26 septembre, 2020

Les confinements face au COVID-19 sont des “moyens extraordinaires” qui ne s'imposent pas, affirme Mgr Thomas Paprocki

Mgr Thomas Paprocki, évêque de Springfield dans l’Illinois, vient de publier une analyse philosophique des confinements liés au coronavirus, affirmant qu’il n’existe pas « d’obligation morale de fermer notre société, d’obliger les gens à rester chez eux, de mettre les employés au chômage, d’envoyer les entreprises à la faillite, de mettre en péril la chaîne d’approvisionnement alimentaire et c-d’empêcher les fidèles d’aller à l’église ».

Son raisonnement repose sur la distinction entre les moyens extraordinaires et les moyens ordinaires de sauver les vies humaines.

« S'il est vrai que certaines personnes peuvent volontairement adopter des moyens [extraordinaires], seuls les moyens ordinaires qui ne font pas peser une charge indue sont moralement requis pour préserver la vie, tant de la part des individus que de la société dans son ensemble », a-t-il souligné dans son essai publié dans la livraison de septembre d’Ethics & Medics.

Ce faisant Mgr Paprocki a appliqué les principes moraux couramment utilisés pour la prise de décision clinique vis à vis d’individus à la société dans son ensemble.

« Premièrement, s’il est vrai que nous reconnaissons que notre vie humaine est l’un des plus grands dons qui soit, elle ne constitue pas un impératif moral absolu ; elle est en réalité seconde par rapport à la vie éternelle de notre âme immortelle », écrit-il. Si la vie doit être traitée « avec respect et révérence », il existe des biens supérieurs, comme on peut le voir dans « le martyre ou la tentative de sauver la vie d’autrui ».

« Deuxièmement, en prenant acte de ce que notre vie humaine est passagère, il existe a des circonstances où il est juste de refuser des traitements médicaux parce qu’ils peuvent être considérés comme extraordinaires par rapport à une situation donnée », poursuit Mgr Paprocki, invoquant à titre d’exemple les dépenses liées à un traitement : « Décider de renoncer à de tels traitements n’est en aucun cas un refus de la vie, mais plutôt la reconnaissance du fait que la vie-elle-même passe. »

« Troisièmement, les professionnels de la santé travaillent avec ceux ont une compétence d’autorité vis-à-vis d’un tiers – dans certains cas, il s’agit de membres de la famille disposant d’une procuration médicale à l’égard d’une personne incapable de prendre une décision elle-même – afin de prendre des décisions prudentes concernant les traitements à utiliser ou à refuser », poursuit-il.

Il rappelle enfin le principe selon lequel « la science médicale et les responsables gouvernementaux sont appelés à agir de manière à protéger la santé de notre population ».

S’intéressant à la société américaine dans son ensemble, Mgr Paprocki fait remarquer : « Si nous avions l’obligation morale d’utiliser tous les moyens possibles, même extraordinaires, pour préserver la vie, alors nous ne devrions même pas monter dans nos voitures, à cause du risque d’accident mortel, étant donné que plus de trente-cinq mille personnes meurent chaque année dans des accidents de voiture dans tout le pays depuis 1951. »

Au lieu d’interdire purement et simplement la circulation automobile, la société a mis en place certains dispositifs de sécurité pour réduire les risques liés aux accidents : il s’agit notamment des ceintures de sécurité et des airbags.

« De même, face à une pandémie, l’obligation morale de fermer notre société, d’obliger les gens à rester chez eux, de mettre les employés au chômage, d’envoyer les entreprises à la faillite, d’altérer la chaîne d’approvisionnement alimentaire et d’empêcher les fidèles d’aller à l’église nous incombe-t-elle ? », a demandé Mgr Paprocki.

« Je répondrais “non” », écrit-il.

« Cela reviendrait à imposer une contrainte excessive, des moyens extraordinaires », a-t-il expliqué. 
Il n’a pas abordé, cependant, la question de savoir si les citoyens peuvent refuser de se conformer aux moyens extraordinaires.

Mais il estime que « la Cour suprême des États-Unis s’est trompée » lorsqu’elle a décidé que le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom pouvait appliquer l’ordonnance « qui discriminait à l’égard des lieux de culte en imposant des restrictions numériques aux rassemblements publics ».

« La santé physique est importante, mais le plus grand bien est la vie éternelle », souligne Mgr Paprocki dans sa conclusion : « Le libre exercice de la religion et l’accès aux moyens de salut établis par le Christ à travers l’Église doivent avoir la priorité dans l’ordre moral et juridique ».

Et de faire référence à l’Évangile de Matthieu, où le Christ affirme : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. »


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