18 juillet, 2013
Répondant aux questions de Radio Vatican, Mgr Pierre d'Ornellas, évêque de Rennes chargé des questions de bioéthique par la Conférence des évêques de France, a commenté l'adoption de la proposition de loi autorisant par principe la recherche sur l'embryon humain. En voici une assez complète retranscription. Je commente par ailleurs la loi dans Présent de ce jour (disponible pour les abonnés dès le début de l'après-midi ici). – J.S.
• Il s’agit d’un vote de partis, ce n’est pas un vote qui
manifeste une grande conscience individuelle des législateurs. C’est un vote
qui a lieu après une absence de débat caractérisée. Du coup, ce vote est plutôt
indicatif d’un climat de parti contre parti, plutôt qu’indicatif d’une
réflexion à hauteur des enjeux. (…)
• L’enjeu est considérable, il est celui de l’embryon
humain, de celui qui partage notre humanité. Tous ceux qui ont voté ont
commencé à exister dans la condition embryonnaire ; je ne sais pas s’ils
avaient conscience de cela. Ce vote est très surprenant, très déstabilisant, et
je crains qu’il crée plus de trouble dans les consciences de nos concitoyens
qu’il ne résout de problèmes.
• Je ne sais pas si (le gouvernement) a eu peur du débat, le
minimum qu’on puisse dire, c’est qu’il a fait preuve d’aveuglement, c’est-à-dire :
ne pas voir que le débat est nécessaire et que ce débat est un débat de
société, c’est vraiment un aveuglement étonnant, puisque le législateur de 2011
a précisé dans la loi que tout changement concernant la bioéthique devait être
précédé d’un débat sous forme d’états généraux. Que le gouvernement ne veuille
pas ce débat de société par la société, ne l’organise pas, c’est au moins un
aveuglement, au pire une peur. Entre les deux, je ne sais pas.
• Parler de l’embryon humain, cela touche au plus profond
des consciences humaines. Il suffit d’être sur le terrain et de rencontrer des
parents qui vivent une PMA : c’est une évidence pour eux que cette réalité
fécondée, c’est leur enfant.
• Je suis très triste de voir que le gouvernement et ce
pseudo débat à l’Assemblée fassent fi des consciences humaines. C’est comme
s’il y avait quelque part une espèce de mépris pour ceux qui ont une conscience humaine dans la
société et qui sont sensibles à cette question du début de la vie dans le sein
d’une femme.
• Cette proposition de loi parle de la recherche
fondamentale, c’est nouveau. Auparavant, on était plutôt dans le registre de la
recherche appliquée. Là, il y a une très grande différence. Deuxièmement,
l’encadrement de l’autorisation est beaucoup plus flou que les conditions de
dérogation au principe d’interdiction. Et troisièmement, s’il y avait avant
avec le principe d’interdiction des dérogations, il y avait toujours le pouvoir
du ministre, c’est-à-dire le pouvoir politique d’arrêter la recherche, de l’interdire.
Ici, avec cette proposition de loi, c’est une recherche
fondamentale avec des contours extrêmement flous pour l’encadrement (…), et
c’est totalement livré à l’Agence de la biomédecine. C’est-à-dire que le
politique se démet de sa responsabilité et livre tout à des techniciens. Ce
sont des techniciens qui vont donner l’autorisation pour s’occuper de la
personne humaine potentielle, comme dit le Comité consultatif national
d’ethique, de l’être humain, de celui qui doit être respecté comme une personne
humaine, qui a la dignité d’une personne humaine. Il me semble que c’est comme
si nous assistions à la naissance de l’Homo
technicus qui prend la place de l’Homo
sapiens.
— Que dire à ceux qui
affirment que la recherche sur l’embryon va servir la médecine du futur ?
• Cela fait quand même des dizaines d’années qu’on entend
ça. Et ça fait quand même des dizaines d’années qu’on attend le résultat,
puisqu’il y a des Etats qui autorisent la recherche sur les embryons humains et
les cellules souches embryonnaires, mais on attend toujours les résultats. Par
contre je constate que tout récemment, en Italie, deux équipes ont réussi une
thérapie sur six enfants alors que la recherche sur l’embryon humain et les
cellules souches embryonnaires est interdite. (…) On ne parle pas
scientifiquement à partir de promesses. Ce qui est scientifique c’est de voir
les résultats. Or je suis frappé de voir les résultats qui sont obtenus à
partir des cellules souches adultes, et ces résultats sont de plus en plus
nombreux.
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1 commentaire:
A t-on entendu les évêques de France s'indigner AVANT le vote de la loi ???
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