17 juin, 2012

Sommet international sur le planning familial à Londres en juillet : des milliards pour la contraception

Organisé par le département du Développement international du gouvernement britannique (DFID) et la Fondation Bill & Melinda Gates, un sommet international de très grande envergure sur le planning familial se tiendra le 11 juillet prochain à Londres, avec l’objectif d’injecter plusieurs milliards de dollars dans la diffusion mondiale de la contraception et de promouvoir une politique « globale » du planning familial. Le directeur exécutif du Fonds des nations unies pour la population (FNUAP), Babatunde Osotimehin, a décrit les propositions qui seront avancées lors du sommet comme « transformationnelles », en « changeant le cours de la vie des femmes ».

Au moins c’est clair : il s’agit de transformer la société au niveau mondial. De la révolutionner.
La première ambition du sommet est de fournir des contraceptifs, et notamment des contraceptifs réversibles de longue durée, à 120 millions de femmes dans le monde d’ici à 2020, pour un coût estimé de 4 milliards de dollars. Une urgence, estiment les organisateurs du sommet, alors que 250 millions de femmes à travers le monde n’ont pas accès à l’information et au contraceptifs dont elles ont besoin pour planifier leur famille. Il s’agit de donner une nouvelle impulsion à des programmes dont le financement international est en baisse depuis une quinzaine d’années.

Les 120 millions de femmes visées vivent dans 69 pays parmi les plus pauves du monde, dont les budgets santé seront mis à contribution pour couvrir une grande partie des frais, le reste devant être donné par la Fondation Gates, DFID et d’autres pays. Sachant que seuls 20 à 25 pays seront représentés à Londres on comprend que cette « politique globale » ne relève pas précisément de la politique démocratique…

Dans le document de présentation du sommet rendu public en avril dernier, les organisateurs soulignent que l’événement aboutira à un engagement sans précédent sur les plans de la politique et des ressources, au nom de la lutte contre la mortalité maternelle et infantile puisque les femmes qui ne donnent pas le jour et les enfants non conçus ne meurent pas des complications de la grossesse ni de maladies précoces… Fallait y penser.

Si les sommes à débloquer sont colossales on peut en attendre un joli retour sur investissements, ajoute le document préparatoire :

« A mesure que les taux de fécondité chutent, la pression se détend sur les services de santé, d’éduction, de l’eau, de l’assainissement ainsi que les services sociaux, et devient moins forte sur les ressources naturelles rares dans les pays concernés. On estime que chaque $ US dépensé en services de planning familial a un rendement estimé d’entre 2 et 6 $ en économies de dépenses futures dans le secteur social en Afrique sub-saharienne, un rendement qui peut atteindre 13 $ en Asie du Sud. »

On notera la prudence du document et des présentations du sommet qui n’évoquent à aucun moment la question de l’avortement, si ce n’est pour dire que la promotion de la contraception doit contribuer à faire baisser le nombre des avortements dans des pays où 40 % des grossesses ne sont pas « désirées ».
Plusieurs ONG, dont Amnesty International, font circuler une lettre ouverte aux organisateurs exigeant qu’en aucun cas les droits des femmes ne soient méconnus à la faveur de programmes de contraception coercitive, plaidant pour une information de qualité afin que les femmes puissent faire leurs propres choix contraceptifs en pleine connaissance de cause. En même temps ces ONG réclament que toute la gamme des contraceptifs soit offerte aux femmes partout dans le monde.

Silence sur l’avortement – alors que de nombreux participants annoncés au sommet de Londres sont partisans, voire fournisseurs d’avortements –, exigence du respect de la liberté des femmes, rejet de la notion de « contrôle de la population », le sommet a visiblement choisi une image « soft ». On oublie que la contraception, selon ses variantes, et sans même aborder les questions morales et sociétales qu’elle soulève, est en elle-même une violence faite au corps des femmes, souvent responsable d’avortements très précoces, et dangereuse pour la nature lorsqu’elle aboutit à répandre des hormones sexuelles dans les cours d’eau.

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