Sélection sexuelle : pourquoi pas ?
C’est ce qu’écrit Lord Robert Winston dans le Daily Mail daté du 21 novembre, avec toute son autorité de chercheur de pointe sur la fécondation in vitro au Royaume-Uni, dans une importante tribune où il défend le « droit » des parents de choisir le sexe de leur enfant.
Il s’appuie sur les cas où les parents sont porteurs d’un des 300 désordres génétiques, généralement portés par les femmes d’ailleurs, et développés uniquement par leurs garçons, tels l’hémophilie, la dystrophie musculaire de Duchenne, etc. Devant un tel risque, il préconise la sélection embryonnaire qui consiste à éliminer tous les embryons mâles ; procédé qu’il utilisait lui-même il y a 17 ans.
« Mais comme la technique est éprouvée et sûre, écrit Lord Winston, un certain nombre de couples ont demandé la sélection sexuelle pour des raisons purement sociales. » Pratique interdite par l’autorité de régulation britannique, « même pour ces couples qui ont pu perdre leur petite fille à l’occasion d’un tragique désastre, comme un incendie de maison ».
« Les cliniques qui offriraient un tel service perdraient certainement leur licence et ne pourraient plus poursuivre leur activité. Je crois que cela est mal, et je vois peu d’arguments contre la sélection sexuelle, en vue par exemple de l’équilibrage de la famille », ajoute-t-il.
Mieux : dans des pays comme l’Inde ou la Chine, le diagnostic pré-implantatoire en vue d’éliminer les filles « pourraient réduire le nombre des avortements sélectifs et des infanticides » (il fallait oser !). Tout en dénonçant cette « pratique inique » il voit dans le tri préimplantatoire une solution de moindre mal en attendant le changement des mentalités.
Alors que la Chine et l’Inde souffrent déjà d’un très grave déficit de filles, Lord Winston ajoute que la solution qu’il propose n’aggravera pas le déséquilibre parce qu’elle est pour l’heure difficile, exigeante et coûteuse, et que si elle ne l’était plus, un jour, de toute façon le déséquilibre ne serait que temporaire : « Si par exemple il y avait une baisse du nombre des naissances de filles, alors certainement les filles finiraient par être davantage estimées, et non moins. »
Ayant dit tout cela Lord Winston plaide contre le diagnostic préimplantatoire en vue d’améliorer les enfants, en retenant ceux qui auraient les meilleures chances d’être forts, intelligents, dotés d’une bonne mémoire, etc. Une pratique que les régulations actuelles ne prévoient pas, mais n’empêchent pas non plus dans la mesure où le tri en vue d’éliminer des déficiences est autorisé… Il s’agirait d’une « menace sérieuse pour notre humanité, qui dévaloriserait les “humains ordinaires” qui n’auraient pas bénéficié de cette amélioration génétique ».
Où l’on constate à quel point le raisonnement sur l’homme peut être dévoyé et contradictoire dès lors que le principe de base est abandonné : le respect de la vie de tout être humain dès sa conception (car tout le problème vient de là : de la fiction selon laquelle l’embryon n’est pas un être humain avant l’implantation).
Se dessinent également les aberrations du futur, avec le recours de plus en plus généralisé à la fécondation artificielle pour un oui ou pour un non.
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