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Aimée Eyvadazzeh |
On apprenait à la mi-octobre que
Facebook et Apple ont décidé de financer la congélation d’ovules pour leurs
employées pour leur permettre de mieux « gérer » leur carrière. A
Silicon Valley, une « experte de la fertilité » a lancé
des réunions en soirée, autour d’un verre de vin et de petits fours salés, pour
inciter les femmes à franchir le pas. On appelle cela des « egg-freezing
parties », ou soirées « congélation d’ovules », où – à la
manière d’une réunion Tupperware ou Flexipan – ces dames peuvent obtenir les
renseignements nécessaires et poser toutes les questions qui leur viendraient à
l’esprit.
Cette semaine, le Dr Aimée
Eyvazzadeh a programmé trois soirées spécialement organisées pour les employées
des compagnies high-tech qui travaillent toute la journée et sortent tard. Elle
surfe ainsi sur la vague créée par les employeurs qui désormais incluent la
technique dans leur offre d’assurance santé : pour laisser le choix aux
femmes, comme ils disent, ou plutôt pour s’assurer qu’elles ne quittent pas
leur poste pour aller bêtement procréer à l’heure où la nature leur donne une
fécondité (et une énergie) maximales.
La « murmureuse des
ovules » – c’est ainsi qu’elle se désigne – propose une remise
de 10 % sur la procédure à toute femme qui participe à une telle réunion. A
15.000 $ l’opération, cela fait une jolie réduction. Quant aux femmes qui
acceptent d’organiser une soirée à domicile, elles peuvent obtenir une remise
encore plus importante : « significative ».
« C’est la version 2014 de la
réunion Tupperware. J’ai pensé que ce serait une manière amusante de promouvoir
la sensibilisation sur la fertilité avant qu’il ne soit trop tard »,
assure le Dr Eyvazzadeh, qui a organisé sa première soirée lundi à Piperade,
San Francisco. Elle a bien insisté sur le fait qu’il était nécessaire de subir
une intervention chirurgicale. Et que la fertilité commence à décliner dès 25
ans. Mais cela revient deux fois moins cher que de faire appel à une
donneuse !
De quoi convaincre une jeune femme
de 22 ans, scientifique dans une entreprise de biotechnologie, qui envisage de
se soumettre à la procédure. On suppose en effet que les présentations ne
s’attardent pas sur l’inconfort (litote…) du processus de stimulation
hormonale.
D’autres médecins spécialistes de
la fertilité humaine sont d’ailleurs plus prudents : avoir des œufs
congelés n’est pas une garantie de grossesse future car chaque ovule récupéré
n’a qu’une chance sur 20 d’aboutir à une naissance.
En attendant la méthode fonctionne
– pour la vente : le marketing par réunion, où un produit est vanté par
des proches, est bien plus efficace que la publicité générale. Tupperware n’est
pas aussi démodé que les esprits forts voudraient le faire croire, et chez des
personnes qui passent leur vie derrière des claviers d’ordinateur, le fait de
discuter en chair et en os est au contraire vécu comme « innovant ».
En même temps, l’approche est dans
l’air. Les entreprises de la Silicon Valley sont en pointe dans l’ingénierie
sociale : à la manière d’une Najat Vallaud-Belkacem (à moins que ce ne
soit l’inverse) ils font pression pour rendre hommes et femmes
interchangeables. Sans doute estiment-elles la chose profitable pour le
commerce et les affaires. Facebook propose déjà un bonus de 4.000 $ pour chaque
enfant né et adopté, quatre mois de rémunération de congé… paternel et une
subvention pour la mise en crèche.
Ce n’est plus Big Brother, mais
Big Father…
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