Le cardinal Carlo Caffarra a longuement évoqué l'idéologie du genre, le « mariage » gay et la « glorification de l'homosexualité » qui annonce toujours la fin des civilisations, dans un entretien qu'il a accordé au journal italien Il Tempo à la veille de la marche pour la famille à Rome le 20 juin dernier. Je vous propos ici ma traduction de ce texte important, qui est un appel à ne jamais baisser les armes, quoi qu'il en coûte. – J.S.
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Le cardinal Carlo Caffarra, évêque de Bologne |
Plusieurs réflexions m’ont
traversé l’esprit à l’occasion de la motion votée par le Parlement européen. La
première est celle-ci : c’est la fin. L’Europe est en train de mourir. Et
peut-être même n’a-t-elle aucune envie de vivre, car il n’y a pas de
civilisation qui ait survécu à la glorification de l’homosexualité. Je ne dis
pas : à l’exercice de l’homosexualité. Je parle de la glorification de
l’homosexualité. Et je fais une incise : on pourrait observer qu’aucune
civilisation n’est allée jusqu’à
proclamer le mariage entre personnes de même sexe. En revanche, il faut rappeler
que la glorification est quelque chose de plus que le mariage. Dans divers
peuples l’homosexualité était un acte sacré. De fait, l’adjectif utilisé dans
le Lévitique pour juger la glorification de l’homosexualité à travers le rite
sacré est celui d’« abominable ». Elle avait un caractère sacré dans
les temples et dans les rites païens.
C’est si vrai que les deux seules
réalités civiles, appelons-les ainsi, les deux seuls peuples qui ont résisté
pendant de nombreux millénaires – en ce moment je pense surtout au peuple juif
– ont été ces deux peuples qui ont été les deux seuls à contester
l’homosexualité : le peuple juif et le christianisme. Où sont les
Assyriens ? Où sont les Babyloniens ? Et le peuple juif était une
tribu, il paraissait n’être rien par rapport aux autres réalités politico-religieuses.
Mais la réglementation de l’exercice de la sexualité que nous rencontrons, par
exemple, dans le livre du Lévitique, est devenu un facteur de civilisation
extrêmement important. Voilà ma première pensée : c’est la fin.
Ma deuxième réflexion est purement
de foi. Devant de tels faits je me demande toujours : mais comment est-il
possible que dans l’esprit de l’homme puissent s’obscurcir des évidences aussi
originelles, comment est-ce possible ? Et je suis arrivé à cette
réponse : tout cela est une œuvre diabolique. Littéralement. C’est le
dernier défi que le diable lance au Dieu créateur, en lui disant :
« Je vais te montrer comment je construis une création alternative à la
tienne et tu verras que les hommes diront : on est mieux ainsi. Toi, tu
leur promets la liberté, je leur propose d’être arbitres. Toi, tu leur donnes
l’amour, moi je leur offre des émotions. Tu veux la justice, et moi, l’égalité
parfaite qui annule toute différence.
J’ouvre une parenthèse. Pour quoi
dis-je : « création alternative » ? Parce que si nous
retournons, comme Jésus nous le demande, au Principe, au dessein originel, à la
manière dont Dieu a pensé la création, nous voyons que ce grand édifice qu’est
la création est érigée sur deux colonnes : la relation homme-femme (le
couple) et le travail humain. Nous parlons maintenant de la première colonne,
mais la deuxième aussi est en train de se détruire… Nous sommes, par
conséquent, face à l’intention diabolique de construire une création
alternative, qui défie Dieu dans l’intention de voir l’homme finir par penser
qu’on se trouve mieux dans cette création alternative ?
Troisième réflexion:
« Jusques à quand, Seigneur ? » La réponse qu’il nous donne fait
référence au livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse…
Dans ce livre on raconte que les pieds
de l’autel céleste sont ceux qui sont assassinés par la justice, par les
martyrs qui disent sans cesse : « Jusqu’à quand vas-tu rester sans
venger notre sang ? » (Ap. 6, 9-10). Et cette réponse me vient
spontanément : Jusqu’à quand Seigneur, ne défendras-tu pas ta
création ? Et une nouvelle fois la réponse de l’Apocalypse résonne en
moi : « Il leur fut dit qu’ils attendissent en repos encore un peu de
temps, jusqu’à ce que fût rempli le nombre de ceux qui étant leurs frères et
serviteurs comme eux, devaient aussi bien qu’eux souffrir la mort. »
Quel grand mystère que la patience de Dieu ? Je pense à la blessure de son
Cœur, qui est devenue visible, historique, lorsqu’un soldat a ouvert le côté du
Christ. Parce que de chaque chose, de chaque créature créée, la Bible
dit : « Et Dieu vit que cela était bon. » Pour finir, au sommet
de la création, après la création de l’homme et de la femme, elle dit :
« Et Dieu vit que tout cela était très bon. » La joie du grand
artiste ! Aujourd’hui cette grande œuvre d’art est totalement défigurée.
