25 mars, 2017
« Europe, ton soleil
revient. » Je viens de regarder la vidéo mise en ligne par l’Institut
Iliade. Elle laisse un goût amer, celui d’une pensée renfermée sur la matière,
sacralisant la jeunesse et la race, fermée à la grâce.
Oui, j’aime l’Europe, mais
l’Europe dont les racines les plus profondes plongent dans la vérité de la foi
chrétienne, et qui ont façonné son identité. Je ne crois pas au « sol
invictus », le soleil invaincu qu’on adore comme un dieu. La lumière de
l’Europe, la lumière du monde, c’est le Christ.
J’aime l’Europe des nations,
« prunelles de nos yeux » dont la culture est d’autant plus belle
parce qu’elle a reçu l’infusion du christianisme. Je sais qu’elle peut et
qu’elle doit se défendre, que son identité, ses traditions, sa culture sont des
bien précieux. Mais cela ne suffit pas.
Dans mon Europe il y a de beaux
jeunes gens et de superbes jeunes filles, comme dans la video qui glorifie leur
marche vers le feu communautaire. Mais pas seulement.
Mon Europe est celle des vieux et
des jeunes, des moches et des jolis, des malades et des bien-portants, des
trisomiques comme des génies. Des femmes et des hommes ordinaires riches d’un
passé commun – et qui souvent ne le savent plus – mais formés vaille que vaille
à l’idée qu’une civilisation se juge à la protection qu’elle apporte au plus
faible, au plus fragile, au plus petit. Elle l’oublie ? Oui ! Mais la
volonté de puissance la fait sombrer encore plus bas.
Mon Europe est celle de l’égale
dignité de tout homme aux yeux de Dieu, dignité qui lui vient de son âme
immortelle, de son appel à devenir fils de Dieu et à jouir avec Lui de la vie
éternelle.
Mon Europe est celle qui a pris le
large pour annoncer cet Evangile jusqu’aux confins de la terre, parce que cette
vérité est universelle et vaut pour chaque être humain, qu’il vive dans la
forêt nordique ou les steppes d’Asie, dans le désert du Sahara ou dans les
montagnes d’Amérique latine, à Jérusalem, Athènes ou Rome.
Mon Europe s’est lancée à la
conquête du monde mais elle a aussi soigné, nourri, aidé, converti. Elle a arraché
le monde à son paganisme qui idolâtre des dieux d’argile – quand il ne sacrifie
pas des pauvres gens pour faire revenir le soleil. Elle a révélé la valeur de
la personne, qui lui vient non de sa communauté ou d’une culture partagée, mais
de son caractère unique, irremplaçable, corps et âme capables de Dieu et
appelés au salut individuel.
Mon Europe connaît la valeur et le
sens de la souffrance offerte, la grandeur de la faiblesse acceptée et de
l’obéissance à la loi de Dieu ; elle connaît la lumière de la charité et
de la compassion.
Mon Europe n’idolâtre pas la
jeunesse et la force, elle est à la recherche passionnée de la Vérité. Et
lorsqu’elle la trouve, ou la retrouve, elle se met à genoux, et adore – comme
les bergers à Bethléem.
Dans mon Europe, la plus belle des
rencontres communautaires n’est pas la convergence vers un feu de camp scout
quelque part dans une clairière, dans l’attente du soleil. Elle est au pied de
l’autel, dans la plus magnifique des cathédrales ou la plus pauvre des
chapelles, voire dans la clandestinité d’une prison totalitaire, pour adorer le
Christ crucifié en son sacrifice renouvelé par les mains du prêtre, pour
commémorer sa résurrection qui nous a ouvert le ciel.
Qui a versé jusqu’à la dernière
goutte de son Précieux Sang pour moi, pour vous, pour les enfants à naître et
pour les rois, les braves gens et ceux qui se croient de la race des seigneurs,
pour les Blancs, les Noirs, les Jaunes, les Latinos et les Maghrébins,
rachetant chaque faute à un prix infini, ouvrant la porte à la seule fraternité
universelle qui vaille.
