Congrès de prière pour la vie, Rome, 2010 : la force de l'engagement
Avant de parler de manière plus précise de ce qui a fait le succès et l'intérêt du 5e congrès mondial de prière pour la vie, auquel j'ai assisté pendant quatre jours à Rome, je voudrais vous dire ce qui m'y a le plus frappé. C'est la foi des participants. Venus des Etats-Unis, d'Amérique du Sud, d'Australie, des Philippines, d'Estonie, de Pologne, de Moldavie, de Biélo-Russie, de divers pays africains et européens et même de France (on notait ainsi la présence d'une déléguée du collectif de la Marche pour la Vie, de l'Abbé Le Coq de la Fraternité Saint-Pierre, venu au nom de Notre-Dame de Chrétienté, d'un représentant de Droit de Naître, d'une représentante du sanctuaire de Notre-Dame de Grâces de Cotignac), quelque 400 participants au total ont assisté à tout ou partie de l'événement.
A quoi cela sert-il ? A se connaître, d'abord. Le réseau pro-vie est assurément moins riche et moins puissant (du point de vue mondain) que celui du lobby de la culture de mort, mais il n'en existe pas moins, appuyé sur une force surnaturelle qui ici, n'est pas mise sous le boisseau. Des histoires se croisent et se racontent, marquées du sceau de la Providence. Voyez Vicki Thorn, fondatrice de « Project Rachel » d'aide aux femmes ayant avorté et de leurs proches. Sa mission auprès de ces pauvres mères qui ne vivent pas seulement avec la douleur du deuil de leur enfant mais avec la conscience d'avoir voulu elles-mêmes cette mort qui les a brisées est née de la rencontre de la souffrance d'une amie, victime de viols incestueux, avortée à 16 ans et plus blessée encore par son avortement que par le viol.
Voyez Anne Lastman. Elle est australienne. Lutte courageusement contre les effets du décalage horaire, épuisée de fatigue, pour venir dire que les victimes de graves agressions sexuelles sont celles qui risquent le plus de se jeter à corps perdu dans l'avortement à répétition. Elle le sait, puisqu'elle les rencontre dans le cadre de son travail de conseil et de soutien à la deuxième victime de l'avortement : la mère. Ces jeunes femmes-là ont été déshumanisées par le viol la petite fille qu'elles avaient été détruite dans son innocence par le violeur, souvent au sein même de la famille. Avant de pouvoir considérer en vérité les avortements qu'elles ont utilisés comme une façon de contrôler et rejeter l'homme, elles ont besoin d'abord d'être guéries dans leur propre être, pour pouvoir enfin percevoir les avortements commis comme des mises à mort de leurs propres enfants, étape nécessaire pour demander pardon, et se pardonner à elles-mêmes. Anne Lastman a conscience de travailler sur les cas les plus affreux qui soient, où la souffrance s'ajoute à la souffrance et l'horreur à l'horreur. Et pour ce travail, elle ne demande jamais un centime. Non : « J'ai un arrangement avec le Boss », dit-elle avec sa truculence toute australienne. « Tant qu'Il paie, c'est que je dois continuer. Eh bien, Il n'a jamais arrêté. Alors je continue… » Voilà une catholique qui n'est pas près de baisser les bras. Peut-être l'une des rencontres les plus marquantes de ces journées, car elle m'aura fait toucher du doigt comment Dieu a prévu des « médecins » pour les plus misérables, les plus abandonnés, pourvu que ces « médecins » veuillent bien en tout abandon être le « bras armé » de sa miséricorde…
Le premier repas pris en commun sur les lieux du congrès – métro, train, car, puis navette que nous découvrons en rase campagne grâce à l'aide spontanée d'une vieille dame transformée l'espace de dix minutes en notre ange gardien ! – nous place aux côtés d'un homme d'âge déjà mur, réserviste de la Marine américaine. Que fait-il de ses samedis ? Eh bien, qu'il vente ou qu'il pleuve, que le soleil tape ou que le froid glacial sévisse à New York, il participe dans sa paroisse à des prières devant le Planning familial (le plus important pourvoyeur d'avortements du monde). Avec des jeunes – des étudiants pour la plupart, qui préfèrent dire leur chapelet aux abords des avortoirs plutôt que de faire la grasse matinée ou de se détendre en fin de semaine – il prie dehors, pacifiquement, oubliant tout respect humain. Son plus beau souvenir ? Le regard de l'homme s'éclaire. Ah oui, j'en ai beaucoup, me dit-il. Comme cette fois où le groupe entonne un chant religieux bien connu dans les paroisses américaines. A l'intérieur de la clinique, déjà sur la table d'opération, une jeune femme attend l'avortement de son enfant. Mais l'air du chant lui parvient du dehors : de ce chant qui était le préféré de sa propre grand-mère.
Peu de temps après, ayant stoppé l'abominable processus de mise à mort de son propre enfant, elle descendra voir ceux qui prient. Pour les remercier d'avoir été là ; d'avoir empêché l'irrémédiable. Pour elle, les choses sont claires : elle a reçu un message de sa grand-mère. Pour ceux qui prient, la joie est intense, surtout celle de savoir que Dieu sait se servir même d'un chant choisi « au hasard » pour proposer le bien !
Ces « priants » ne voient pas souvent le fruit de leur action. Mais de temps à autre une maman vient les voir et les remercier au premier anniversaire de l'enfant qu'elle a gardé ; parfois c'est un homme qui passe le jour de la fête des pères…
Cette première impression du congrès trouvera son écho en sa clôture, avec la remise du prix « Cardinal van Galen » attribué par Human Life International à ceux qui ont eu une action exemplaire et décisive pour défendre la vie, à Mgr Philip Reilly, fondateur de « Helpers of God's Precious Infants ». Lui aussi s'était lancé à corps perdu dans la défense de la vie aux Etats-Unis, dès Roe v. Wade. Devant l'horreur de l'avortement il a fini par se dire qu'il n'y avait que la prière qui puisse réellement changer les cœurs et de semaine en semaine, de mois en mois, il a donc prié. Près des avortoirs. Toujours dans la paix. Entouré de jeunes – mais aussi d'évêques, de prélats qui aux Etats-Unis trouvent normal à cette forme de réparation, d'apostolat, d'évangélisation et de charité auprès de celles qui croient pouvoir choisir la mort. (Vous imaginez cela en France ? Non pas la honte, le ridicule, le mépris pour ceux qui prient en réparation des crimes de l'avortement, victimes et bourreaux, mais une mobilisation « ecclésiale », comme ils disent, pour mettre fin à l'holocauste ?) Philip Reilly, en accueillant son prix, l'a dédié à tous ces jeunes qui sacrifient leur temps libre pour venir en aide aux enfants et aux mères. Avec la joie de pouvoir dire que désormais tous les sondages aux Etats-Unis révèlent que les Américains sont contre l'avortement à la demande, la plus grande majorité se trouvant justement chez les jeunes…
Eh oui, cette foi totale qui anime les « pro-vie », si soucieux d'accueillir la totalité de l'enseignement de l'Eglise sur le respect de la vie, fleurit en espérance et en charité.
A quoi sert donc un congrès pour la vie ? A être édifié, aussi !
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