02 novembre, 2010

Comment le Costa Rica peut nous en remontrer…

Connaissiez-vous le diocèse d'Alajuela au Costa Rica ? Moi non plus… Eh bien, il m'épate. Et il m'épate d'autant plus que je viens de lire la contribution postée aujourd'hui par Mgr d'Ornellas sur le site « bioéthique » des évêques de France, après sa parution sous le titre Entendre l'appel de la dignité dans Ouest-France de ce jour.

Oh, rien de méchant. Je crois même que Mgr d'Ornellas s'avance là un peu plus qu'il n'a l'habitude de le faire, parle un peu plus clair, plus droit. Mais enfin je vous laisse en juger (c'est moi qui souligne) :

Entendre l'appel de la dignité, c'est ne pas céder aux tentations auxquelles expose l'étonnant silence de l'embryon humain. C'est dépasser le regard scientifique qui ne peut y reconnaître qu'un « amas de cellules », ce que nous sommes tous, mais pas seulement, loin s'en faut ! C'est ne pas entrer dans la « ruse de l'esprit » qui invente des distinctions « arbitraires » entre in utero ou in vitro, entre « préembryon » et « embryon ». C'est reconnaître le continuum interne du développement embryonnaire et le passage par des seuils vitaux de celui qui ne peut devenir humain s'il ne l'est pas déjà. C'est considérer l'ensemble de notre droit qui, de façon cohérente, interdit l'utilisation de la vie d'un être humain pour le bien d'autres êtres humains. C'est faire les choix politiques, sans les mesurer au seul aspect financier, de moyens supplémentaires pour les recherches scientifiques menées dans le respect de la dignité humaine. Le projet de loi change l'esprit de notre droit en ouvrant, dans des conditions peu restrictives, la possibilité permanente de détruire de façon délibérée des embryons humains pour la recherche. 

Par ses choix en bioéthique, la France entendra-t-elle complètement l'appel de la dignité ? Elle peut encore une fois être au rendez-vous de l'histoire pour redire l'intangible dignité « de tout être humain dès le commencement de sa vie ». 
Mais je ne peux m'empêcher de comparer. De comparer avec ce lointain diocèse d'Alajuela (d'ailleurs, comment peut-on être Costaricain ?) qui n'est pas le centre du monde et qui ne se prend même pas pour tel… Voici que dans quelques jours, du 15 au 17 novembre, chaque jour de 18 h 30 à 21 h 00, à l'invitation de Mgr Angel SanCasimiro Fernandez, se tiendra un « atelier » sur la fécondation in vitro. Ouvert à tous. Sous la conduite de médecins, d'universitaires. L'objectif est d'informer toute personne intéressée par cette question qui agite l'opinion du Costa Rica, à l'heure où une procédure en cours tente de légitimer la pratique de la FIV et où l'Eglise catholique s'y oppose avec clarté (voir ici).

Ces ateliers ne sont pas des forums de discussion citoyenne, loin s'en faut ! Mais des lieux pour mieux comprendre les enjeux et saisir la raison pour laquelle l'Eglise est hostile à la pratique, même entre époux et même pour l'excellent objectif qu'est le combat contre une stérilité douloureusement vécue. Seront abordés le point de vue médical et bioéthique, puis, le lendemain, les aspects juridiques et le point du vue du Magistère sur la FIV, et enfin la perspective humaine à travers le témoignage de deux familles ayant eu recours à la technique, l'une avec succès, l'autre non.

Et pourquoi cette initiative ? L'évêque diocésain s'en explique sur son site :

L'Eglise a comme mission dans le monde de rappeler l'enseignement du Maître Jésus-Christ : « Je suis venu pour que vous ayez la vie en abondance » (Jn, 10:10). C'est pourquoi elle se sent l'obligation d'éclairer la vie de l'être humain dans toutes ses étapes et dimension. Si l'Eglise renonçait à être voix qui met en évidence la valeur et la dignité de la vie, elle serait infidèle à son essence et à sa mission. Le développement de la vie humaine et de la société pose des défis toujours nouveaux aux sciences médicales, qui sont à la recherche d'un meilleur bien-être, d'une meilleure efficacité, mais qui ne peuvent oublier les valeurs de base essentielles de l'anthropologie humaine.
C'est pourquoi le Magistère de l'Eglise analyse cette réalité et, s'appuyant sur la Révélation divine essaie d'éclairer les thèmes de tous ordres. Un thème qui a pris de nouveau une grand essor sur la place publique dans ce pays est celui de la FIV (fécondation in vitro), suscitant bien des doutes et des questionnements éthiques et moraux. A propos de ce thème l'instruction Dignitas personae nous dit en son numéro 12 : « En ce qui concerne le traitement de l’infertilité, les nouvelles technologies médicales doivent respecter trois valeurs fondamentales :
a) le droit à la vie et à l’intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ;
b) l’unité du mariage qui implique le respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l’un à travers l’autre ;
c) les valeurs spécifiquement humaines de la sexualité, qui “exigent que la procréation d’une personne humaine doit être voule comme le fruit de l’acte conjugal spécifique de l’amour des époux”. »
Mgr SanCasimiro rappelle encore le « principe éthique général » posé par Dignitas personae et par Donum vitae :
« L'acte médical est respectueux de la dignité des personnes (et de la sexualité) quand il a pour objectif d'aider l'acte conjugal, que ce soit pour faciliter son accomplissement ou pour que l'acte normalement accompli puisse atteindre sa finalité naturelle. Lorsqu'au contraire, l'introduction de la technique se substitue à l'acte conjugal, elle sera moralement illicite. »
C'est pourquoi le diocèse d'Alajuela veut ouvrir un espace de réflexion sur ce thème, en essayant de l'éclairer dans dogmatisme ni mises en accusation, en recherchant à faire son analyse à partir du sujet pris dans son intégralité et son interdisciplinarité. Et ce pour contribuer au discernement pastoral, social, politique et légal que les nouveaux projets de loi devront définir dans notre pays, et pour donner des outils clairs à ceux qui doivent prendre les décisions, et ainsi mieux répondre à ces nouveaux défis de la bioéthique humaine.
Le plus grand péché des évêques, c'est de se taire, avons-nous entendu et applaudi à Rome lors du congrès de Human Life International. Merci à cet évêque qui parle !

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