13 août, 2009

Congrès mondial des familles à Amsterdam : j'ai vu des hommes de bonne volonté

Lu sur Le blog de Jeanne Smits (lien permanent).

Pendant trois jours, à Amsterdam, des dizaines de responsables d’associations familiales, de réseaux, d’organismes de recherche ou de veille sur les législations nationales et internationales se sont succédé aux diverses tribunes du Congrès mondial des familles pour informer, réfléchir, partager des « bonnes pratiques ». La 5e édition du « World Congress of Families » répond avant tout à ce besoin nouveau dans un monde mondialisé : les attaques contre la famille traditionnelle se font à tous les niveaux, mais le plus efficacement peut-être à celui des instances supranationales, c’est donc une riposte concertée et cohérente qu’il faut organiser en rassemblant toutes les forces favorables à la famille. Sans oublier les familles particulières, « pierres d’angles » de la société, qu’il faut appuyer, informer et former, afin qu’elles sachent résister chacune au mauvais vent qui souffle…

Soixante-et-un pays représentés, avec une coloration à dominante chrétienne, où l’on note une importante présence catholique ; des conférences d’une grande densité et des dizaines d’ateliers sur des thèmes choisis selon les intérêts spécifiques des participants autour du sujet central, « la famille, davantage que la somme de ses éléments » : voilà pour les chiffres. Je vous promets, pour les jours et semaines à venir, de multiples retours sur le fond de ce qui a été dit à Amsterdam car il y a eu ici beaucoup d’idées à découvrir, de faits à constater, de courages à saluer et à prendre en exemple.

Pour l’heure, quelques premières impressions. Qu’attendre en effet d’un Congrès qui réunit les continents mais qui a trouvé sa source aux Etats-Unis, dans une mobilisation partie d’un chercheur chrétien sur les réalités familiales devenu défenseur des valeurs familiales, Allan Carson et son « Howard Center pour la famille, la religion et la société » ?

La première session plénière, lundi matin, devait apporter plusieurs réponses qui sont sans doute à méditer par nos mouvements familiaux français – sévèrement tenus en laisse, il est vrai, par leur représentation obligatoire au niveau officiel dans le sein de l’Union nationale des associations familiales qui est leur seul porte-parole agréé.

Première leçon : on peut rassembler des personnes très diverses, y compris dans leurs options religieuses, pour faire progresser une concertation et une action communes, ni monopolistiques ni monolithiques, sur des questions de loi naturelle. Celles-ci peuvent mobiliser non seulement les catholiques, mais tous les hommes de bonne volonté. Eh bien, à Amsterdam, j’ai vu ainsi beaucoup de gens de bonne volonté.

Si bien que la cérémonie d’ouverture, marquée par un hommage rendu à un des promoteurs les plus actifs du Congrès – c’est lui qui donna l’impulsion à la formidable troisième édition à Mexico en 2004 –, mort à 53 ans il y a trois mois après un cancer douloureux, fut l’occasion d’un bouleversant témoignage de vie d’époux et de père catholique applaudi avec émotion, et debout, aussi bien par les catholiques présents que par les protestants et les juifs… Quelle leçon de « vrai dialogue » ! Ce fut Martha, la veuve d’Enrique Gomez Serrano, qui accepta l’hommage, et rendit le sien à son époux qui laisse 9 enfants et l’héritage d’un engagement sans faille pour la vie. Elle choisit de lire à tous la lettre que son mari avait écrite à ses enfants dans la perspective de sa mort prochaine : un tendre et grave testament spirituel où l’amour de Dieu, le sens de la souffrance acceptée et offerte, la fidélité à l’Eglise catholique apparaissent vrais et désirables à travers la réalité de la vie vécue et offerte par ce « héros moderne ». Enrique Gomez Serrano mourut le 30 avril, jour de l’enfant au Mexique, deux ans et quelques jours après la légalisation de l’avortement à Mexico…

Deuxième leçon : de tels événements permettent de promouvoir l’information juste, contre le mensonge des gros médias, et ce faisant, l’exemple, l’inspiration, l’amitié, l’esprit de coopération. N’oublions pas que le mariage et la famille sont des institutions naturelles, bénies par Dieu dès le début et à qui cette bénédiction n’a pas été retirée par la faute originelle : leur défense est ainsi l’affaire de tous, puisque le mariage « naturel » est menacé comme il ne l’a jamais été. Les premières heures du congrès allaient déjà révéler la quantité des sujets abordés ; depuis la défense de la vie et la lutte contre « l’hiver démographique » jusqu’à la pression sur les médias pour contrer leur message systématiquement anti-familial ; depuis les graves inconvénients de la séparation des jeunes enfants de leurs mères jusqu’à la tragédie du divorce…

Oui, mais cela sert-il vraiment ? Ce fut ma première question lors de la conférence de presse d’ouverture. La réponse fut un exemple – celui d’Enrique Gomez Serrano une fois encore : la découverte des tout premiers congrès mondiaux pour la famille, avec quatre ou cinq amis mexicains, le poussa à créer un réseau des familles dans son pays où rien ou presque n’existait. En quelques années, 9 millions de parents mexicains y adhérèrent à travers de très nombreuses associations nouvelles. Cela fait un poids, y compris électoral, qu’il est difficile de négliger. Et aujourd’hui plusieurs Etats du Mexique ont déjà amendé leurs lois ou constitutions pour y faire figurer explicitement le respect de la vie depuis la conception.

Voilà qui incite puissamment à prendre au sérieux cette initiative des familles !

(Cet article a paru dans Présent daté du 13 août 2009)

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