24 mars, 2008

L'affaire Chantal Sébire dans “Présent” (1)

Euthanasie : halte-là ?


« Je considère que la médecine n’est pas là pour administrer des substances létales ! » : elle a eu du panache, Rachida Dati, pour dire « non » à une légalisation de l’euthanasie à la faveur de l’affaire hyper-médiatisée de Chantal Sébire, cette mère de famille de 52 ans, victime d’un cancer rarissime, qui vient de saisir la justice pour qu’on exonère le médecin qui l’aidera à mourir. « Ce n’est pas notre droit et nous avons fondé notre droit et la convention européenne des droits de l’homme sur le droit à la vie », a ajouté la ministre.

C’est bien mais un peu court. Car ce sont des pays signataires de ladite convention qui ont légalisé l’euthanasie (comme les Pays-Bas, la Belgique et bientôt le Luxembourg), ou dépénalisé le « suicide assisté ». C’est bien mais aussi très cynique… dans un pays où l’on compte plus de 200 000 avortements par an.

Mais passons. Face au drame de Chantal Sébire, dont le pauvre visage défiguré est étalé sans pudeur à la télévision et dans les journaux, les autorités ont plutôt bien réagi. Interrogée, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a exclu toute modification de la loi Leonetti sur la fin de vie, précisant que « ni le monde médical, ni les pouvoirs publics ne sauraient promouvoir l’euthanasie active quelle que soit la gravité de la maladie ». Du côté de l’Elysée – Mme Sébire ayant écrit à plusieurs reprises au président de la République – la réaction a été compatissante mais aussi pratique. Le conseiller de Sarkozy pour les questions de santé, le Pr Arnold Munnich, a contacté la malade pour lui proposer qu’un nouvel avis soit donné sur son cas par un collège de médecins spécialisés, toutes les « ressources de la médecine » ne semblant pas avoir été épuisées.

L’affaire Chantal Sébire ne sera-t-elle donc pas instrumentalisée comme le cas Vincent Humbert, dont on a appris par la suite à quel point il avait donné lieu à des manipulations de la part du lobby de l’euthanasie ? Cela reste à voir : le tribunal de Dijon devrait se prononcer lundi sur une requête déposée entre les mains de son président par la malade, et déjà un médecin militant de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), le Dr Bernard Senet, médecin généraliste du Vaucluse, a fait savoir qu’il « assisterait » Mme Sébire si elle obtient gain de cause. Il a d’ailleurs avoué qu’il avait déjà « aidé » des gens en phase terminale : « beaucoup de médecins le font », a-t-il ajouté. Et de préciser que les gens qui veulent ainsi « mourir dignement » sont « généralement des gens qui ont vécu dignement ». Un peu mieux que les autres sous tous rapports ?

La question qui est médiatiquement posée par cette affaire difficile est bien sûr celle de la souffrance de Mme Sébire. Mais bien plus que la souffrance, c’est son visage défiguré qui est montré, de manière à faire tacitement admettre à l’opinion que le regard d’autrui peut rendre la vie « indigne » : parce qu’on a un mouvement de recul, fût-il involontaire, il serait juste de mettre fin à cette vie-là.

Il faut ajouter que, dans le cadre de la loi Leonetti, c’est déjà possible, même pour les malades qui ne sont pas en phase terminale. C’est l’euthanasie par omission : l’arrêt de toute alimentation. A lire entre les lignes, on croit comprendre qu’elle a été proposée à Chantal Sébire. Celle-ci a en effet refusé d’être plongée dans un coma artificiel jusqu’à sa mort, solution « indigne » selon elle. Elle veut se voir partir…

Face à tant de souffrance mais aussi de confusion, il n’y a qu’une réponse vraie, celle de la foi. Le curé de Notre-Dame de Nazareth, à Paris, l’exprime dans une lettre ouverte à Chantal Sébire, le Père Morin prêtant ainsi sa plume à Lazare : « Ma chère Chantal, j’étais mort et je suis vivant. Jésus m’a fait sortir de mon tombeau. Par la suite, j’ai revu son visage. Il était méconnaissable, tuméfié, défiguré. Ce Jésus a souffert plus que tu ne peux l’imaginer. Il est mort dans d’atroces souffrances… mais il n’y avait en lui aucune capitulation, aucune résignation. Tout était amoureusement offert pour notre Rédemption. (…) Tu veux mourir dignement ; mais la mort digne est celle que nous accueillons et que nous offrons. »

Article extrait du n° 6549 de Présent, du Samedi 15 mars 2008

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