de respect révérencieux envers le Saint-Père, qu'en gardant le silence ? Nous désirons tous exprimer une piété filiale envers nos bergers, et surtout le berger suprême de tout le troupeau, le Vicaire du Christ. Cela se fait d'abord en priant pour l'Église et pour le Saint-Père, mais aussi en avertissant les autres catholiques qui, autrement, pourraient être la proie de cette tromperie. Si cette tromperie n'avait pas de graves conséquences, peut-être que la prière silencieuse seule serait la meilleure, mais cette supercherie vise très explicitement la plus grave des conséquences : l'abolition de la Tradition. Et ainsi, avec une vraie piété filiale, nous pourrions tous crier : S'il vous plaît, Saint-Père, réveillez-vous ! Ouvrez vos yeux et voyez que Satan, avec un ricanement sarcastique, se moque cruellement de vous et de vos enfants! Pour le salut de nos âmes et de la vôtre, soyez un vrai Gardien, non un Traître, de la Tradition Sacrée!
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