Dans mon Europe, la prière de la
vieille petite Noire qui récite pieusement son chapelet à la rue du Bac fait,
je le crois, davantage pour la paix et la justice que toute œuvre qui prétend
s’accomplir sans ou contre le Christ. Dans mon Europe, tristement submergée par
ses ennemis, les sans Dieu comme les adorateurs de faux dieux, la réponse ne
viendra pas du fond des forêts mais de l’eau du baptême. Celui qui fait de l’athée
d’hier – ou du païen, ou du musulman converti… – mon ami et mon frère.
Mon Europe ne vénère pas Venner,
et son suicide sacrilège – là-même où le Christ continue de se livrer pour les
pécheurs – glorifié toujours comme un héros et un exemple par l’Institut
Iliade.
Mon Europe a pour exemple, pour
protectrice, pour mère, une petite jeune fille juive de Nazareth dont nous
célébrons aujourd’hui le « oui » à Dieu, sa décision libre et aimante
d’être son humble servante, prête à accueillir le Verbe de Dieu comme elle
avait médité sa Parole dans l’Ecriture Sainte. La Vierge immaculée, dont le
chaste sein enveloppa Celui que l’univers ne peut contenir.
Le soleil qui nous réchauffe et
nous vivifie n’est pas un but, c’est une image, une pâle image de la puissance
et de la bonté du Créateur.
Et les soleils, il y en a des
milliards de milliards. Dans notre beau Cosmos, ils sont comme les plus simples
des fleurs des champs – autant d’ornements de la demeure offerte par
Dieu-Trinité à son humble créature. Offerte en premier lieu à sa Fille, sa
Mère, son Epouse, comme cadeau de noces lui disant un peu de la beauté du ciel.
C’est Marie, reine de l’Univers,
couronnée d’étoiles, victorieuse de tout orgueil parce qu’elle écoute la parole
de Dieu, et la garde !
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5 commentaires:
Comment ne pas vous remercier, chère Jeanne Smits, pour ces lignes magnifiques où respire tout autant la lucidité de votre jugement et la profondeur de votre foi ? On parle beaucoup ces temps-ci des "catholiques identitaires", et ce texte me semble jusqu'ici la plus belle et la plus forte contribution à ce débat. Quant aux dernières lignes, elles pourraient inspirer bien des prêtres pour une homélie simple et directe en cette fête de l'Annonciation ! Merci encore à vous et à tous ceux qui feront connaître cette charte des chrétiens d'Europe.
Ce texte aurait pu être signé de KozToujours.
Bien que je sois d'accord avec vous sur le fond, vous semblez tout de même flirter avec un certain fidéisme qui, au nom d'une foi "pure", relativise tout ce qui n'est pas objectivement "de foi". C'est à mon avis contre-productif. D'autant plus que ces groupes sont assez marginaux.
"Tout ce qui est vrai est nôtre" (St Thomas d'Aquin)
Aïe ! KozToujours ?
Blague à part, il ne s'agit pas de relativiser ce qui n'est pas de foi. Mais bien plutôt de pointer la dimension religieuse présente dans cette sorte d'idolâtrie des forêts, qui a forcément des répercussions politiques, tout comme la foi catholique a des répercussions politiques sans pour autant confondre spirituel et temporel. Le discours de la Nouvelle Droite, qui récuse l'héritage chrétien comme débilitant, me paraît certes marginal comme vous dites, mais hélas de plus en plus présent.
"De plus en plus présent" car le discours de l'Église sur certains sujets est inaudible si ce n'est pas complètement déconnecté du "pays réel". Jésus nous commande de ne jeter la pierre à personne si ce n'est à nous-même. Il me semble donc plus juste de pointer du doigt l'idolâtrie ecclésiale du "droit-de-l'hommisme", de "l'immigrationisme" et du "sans-frontiérisme" de la bouche des prélats. C'est à cause de ces discours iréniques que le paganisme "évolaste" de la Nouvelle Droite est, comme vous le dites, "de plus en plus présent". Je préfère combattre les causes plutôt que les conséquences.
Merci d'avoir pris le temps pour me répondre.
Merci pour ce message...
Le plus comique de la situation est que tous ces gens, fiers de leur identité, finissent par discuter paisiblement autour d'un feu de camp....mais en quelle langue ? en anglais ?
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