Et lui, Il est patient et miséricordieux. Et il dit, à celui qui lui demande
« jusques à quand ? », qu’il attende. « Tant que le nombre
des élus ne sera pas atteint. »
Et voici ma dernière réflexion. Un
jour, lorsque j’étais archevêque de Ferrera, j’étais dans un des villages les
plus éloignés du diocèse, dans le delta du Pô. Un lieu qui ressemblait au bout
de la terre, au milieu d’un de ces tortueux méandres que décrit le grand
fleuve, qui avant d’atteindre la mer, va là où il veut. Là j’ai rejoint un
groupe de pêcheurs, des gens qui passent littéralement la plus grande partie de
leur vie en mer. Un de ceux-là m’a posé cette question : « Imaginez
que le monde est un de ces conteneurs cylindriques où nous mettons les poissons
que nous venons de pêcher : eh bien, le monde est une espèce de baril et
nous sommes comme des poissons qui viennent d’être pêchés. Ma question est
celle-ci : le fond de ce baril, comment s’appelle-t-il ? Quel est son
nom ? »
Imaginez-vous ce pêcheur qui pose
la question qui est au principe de n’importe quelle philosophie : comment
s’appelle le fond des choses ? Et moi, alors, étonné par cette question,
je lui ai répondu : « Le fond ne s’appelle pas le hasard ; il se
nomme gratuité et tendresse de Quelqu’un qui nous embrasse tous. » Ces
jours-ci j’ai recommencé à penser à cette question et à la réponse que j’ai
donnée à ce vieux pêcheur je me demande : toute cette volonté de détruire
et de détruire la création a-t-elle assez de force pour pouvoir vaincre à la fin ?
Non. Je pense qu’il y a une force plus puissante qui est l’acte rédempteur du
Christ, Redemptor Hominis Christus,
le Christ rédempteur des hommes. »
Mais j’ai eu une autre réflexion,
suscitée précisément par les pensées de ces derniers jours. Mais moi, en tant
que pasteur, comment puis-je aider mes gens, mon peuple, à garder dans leur
esprit et dans leur conscience morale la vision originelle ? Comment
puis-je empêcher l’obscurcissement des cœurs ? Je pense aux jeunes, à ceux
qui ont encore le courage de se marier, aux enfants. Et alors je pense à ce que
l’on fait normalement dans le monde lorsqu’il faut faire face à une pandémie.
Les organismes publics responsables de la santé des citoyens, que
font-ils ? Ils agissent toujours selon deux lignes directrices. La
première est de soigner, en principe, celui qui est malade et d’essayer de le
sauver. Le deuxième, non moins importante, et même décisive, est d’essayer de
comprendre le pourquoi, les causes de la pandémie pour pouvoir ainsi définir
une stratégie de la victoire.
La pandémie est là, désormais. Et
en tant que pasteur, j’ai la responsabilité de guérir, et d’empêcher que les
gens ne tombent malades. Mais dans le même temps j’ai l’important devoir de
commencer un processus, c’est-à-dire une action d’intervention qui exigera de
la patience, de l’engagement, du temps. Et la lutte sera toujours plus ardue et
cela est tellement certain que je dis parfois à mes prêtres : je suis sûr
que je mourrai dans mon lit, mais je ne le suis pas pour mon successeur. Il mourra
probablement en prison. Par conséquent, nous parlons d’un processus qui sera
long, et qui nous verra aux prises avec un dur combat. En résumé : nous
sommes appelés à faire les deux choses : intervention d’urgence et lutte
de longue durée, stratégie d’urgence et long processus éducatif.
Mais qui seront les acteurs d’une
entreprise qui va requérir du temps et une capacité de sacrifice ? A mon
avis, il y en aura, fondamentalement, deux : les pasteurs de l’Eglise et,
plus concrètement, les évêques. Et les époux chrétiens. Pour moi, ce sont
ceux-ci qui recommenceront à construire les évidences originelles dans le cœur
des hommes.
