En Espagne, ça y est : obstacles à l'objection de conscience à l'avortement
Cela concerne les médecins généralistes d'Andalousie : la « Junta » (communauté de gouvernement autonome), vient de de lancer une campagne d'« information » les avertissant qu'ils ne pourront pas exercer leur droit à l'objection de conscience contre l'avortement dans le cadre de la nouvelle loi entrée en vigueur début juillet. Les Conseils de santé des centres de santé « primaire » ont multiplié les réunions cet été dans la province pour faire établir que seules « les personnes directement impliquées dans l'interruption de la grossesse, c'est-à-dire les gynécologues et les anesthésistes qui réalisent l'acte chirurgical » peuvent invoquer ce droit. C'est une interprétation extrêmement restrictive de la loi et elle forcera des employés administratifs, des médecins des famille et toute autre personne éventuellement impliquée dans la fourniture d'avortements procurés dans le cadre du service public ou médical à participer plus ou moins directement au crime.
La campagne d'information lancée par le gouvernement socialiste d'Andalousie vise plus précisément les médecins de familles qui sont les premiers interlocuteurs des femmes qui désirent avorter et qui à ce titre font partie du « processus thérapeutique » : les voilà donc obligés de donner des informations et lancer la procédure.
En France le généraliste a un droit d'objection de conscience limité puisqu'il est obligé, en cas de refus personnel, d'en tenir sa patiente informée et de lui indiquer un médecin plus accommodant, mais il semble que dans la pratique l'exécution de cette obligation ne fasse pas l'objet d'un contrôle. En Andalousie, on va plus loin, déniant le droit d'objection lui-même à tous les médecins qui travaillent pour le Système andalou de santé « puisque les IVG se pratiquent dans des cliniques agréées ». Ils n'auront même plus le choix de renvoyer leurs patientes vers un autre médecin. Sur place, le syndicat médical et le Collège des médecins lui-même ont manifesté leur opposition. Le président de ce dernier, Cesareo Garcia Poyatos, estime la mesure « anticonstitutionnelle » et ajoute que tout médecin doit pouvoir jouir du droit d'objection de conscience qui a rapport avec « des principes religieux, idéologiques et moraux de la personne et dans ce domaine, nul ne peut intervenir pour dire qui a le droit d'objecter et qui n'a pas le droit ».
La Junte d'Andalousie, elle, considère (elle le dit) le médecin de famille comme un simple « transmetteur d'information ». Belle négation de la responsabilité morale personnelle !
L'opposition des médecins connaît, cela dit, des limités, puisque Garcia Poyatos estime qu'ils sont de toute façon obligés de permettre aux femmes d'exercer leur « droit » (d'avorter) en lui facilitant l'accès à un collègue ou une autre personne disposée à pratiquer l'acte. On touche là les limites de l'objection de conscience qui est obligée de composer avec un « droit » qui pourtant n'existe pas.
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