15 octobre, 2015
Alors
que les Pères synodaux s’apprêtent à examiner, dans quelques jours, la
troisième partie de l’Instrumentum
laboris et notamment son paragraphe 137 sur l’encyclique Humanæ Vitæ, des voix autorisées se sont
levées pour souligner que dans sa rédaction actuelle, ce texte
« défectueux » contient implicitement une « distorsion de
l’enseignement catholique » sur le plan de Dieu sur la procréation
humaine.
Le
Dr David S. Crawford, professeur associé de théologie morale et de loi de la
famille de l’Institut pontifical Jean-Paul II à Washington et le
Dr Stephan Kampowski, professeur d’anthropologie philosophique à l’Institut
pontifical Jean-Paul II à Rome, ont jugé la situation suffisamment grave pour
rendre publique leur analyse et prendre ainsi chacun à témoin de la manière
dont l’enseignement de l’Église sur la contraception est aujourd’hui
frontalement contesté par le biais d’un document soumis à ceux qui sont
précisément chargés de réfléchir au bien de la famille et à la manière de
sauvegarder sa sainteté et son rôle dans la société.
Serviteurs
de l’Église à travers leur travail pour l’Institut Jean-Paul II, on
imagine combien Crawford et Kampowski ont dû prendre au sérieux la situation
pour aller jusqu’à la publication de leur texte. Leur appel s’intitule
« Rappeler l’enseignement d’Humanæ
Vitæ (et de Veritatis Splendor) »,
manière de montrer d’emblée qu’ils dénoncent un oubli grave du Magistère
pérenne de l’Église.
Comme
au lendemain de la parution de l’encyclique de Paul VI sur le contrôle des
naissances, les adversaires de la mise en avant de ses exigences morales mènent
leur attaque par le biais de la primauté de la conscience de chacun : ce
fut le cas de plusieurs conférences épiscopales, notamment en France.
L’article 137 « propose une méthode de discernement moral résolument
non catholique », assurent les deux auteurs.
La
longue liste des ambiguïtés et des insuffisances qu’ils pointent aboutit à une
vision faussée de la norme morale, vue comme trop lourde à supporter, hors
d’atteinte, et surtout comme un simple interdit extérieur qui peut se heurter
au bien de la personne, alors que « Jésus-Christ enseigne les
commandements en tant qu’ils se rapportent à la plénitude de vie qu’il
promet ».
De
fait, le paragraphe 137 de l’Instrumentum
laboris invoque la nécessité de voir les « deux pôles » de la « conscience conçue comme voix de Dieu
qui résonne dans le cœur humain formé à l’écouter » d’une part, et de « l’indication morale objective »
d’autre part « constamment
conjugués ensemble ». Comme s’il y avait une dichotomie. C’est en ce
sens que s’exprime l’Instrumentum laboris,
assurant que lorsque la référence au « pôle objectif » prévaut, « la norme morale est ressentie comme
un poids insupportable, ne répondant pas aux exigences et aux possibilités de
la personne ».
Il
ne s’agit pas seulement d’une fausse conception de la norme morale, mais d’une
négation, voire d’un rejet de la grâce de Dieu et de sa promesse de ne pas
éprouver l’homme au-delà de ses forces.
Crawford
et Kampowski soulignent également combien la définition de la conscience est
faussée lorsqu’on omet – comme le fait l’Instrumentum
laboris – le fait qu’elle « se rapporte à la loi “inscrite dans nos
cœurs” » : « En matière de morale, la “voix” de Dieu ne dit pas
une chose à une personne et une autre à une autre personne, et elle ne parle
jamais contre une norme objective enseignée par l’Église. »
C’est
bien au nom de la vérité objective que ces deux hommes se sont levés, rappelant
simplement le Magistère tel qu’il s’est exprimé non en des temps très
lointains, mais dans l’enseignement de Jean-Paul II. Un enseignement qui
n’expose pas des sortes d’idéaux évangéliques inatteignables par le commun des
mortels mais « rien de moins qu’une interprétation normative de la loi
morale naturelle ».
Le
texte, dense et important, des deux collaborateurs de l’Institut Jean-Paul II
a été publié en septembre par le blog anglophone First Things, et il a reçu le soutien de très nombreux
spécialistes, universitaires et religieux, connus et reconnus dans le domaine
de la bioéthique et de la morale.
Nous
en donnons la liste complète à la suite de cette traduction française que le
Dr Kampowski nous autorise à publier intégralement, et qu’il a aimablement
révisée afin qu’elle reflète le plus exactement possible la pensée des auteurs.
Jeanne
Smits
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