11 février, 2012

Nominations épiscopales en France : deux hirondelles font-elles le printemps ?

Mgr Nicolas Brouwet à Lourdes : une nomination phare


Le jour choisi pour l'annonce de la nomination de Mgr Nicolas Brouwet est évidemment hautement symbolique : le 11 février. Cela est d'ailleurs souligné par le communiqué de la Conférence des évêques de France, ainsi rédigé :
« En ce samedi 11 février 2012, fête de Notre-Dame de Lourdes, le Pape BenoîtXVI, ayant accepté la démission de Mgr Jacques PERRIER, a nommé évêquede Tarbes et Lourdes, Mgr Nicolas BROUWET, jusqu’à présent évêque
auxiliaire de Nanterre. »
Je vous propose dès ici le commentaire de cet événement qui sera publié lundi dans Présent, avec d'autres rappels concernant l'action et les prises de position du nouvel évêque, l'édition « papier » de cet article devant attendre notre prochaine parution. Sa nomination intéresse aussi particulièrement ce blog puisque Mgr Brouwet possède une licence de théologie du mariage et de la famille. – J.S.



Hier, une indiscrétion fâcheuse – et peut-être malveillante – faisait connaître qu’il était question de nommer Olivier de Germay, vicaire épiscopal à Toulouse, notoirement classique, sans être vraiment proche du monde traditionnel, comme évêque d’Ajaccio.
Mgr Brouwet au pèlerinage de Chartres
© photo : Olivier Figueras

Aujourd’hui, le jour de la fête des Apparitions de Notre-Dame de Lourdes, est rendue publique la nomination de Mgr Nicolas Brouwet, auxiliaire à Nanterre, comme évêque de la Cité mariale.

Un article de l’abbé Claude Barthe paru hier après-midi dans l’édition de Présent datée d’aujourd’hui, fait un état des lieux du diocèse de Tarbes et Lourdes. En résumé, le diocèse, comme de très nombreux diocèses de France, est un diocèse sinistré (dans 10 ans le diocèse n’aura plus qu’une trentaine de prêtres en activité, dont une poignée de curés) ; immobilisme qui joue en faveur de « l’esprit du Concile », avec parmi le critère désolant des absolutions collectives qui y sont pratiquées contre tout droit ; une catéchèse en recul constant ; 5 séminaristes ; 5 ordinations en 13 ans d’épiscopat de Mgr Perrier ; clergé vieilli et sécularisé ; cadres diocésains progressistes bon teint.

Mais le diocèse que prend aujourd’hui en charge Mgr Brouwet, comporte aussi des éléments fort vivants de ce qu’il est convenu d’appeler le « nouveau catholicisme » : collèges et lycées catholiques en expansion ; paroisses qui se tiennent encore, ou qui recommencent à se tenir (Ossun, Lourdes, Bagnères-de-Bigorre, Vic-en-Bigorre) ; communautés religieuses fort classiques (celles fondées par le Père Cabes et rattachée aux Fraternités monastiques de Jérusalem, à Ossun : Franciscains, Carmel de Lourdes ;  Clarisses ;  les Moniales de Bethléem à St Pé-de-Bigorre ; carmélites apostoliques de Bagnères ; Sœurs de Marie de Léouca). Sans oublier la présence traditionaliste, loin d’être négligeable (Fraternité Saint-Pierre, à Tarbes, avec une messe dans les Sanctuaires de Lourdes tous les dimanches ; prieuré et nouvelle maison médicale de la Fraternité Saint-Pie-X ; pèlerinages traditionnels annuels avec leurs célébrations dans les sanctuaires de la Fraternité Saint-Pie-X et de l’Institut du Christ-Roi Souverain-Prêtre).

Et le diocèse de Lourdes, c’est d’abord Lourdes, la ville des Sanctuaires mariaux (ou marials, si l’on préfère), avec les « foules de Lourdes », à partir du printemps et jusqu’au début de l’hiver, les prêtres, les évêques du monde entier. Lourdes, c’est aussi le lieu des réunions de la Conférence des Évêques de France dans les locaux « fonctionnels » de la Prairie des Sanctuaires.

Le nouvel évêque a 49 ans, Nicolas Brouwet. Il est vraiment l’homme de la situation. Il a fait des études d’histoire en Sorbonne,  puis de théologie à Rome, en se spécialisant sur les questions familiales. Ordonné prêtre en 1992, exerçant d’abord dans le monde étudiant, puis comme curé, il devient évêque auxiliaire dans son propre diocèse en 2008, vraisemblablement pour contrebalancer le « progressisme » de Mgr Daucourt, qui s’est démonétisé dans le refus têtu de dialoguer avec le monde traditionaliste (et spécialement le groupe de Paix liturgique) particulièrement présent et important dans l’Ouest parisien.

Nicolas Brouwet est en effet notoirement favorable à la messe traditionnelle. Il a même créé l’événement, lors d’une réunion du Groupe de Réconciliation entre Catholiques (dirigé par le P. Lelong), à Paris, à St-Honoré-d’Eylau, en déclarant que non seulement la célébration de la messe traditionnelle lui avait personnellement beaucoup apporté, mais qu’elle avait cet effet d’amener avec elle « tout ce qui va avec » : prédication, catéchismes, mouvements de jeunes.

On dit que la Congrégation pour les Evêques n’a pas été insensible au profil liturgique « réforme de la réforme » de ce jeune évêque, qui n’hésite pas à célébrer selon la forme extraordinaire, à participer au pèlerinage de Chartres, à procéder à des ordinations dans les instituts Ecclesia Dei, et à la dernière Pentecôte, à célébrer pour le Pèlerinage de Chrétienté la messe pontificale à Chartres.

Chargé de l’enseignement catholique à Nanterre, particulièrement florissant du point de vue des effectifs, il a cherché à le rendre « catholique », sensible à l’exemple local des écoles hors contrat.

On dit dans le monde ecclésiastique que la nomination flamboyante d’aujourd’hui est destinée à réparer l’énorme bévue de la nomination du P. Fonlupt à Rodez. Une hirondelle ne fait pas le printemps (des nominations épiscopales). Deux ? 

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