Les pasteurs de l’Eglise, parce
qu’ils sont là pour ça. Ils ont reçu une consécration dont la fin est celle-ci,
la puissance du Christ est en eux ? « Cela fait deux mille ans que
l’évêque constitue, en Europe, l’un des ganglions vitaux, non seulement de la
vie éternelle, mais de la civilisation » ('G. De Luca). Et une
civilisation, c’est aussi l’humble et magnifique vie quotidienne du peuple
engendrée par l’Evangile que prêche l’évêque. Et ensuite les époux. Parce que
le discours rationnel vient après la perception d’une beauté, d’un bien que tu
vois devant tes yeux, le mariage chrétien.
Et pour ce qui est de
l’intervention d’urgence ? Je dois admettre que j’ai moi-même des
difficultés. Et cela parce qu’il n’est pas rare que l’allié me manque ; le
cœur humain. Je pense à la situation parmi les jeunes. Ils viennent et ils me
demandent : « Pourquoi devons-nous nous engager pour toujours, alors
que nous ne sommes même pas sûrs de continuer à nous aimer, la nuit
venue ? » Eh bien, face à cette question je n’ai qu’une seule
réponse : recueille-toi en toi-même et pense à ton expérience quand tu as
dit à une jeune fille, ou dans le cas d’une jeune fille, à un garçon :
« Je t’aime, je t’aime réellement. Par hasard as-tu pensé en
toi-même, en ton cœur : « Je me donne tout entier à l’autre, mais
seulement pour un quart d’heure ou au plus tard jusqu’à la nuit » ?
Cela ne fait pas partie de l’expérience de l’amour, qui est don. C’est
l’expérience d’un prêt, qui est calcul. Mais si tu parviens à guider la
personne vers cette écoute intérieure (Augustin), tu l’as sauvée. Parce que le
cœur ne trompe pas. L’Eglise a toujours enseigné sa grande thèse dogmatique :
le péché n’a pas radicalement corrompu l’homme. L’homme a été cause de grands
désastres, mais l’image de Dieu est restée. Je vois aujourd’hui que les jeunes
sont toujours moins capables de ce retour à eux-mêmes. C’est le drame même
d’Augustin lorsqu’il avait leur âge.
Et au fond, à la fin, qu’est-ce
qui a ému Augustin ? C’est de voir un évêque, Ambroise, et de voir une
communauté qui chantait avec le cœur plus encore qu’avec les lèvres la beauté
de la création, Deus creator omnium, la très belle hymne d’Ambroise.
Aujourd’hui cela est très difficile avec les jeunes, mais à mon avis c’est une
intervention d’urgence. Il n’y en a pas d’autre. Si nous perdons cet allié
qu’est le cœur humain – le cœur humain est allié de Evangile, parce que le cœur
humain a été créé dans le Christ en correspondance avec le Christ – je disais
que si nous perdons cet allié je ne vois pas d’autre chemin.
Je voudrais ajouter une chose pour
terminer. Plus ma vie a avancé, plus je découvre l’importance qu’ont dans la
vie de l’homme, pour que sa vie soit bonne, les lois civiles. J’ai entendu ce
que disait Héraclite : « Il est nécessaire que le peuple combatte
pour la loi comme pour les murs de la cité. » Plus je vieillissais et plus
je me rendais compte de l’importance de la loi dans la vie d’un peuple.
Aujourd’hui, il semble que l’Etat ait abdiqué de sa tâche législative, qu’il
ait abdiqué de sa dignité, en se réduisant à n’être qu’une bande enregistreuse
des désirs des individus, dont le résultat est la création d’une société d’égoïsmes
opposés, ou de fragiles convergences d’intérêts contraires. Tacite dit :
« Corruptissima re publica, plurimae leges. » Les lois sont
extrêmement nombreuses lorsque l’Etat est corrompu. Quand l’Etat est corrompu,
les lois se multiplient. C’est la situation actuelle.
C’est un cercle vicieux parce
qu’une partie des lois semblent se réduire, précisément, à n’être qu’une bande
enregistreuse de désirs. C’est cela qui rend le social inévitablement
conflictuel, une lutte pour la suprématie du plus puissant sur le plus faible,
c’est-à-dire, la corruption de l’idée même de bien commun, de la chose
publique. Alors on essaie de résoudre les choses avec des lois en oubliant
qu’il n’y aura jamais de lois si parfaites que l’exercice des vertus en
devienne inutile. Il n’y en aura jamais. En cela, à mon avis, nous autres
pasteurs portons une grande responsabilité pour avoir permis le désengagement
culturel des catholiques dans la société. Nous l’avons permis, nous l’avons
même parfois justifié. Quand l’Eglise a-t-elle fait cela ? Les grands
pasteurs de l’Eglise ont-ils jamais fait cela ?
