Le « droit » à l’avortement, symbole de la Journée de la femme
8 mars, Journée de la femme… Et comme chaque année, de nombreux médias la voient à travers le « droit à l’avortement ». Menacé, paraît-il. Les lamentations se répètent : il y a toujours autant d’« IVG » en France – quelque 227 000 par an, selon les statistiques officielles – mais l’accès à l’avortement est toujours plus difficile. Cherchez l’erreur ! Si l’accès est si difficile, pourquoi le nombre d’avortements ne diminue-t-il pas ?
La bonne nouvelle derrière ces statistiques est bien que la douleur et le traumatisme psychologique liés à l’avortement volontaire sont de mieux en mieux connus, même si les partisans militants de l’« IVG » sont encore nombreux à les nier. A quoi il faut ajouter une répugnance croissante du corps médical devant la pratique de cet acte, que l’on tente de faire passer pour un refus lié à la faible valorisation financière de l’acte – pourtant relevée sous Sarkozy.
Le journal gratuit Metro interroge par exemple deux sages-femmes qui ont fait valoir leur droit à l’objection de conscience. L’une, Blandine, 29 ans, exerçant en région lyonnaise, explique que son recrutement n’a pas posé de problème ; mais elle vient au travail la peur au ventre à l’idée que l’absence de ses collègues qui acceptent de participer aux deux ou trois « IVG » quotidiennes pratiquées dans la maternité puisse la contraindre à passer à l’acte. Une autre, « Catherine », exerce à Paris depuis neuf ans. Elle a pratiqué un avortement pendant ses études et a dû participer à une « interruption médicale de grossesse » au travail. « Je ne connais pas une seule sage-femme qui sorte indemne de cette expérience », explique-t-elle. Elle a fait valoir sa clause de conscience : « Je ne juge personne, mais en conscience, je ne peux pas ! » Et son chef de service lui a fait savoir que dorénavant, il ne recruterait plus d’objecteurs de conscience.
C’est une évidente discrimination, nommément interdite par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe le 7 octobre dernier au nom de la Convention européenne des droits de l’homme.
Cette résolution-miracle explique peut-être aussi la mobilisation des partisans de l’avortement et la dénonciation par certains de la logique « moralisatrice » qui entoure la question de l’avortement.
Le discours se fait de plus en plus schizophrénique : l’un des porte-drapeaux de la bataille pour le « droit à l’avortement », le Pr Israel Nisand, a multiplié ainsi ces derniers jours les déclarations sur son caractère « fragile » et sur le manque de moyens matériels pour assurer ce service aux femmes. Si le nombre de plus de 200 000 « IVG » par an ne le « dérange » pas, comme il l’a déclaré à France Soir, en revanche il est catastrophé de voir l’augmentation des avortements chez les jeunes : 13 000 par an chez les mineures, une intervention sur deux étant par ailleurs réalisée chez les femmes de moins de 25 ans. Irrité de voir que la « première histoire d’amour » de tant de jeunes filles termine sur une table d’opération.
C’est un drame en effet : qu’en sera-t-il de leur vie affective, de leur confiance en l’homme, de la blessure qui ressurgira immanquablement lorsqu’elles finiront par donner la vie ?
On ne veut pas trop le dire mais le discours sur la question devient moins univoque. Ainsi la psychologue et psychanalyste nantaise Sophie Marinopoulos parle-t-elle dans Le Mondede la « trace » que laisse l’avortement sur le psychisme : « L’inconscient est rancunier. » Le laboratoire Nordic Pharma, principal distributeur de la pilule abortive RU 486, qui organisait lundi un colloque sur « Les nouveaux enjeux de l’IVG », l’a même fait parler de cette souffrance – qui, selon elle, « n’est pas rationnelle » et l’a conduite à réclamer le rétablissement de l’entretien psychologique préalable, supprimé par la loi Aubry en 2001.
Israël Nisand ne voit quant à lui qu’une seule solution : rendre la contraception gratuite pour les mineures, et pas seulement la pilule du lendemain, et imposer la mise en œuvre de l’« éducation sexuelle » au collège prévue par les textes mais souvent laissée de côté.
A quoi l’on pourrait d’abord opposer le fait, souligné par la sociologue et démographe Nathalie Bajos au forum sur l’IVG auquel elle assistait en même temps que Nisand, que « l’immense majorité » des femmes qui avortent, y compris les mineures, avaient une contraception.
Nisand a pu rétorquer qu’en Alsace, le dispositif Info-Ado et son plan d’accès anonyme et gratuit à la contraception pour les jeunes ont permis de diviser par deux les avortements chez les mineures.
Mais cela ne change rien à la mentalité de refus de la vie et à la promotion de la promiscuité sexuelle que véhicule la contraception, et au nombre de victimes, vu le nombre de contraceptifs qui, aujourd’hui, ont une action abortive…
Article paru dans Présent daté du 9 mars 2011.
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