L'Eglise s'oppose à la fécondation “in vitro” au Costa Rica
Voici une nouvelle qui attendait d'être traitée et qui a été éclipsée par l'affaire des évêques polonais annonçant l'excommunication automatique de quiconque pratique la fécondation in vitro, mais aussi de tout député catholique qui voterait la légalisation du procédé. C'est au Costa Rica que l'Eglise catholique s'est mobilisée contre une autre tentative d'imposer la fécondation in vitro (FIV), cette fois par le biais de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH, pendant de la Cour européenne des droits de l'homme dans cette région du monde).
La Cour a été saisie des demandes de plusieurs femmes exigeant la possibilité de bénéficier de cette technique dans leur pays d'origine et de résidence, le Costa Rica.
Le 8 octobre dernier, le président de la Conférence épiscopale du Costa Rica (CECR), Mgr Hugo Barrantes Ureña, a solennellement demandé au gouvernement de Laura Chinchilla de ne pas céder aux injonctions de la Cour qui a demandé au Costa Rica d'abroger la loi d'interdiction de la technique en vigueur depuis 2001.
Mgr Barrantes Ureño a souligné que, bien que la FIV« soit souvent présentée à l'opinion publique » comme la « dernière chance » pour des femmes souffrant de stérilité, cela masque le fait que la technique suppose que « des êtres humains, au stade le plus faible et sans défense de leur existence, soient sélectionnés, abandonnés, assassinés ou utilisés comme matériau biologique ».
La plus haute autorité constitutionnelle du pays, rappelle le prélat, s'est fondée sur cette réalité – les embryons sont conçus et manipulés avec la certitude que la plupart d'entre eux sont destinés à mourir, « bien plus qu'au cours du processus naturel » – pour confirmer l'interdiction de la pratique, en se référant au demeurant à la Convention américaine des droits de l'homme qui affirme le devoir de protéger la vie humaine dès la conception, selon la Sala Constitucional du Costa Rica. Autoriser la FIV, souligne Mgr Barrantes, contreviendrait au « principe de l'intérêt supérieur de l'enfant » – fût-il à naître – qui donne la priorité à celui-ci en cas de conflit avec un adulte. Cela contrevient aussi au principe « in dubio pro vita » : « en cas de doute scientifique raisonnable, il faut opter pour le choix qui favorise le plus le bien suprême de la vie, et c'est précisément ce qu'a fait le Costa Rica en décidant de protéger l'embryon ». D'autant que la Constitution de ce pays affirme que « la vie humaine est inviolable ». En tout état de cause la manière dont se déroule actuellement la FIV est « contraire à la dignité humaine et à la vie en raison des hauts risques courus par l'embryon ».
Mgr Barrantes a souligné que ces affirmations dans des textes civils contredisent l'idée selon laquelle la défense de la vie serait une prise de position d'ordre religieux.
Il a enfin dit comprendre « La souffrance des époux qui n'arrivent pas à donner le jour à la descendance à laquelle ils aspirent », mais en rappelant qu'« un enfant est toujours un don » qui ne peut servir de moyen pour satisfaire un désir ou un besoin : « Sa dignité de personne exige qu'on le traite toujours comme une fin. »
Mgr Barrantes souligne enfin que la CIDH n'a en aucune manière condamné le Costa Rica, il n'y a pas eu de jugement, seulement un avis non contraignant qui constitue une recommandation que l'on peut, ou non, accueillir.
Un quotidien costaricain, Diario Extra, vient pour sa part de soutenir la position de l'Eglise dans un éditorial cinglant où il dénonce l'empressement du gouvernement qui, à la suite de l'avis de la CIDH, s'est empressé de préparer un projet de loi pour autoriser la FIV, « non seulement pour les couples mariés mais aussi pour les femmes seules qui désirent un enfant, sans même penser à évaluer les conséquences de l'absence d'un père ».
L'éditorialiste accuse le Costa Rica d'agir comme une République bananière obéissant aux ordres extérieurs de « commissions internationales », d'autant que le projet de loi est supposé franchir les étapes par une procédure d'urgence qui implique des « négociations » avec le pouvoir judiciaire. « Il est inquiétant que le gouvernement renonce à défendre la souveraineté nationale dans un domaine qui implique la dignité de l'être humain et le droit à la vie », ajoute-t-il.
Qui a intérêt à la légalisation de la FIV ? Réponse de Diario Extra : quelques gynécologues et entrepreneurs qui y voient une affaire commerciale, des personnes qui ne peuvent engendrer un enfant de manière naturelle et qui en voient les aspects positifs sans tenir compte des inconvénients, et les partisans de l'avortement, « puisqu'une société qui ne respecte pas la vie humaine de l'embryon ne se souciera pas non plus de liquider un enfant qui n'est pas encore sorti du ventre de sa mère ». Et plus loin : « La vie humaine surgit dès la fécondation de l'ovule par le spermatozoïde. La technique de fécondation in vitro elle-même en apporte la démonstration incontestable. »
A gauche, Ana Victoria Sanchez |
La réaction des évêques costaricains est à saluer, mais il faut aussi, hélas, souligner combien les instances internationales sont actuellement omniprésentes pour faire la promotion de la culture de mort. L'affaire n'est d'ailleurs pas sans lien avec celle qui a agité l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à propos de l'objection de conscience : on tente – mais pas toujours avec succès – d'imposer des actes et des lois dont les peuples ne veulent pas ou qui ne les intéressent pas.
© leblogdejeannesmits.
1 commentaire:
Une lecture à propos, peut-être?
Merci pour le bon article de PRÉSENT, de toute façon.
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