08 novembre, 2010

Les musulmans en Espagne critiquent les discours du Pape

Le président de la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques, la FEERI, Mohamed Ahmed Ali a déclaré qu'il ne partageait pas le point de vue de Benoît XVI sur le développement d'un « laïcisme fort et agressif », puisqu'il n'y a pas de laïcisme, selon lui, en Espagne, « puisque l'Eglise catholique continue de jouir de privilèges ». Ce qui existe, assure-t-il, c'est un « éloignement » des citoyens par rapport au fait religieux, « plus accentué par rapport au catholicisme », « à ne pas confondre avec le laïcisme », rapporte Infocatolica.

Riay Tatary, de l'Union des confessions islamiques en Espagne (UCIE), « on ne note rien de tel au sein de la communauté musulmane, peut-être en raison de la manière d'être des musulmans », tout en appelant de ses vœux le laïcisme comme « manière de gouverner, spécialement en Espagne » parce qu'il implique « la neutralité de l'Etat ».

On comprend le point de vue – puisqu'il est supposé assurer de meilleurs droits pour l'islam dont la capacité à reconnaître les distinctions entre la sphère laïque et la sphère religieuse reste à démontrer.

Mohamed Ahmed Ali a estimé, dans une interview à EuropaPress, que l'on avait entouré la visite du Pape d'une « mise en scène excessive » et qu'il aurait convenu de l'organiser d'une « manière plus normale, comme la visite d'un chef d'Etat, même si, pour les chrétiens, il s'agit d'un chef spirituel ». « Il faut prendre en compte l'argent que l'on dépense pour une visite de ce style, et en un moment aussi délicat pour l'économie espagnole, cela nous semble être du gaspillage ».

Pour ce qui est des paroles fortes – et même remarquablement fortes, vu le contexte profondément hostile imposé par le gouvernement Zapatero –  sur le respect de la vie et du mariage naturel, Mohamed Ahmed Ali a reconnu qu'il partage le « fond » de ce message mais que son organisation n'entend pas s'engager sur ce type de questions puisqu'« il s'agit d'une décision majoritaire du Parlement et il faut la respecter, de même que les autres lois approuvées, mêmes celles qui vont contre l'islam ».

« Ce qu'il a dit comme chrétien, ce sont des choses sur lesquelles peut-être les musulmans sont d'accord avec lui, mais c'est une question sur laquelle nous ne voulons pas peser. Nous sommes dans un pays démocratique où la majorité est d'accord », a-t-il ajouté.

Avec des interlocuteurs comme cela, le laïcisme peut en effet s'entendre à merveille. Et les chrétiens passer pour des intégristes antidémocratiques…

Voilà en tout cas un éclairage intéressant sur les relations apparemment contre nature entre laïcisme et islam dans nos vieux pays d'Europe où les musulmans bénéficient du soutien étrange de ceux qui parlent le plus fort de la liberté et de la laïcité. L'action des chrétiens en politique peut ainsi être relégué au domaine de l'ingérence du religieux dans la politique.

Y compris pour les questions de loi naturelle et de respect du droit de la vie, du mariage, etc, qui se trouvent ainsi cataloguées comme « confessionnelles ».

Par rapport à la foi musulmane, il s'agit de déclarations parfaitement hypocrites, puisque dans les pays où l'islam, majoritaire, peut imposer sa loi, c'est la charia qui sert de mesure, et les « laïques » n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.

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