31 octobre, 2010

Dilma Rousseff et les faux chiffres sur l'avortement

Alors que Dilma Rousseff est donnée gagnante du second tour de l'élection présidentielle au Brésil, je tiens à rappeler ces éclaircissements rappelés hier à la une de ACIPrensa. La dauphine de Lula à la tête du Parti des Travailleurs assurait au cours de sa campagne que « 3,5 millions de femmes, voire 5 millions », selon elle, ont recours à l'avortement illégalement chaque année dans le pays, avec à la clef la mort d'une femme tous les deux jours, soit quelque 180 par an.

Selon les statistiques gouvernementales leur nombre n'atteint pas 100 par an, probablement moins. Le P; Berardo Graz, coordinateur d'une Commission de la Vie de l'épiscopat brésilien, assure que parmi toutes les causes de mortalité des femmes, les suites d'avortement est « la dernière ».

Mais la tactique est connue : pour dépénaliser l'avortement, il faut d'abord faire croire qu'il s'en pratique beaucoup plus que les chiffres officiels ne l'avouent ou qu'on ne le pense, et associer à ces chiffres des taux de mortalité importants pour justifier toute mesure.

Dilma Rousseff a eu beau protester qu'elle est personnellement opposée à l'avortement, ses prises de position très nettes pour l'inclure dans la politique générale de santé, avant qu'elle ne fût désignée candidate pour succéder à Lula, et son insistance actuelle sur la nécessaire l'abolition des peines encourues par celles qui avortent, expliquent le manque total du mouvement pro-vie brésilien.

Sur l'épineuse question de la prison pour les femmes qui subissent l'avortement, on peut beaucoup dire et  dans les pays où l'avortement a été longtemps légal, prévoir de les en dispenser alors qu'elles ont déjà si nombreuses à être intérieurement prisonnières de leur geste, commis en outre avec l'idée que c'était « légal » et donc « bien » ou au moins nécessaire, me paraît une sage disposition.

En revanche, là où les consciences restent plus droites, où le principe de l'interdiction reste à la fois en vigueur et mieux compréhensible, l'effet dissuasif de la peine devrait être retenu : il s'agirait en l'occurrence non de revenir sur une situation de non-droit en reconnaissant que les mères ayant avorté en sont elles-mêmes souvent victimes, mais de créer un environnement nouveau plus favorable à la mise à mort des tout-petits par la volonté de leurs propres mères, ce qui laisserait prévoir de nouvelles libéralisations à moyen terme.

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