Le cardinal Müller débarqué : qui a eu sa peau ?
« La controverse à propos du rôle du cardinal Müller à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la foi s'est focalisée sur l'interprétation d'Amoris laetitia. “America” a appris que nombre de cardinaux ont demandé à François d'écarter le cardinal Müller de ce poste parce qu'il avait, à plusieurs reprises, publiquement manifesté son désaccord par rapport aux positions du pape, ou s'en était distancé, et qu'ils pensaient que cela portait atteinte à l'office et au magistère pontificaux. »
America note par exemple que le cardinal Müller, dans un entretien avec Raymond Arroyo diffusé le 12 mai dernier sur la chaîne catholique américaine EWTN, avait répété son « argument » selon lequel Amoris laetitia n'ouvre pas la porte à la réception de la communion par les catholiques divorcés et « remariés », peu après que les conférences épiscopales d'Allemagne, d'Argentine et de Malte eurent publié des directives autorisant cette réception dans certaines situations.
« Il n'est pas bon que les conférences épiscopales fassent des interprétations officielles du pape. Ce n'est pas catholique. Nous avons ce document du pape, et il doit être lu dans le contexte de la tradition catholique dans son ensemble », avait dit le cardinal Müller.
Pour les jésuites américains, c'est bien cette attitude qui est à l'origine du limogeage attendu du cardinal Müller, dont la nomination comme cardinal patron de l'Ordre au Saint-Sépulchre est pressentie par certaines sources. En attendant d'être mis au placard, comme le cardinal Burke qui n'a plus rien à dire à l'Ordre de Malte, en voie de modernisation accélérée ?
Notons que l'un des éditorialistes les plus en vue d'America Magazine, le P. James Martin S.J., a été récemment nommé consulteur de la Salle de presse du Vatican. Il est l'auteur d'un livre sur le rapprochement de la communauté LGBT avec l'Eglise sous le titre Building a Bridge (« Construire un pont » – ne précisons pas ce que cela signifie en argot gay).
Le cardinal Müller a soutenu le droit des quatre cardinaux – Brandmüller, Burke, Caffarra, Meisner – d'exposer leurs Dubia au pape mais en affirmant qu'il n'était pas favorable au fait d'avoir rendu la démarche publique, position qu'il a adoptée selon certains pour ne pas compromettre sa position à un poste-clef pour la défense de la foi, du dogme et de la doctrine ; il s'est toujours appliqué à déclarer qu'Amoris laetitia pouvait et devait être interprété de manière traditionnelle.
Cette attitude, quelle qu'en soit la raison, n'a donc pas suffi à empêcher le limogeage d'un cardinal encore relativement jeune – à 69 ans, il est à 6 ans de l'âge à partir duquel les évêques peuvent partir ou être mis à la retraite – et la question est désormais de savoir : 1. si cela a valu la peine ; 2. par qui il sera remplacé.
Les plus pessimistes envisagent la nomination de l'archevêque Victor Fernandez, un Argentin proche du pape, auteur d'un livre à la gloire du baiser (Gueris-moi avec ta bouche), probable collaborateur pour la rédaction d'Amoris laetitia et auteur du premier jet des directives argentines sur son interprétation.
Le site OnePeterFive note que selon le quotidien argentin Clarin, premier à annoncer le débarquement du cardinal Müller, ce départ « ouvrirait la voie du renouveau de la dernière phase du pontificat de Bergoglio, qui aura 81 ans en décembre prochain. Le passionnant article de Steve Skojec sur 1P5 (en anglais) est à lire ici.
1 commentaire:
Plier ou être plier !
Tel est le destin de ceux qui osent dire tout haut ce qui ne va pas dans la curie.
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