[Interrogé sur la marche pour la
famille qui allait avoir lieu à Rome le 20 juin, le cardinal a
répondu :]
Je n’ai aucune hésitation à dire
que c’est une manifestation positive parce que, comme je le disais, nous ne
pouvons pas nous taire. Malheur à nous si le Seigneur devait nous reprendre avec
les paroles du prophète : « Chiens qui n’avez pas aboyé ». Nous le savons,
dans les systèmes démocratiques la délibération politique est fondée sur le
système de la majorité. Et cela me paraît bien, car les têtes, il vaut mieux
les compter que de les couper. Mais devant des faits comme ceux-ci, il n’y a
pas de majorité qui puisse me faire taire. Dans le cas contraire, je serais un
chien qui n’aboie pas.
Ce qui me m’encourage d’abord, et
que j’ai beaucoup apprécié, c’est que cette journée ait pour objectif la
défense des enfants. Le pape François a dit que les enfants ne peuvent être
traités comme des cobayes. On fait des expériences pseudo-pédagogiques sur les
enfants. Mais avons-nous le droit de faire cela ? La chose la plus
terrible, le logos le plus sévère prononcé par Jésus avait à voir avec la
défense des enfants. Par conséquent, à mon avis, l’initiative romaine est une
chose qu’il fallait obligatoirement faire. Le lendemain, le Parlement votera
peut-être une loi qui reconnaisse les unions entre personnes de même sexe.
Qu’il le fasse, mais il doit savoir que c’est quelque chose de profondément
injuste. Et c’est cela qu’il nous faut dire cet après-midi à Rome. Lorsque le
Seigneur dit au prophète Ezéchiel : « Toi, recommence à
appeler », il semble que le prophète réponde : « Oui, mais ils
ne m’écoutent pas. » Toi, recommence à appeler et celui que tu auras
appelé sera de nouveau responsable, et pas toi, car toi, tu as recommencé à
l’appeler. Mais si tu ne recommençais pas à l’appeler, ce serait toi le
responsable.
Si nous devions nous taire face à
une telle chose, nous serions coresponsables de la grave injustice envers les
enfants, qui ont été transformés de sujets de droit qu’ils étaient, comme
chaque personne humaine, en objets de désir des adultes. Nous sommes revenus au
paganisme, où l’enfant n’avait aucun droit. Il était seulement un objet
« à la disposition de ». Et donc, je le répète, à mon avis c’est une
initiative qu’il faut soutenir, on ne peut pas se taire.
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2 commentaires:
allez ! VOUS VOUDREZ BIEN NOUS PARLEZ DE SAINT SERGE ET SAINT BACCHUS PAR EXEMPLE ? L'EUROPE EST UNE VIEILLE DAME ENDORMIE DANS SES CERTITUDES DATANT DE L'ÂGE DE PIERRE. VOUS NE VOYEZ MÊME PAS QUE C'EST VOUS QUI ÊTES EN TRAIN DE DÉTRUIRE L'ÉGLISE ET NON LES HOMOSEXUELS. LA CULTURE DE LA MORT C'EST VOUS VOUS QUI LA PORTEZ EN REFUSANT DE VOIR QUE DIEU A SU FAIRE ÉVOLUER SES ENFANTS VERS L'OUVERTURE D'ESPRITS, L'AMOUR ET L'ÉGALITÉ POUR TOUS ET TOUTES. MGR CAFFARA VOUS N'AVEZ LE SEIGNEUR QUE SUR LES LÈVRES ET NON DANS LE CŒUR. QUE DIEU VOUS AI DANS SON IMMENSE MISÉRICORDE ( UN MOT QUI VOUS EST ÉTRANGER DU MOINS DANS SON ACCEPTION).
Cher Anonyme, vous confondez "ouverture d'esprit" et "ouverture des jambes", vous parlez " d'âge de pierre" que vous opposez implicitement "au progrès" mais nous chrétiens, nous nous plaçons du point du vue -non des dernières modes mortifères- mais de l'Eternité.
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