Ecosse : Le cardinal Keith O'Brien parle clair sur l'avortement
L’Eglise catholique d’Ecosse fêtait jeudi sa Journée pour la vie, fixée par l’épiscopat en la fête de la Visitation. Le sermon donné à cette occasion par le cardinal Keith O’Brien, évêque d’Edimbourg, a sidéré la presse britannique. Des centaines de sources ont repris les paroles d’airain du prélat prononcée à l’occasion du 40e anniversaire de la loi sur l’avortement votée en 1967au Royaume-Uni.
Sous le vocable « Le fruit de vos entrailles est béni », les catholiques Ecossais ont été invités à prendre la mesure du drame de l’avortement. 250.000 dépliants d’information (modèle téléchargeable ici) ont été distribués dans les 500 paroisses du pays et où l’on peut lire : « Nous sommes tous des victimes dans une société qui autorise l’avortement. »
Voici donc l’homélie du cardinal Keith O’Brien, évêque d’Edimbourg, dont je vous propose ma traduction intégrale :
L’Evangile d’aujourd’hui suit Notre Dame. Elle vient d’apprendre qu’elle sera la mère du Messie et que sa cousine Elisabeth doit aussi être mère.
Tout son avenir a été transformé dans l’Annonciation ; Marie est si émue d’apprendre la nouvelle de la grossesse d’Elisabeth qu’elle se rend en hâte vers la ville de Juda. La rencontre entre les deux femmes est un moment de grande joie. Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette scène ?
Nous y voyons l’affirmation de l’immense valeur de la vie depuis l’instant de sa conception. Le Rédempteur, dès le sein de sa mère, s’unit à toute l’humanité. En s’incarnant dans le sein de Marie, Dieu élève à une nouvelle hauteur la grandeur de chaque vie humaine.
La joie de cette rencontre nous adresse le message de bonheur intense qui devrait accompagner chaque grossesse. A la conception de chaque vie Dieu agit directement pour créer un être humain nouveau et unique, une personne destinée à la vie éternelle. Hélas, la joie n’est pas toujours l’émotion qui domine à l’évocation d’une nouvelle grossesse dans le monde où nous vivons aujourd’hui.
Aujourd’hui, en commémorant la Visitation, nous marquons la « Journée pour la Vie » en Ecosse, avec des sentiments mélangés : nous célébrons le don de la vie, mais nous nous rappelons aussi la tragédie des vies perdues. L’avortement en est le thème pour cette année qui marque le 40e anniversaire de l’entrée en vigueur de la loi sur l’avortement. En ces 40 années, le nombre de vies perdues est ahurissant. Quelque 7 millions de vies ont été stoppées net, conséquence directe de ce seul texte législatif.
On nous avait dit que les avortements clandestins tuaient des femmes et devaient être dépénalisés. On nous avait dit que l’avortement ne serait pratiqué que pour les cas extrêmes. On nous avait dit que la surveillance médicale serait serrée. On nous avait servi un tas de mensonges et une désinformation qui se teintait de miséricorde et de vérité.
L’échelle de la tuerie dépasse notre entendement. En Ecosse, nous tuons chaque jour l’équivalent d’une salle de classe pleine d’écoliers. Pour beaucoup de femmes, l’avortement est devenu un moyen de contrôle des naissances. Les vies des bébés concernés ne sont pas en danger, pas plus que les vies de leurs mères ne sont menacées par la grossesse. Les avortements pour sauver la vie de la mère sont quasi inexistants. En tant que société, nous ignorons délibérément ces réalités.
Nous devons construire, de nouveau, une société, qui accepte les nouvelles vies avec joie. L’industrie de l’avortement a eu un impact massif sur les valeurs de notre société pendant que ses sectateurs continuent de répandre leur culture de mort. Il y a l’acceptation d’une philosophie, qui autorise la destruction des enfants dans le sanctuaire du sein maternel.
Nous devons demeurer les témoins de la vérité et être absolument sans ambiguïté en choisissant de défendre la vie dans tout ce que nous faisons. J’ai milité pour les pays en voie de développement, en incitant les nations du G8 à agir pour la défense de la vie. J’ai milité contre les armes nucléaires qui tuent sans discernement, et pour la défense de la vie innocente ; je parle haut aujourd’hui pour défendre la vie à son stade le plus vulnérable, alors qu’elle est sans défense.
Il n’est pas facile de retourner des sociétés contre l’impulsion naturelle qui pousse protéger les jeunes vies. Mais le fait de s’inquiéter pour les enfants et de vouloir prendre soin d’eux demeure bien vivant. Nous sommes saisis au cœur lorsque nos écrans de télévision nous apprennent qu’un enfant a été enlevé ou maltraité. Nous avons ressenti une intense douleur après la disparition de la petite Madeleine McCann au Portugal ; avec ses parents nous saisissons la valeur inestimable d’une précieuse vie. Mais la vie est précieuse, précieuses sont aussi ces vies soufflées dans l’obscurité, cachée du monde.
Nous devons faire surgir dans notre société une génération de professionnels de la médecine qui ne seront pas prêts à participer au massacre. J’appelle nos universités et nos écoles de médecine à enseigner que toute vie humaine mérite d’être protégée. J’appelle nos hôpitaux à mettre fin aux procédures destinées seulement à identifier et à tuer les faibles et les infirmes. J’appelle tous nos hommes politiques à répondre à une question simple : protégerez-vous le droit de vivre de toutes les personnes dans notre société depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ? Et je vous appelle, vous, à exiger des ces hommes politiques qu’ils rendent compte.
A ceux ne sont pas prêts à la protéger, nous devons refuser de donner nos voix. L’histoire nous jugera sur notre attitude à propos de cette affaire cruciale. Mais il y a un jugement plus important que celui de l’histoire. Nous serons tous jugés devant le trône de Dieu.
J’exhorte les hommes politiques à n’avoir aucune complicité avec l’infâme commerce de l’avortement. Pour ceux qui sont à Westminster, cela signifie renverser la législation qui rend le massacre possible. Pour ceux de Holyrood il s’agit de refuser que nos services de santé participent dans la tuerie insensée des innocents. On ne construit pas la paix à l’ombre des avortoirs.
En lançant cet appel, je parle tout particulièrement à ceux qui se revendiquent comme catholiques. Je leur demande d’examiner leur conscience afin de discerner s’ils jouent un quelconque rôle dans le maintien de ce mal social. Je leur rappelle qu’ils doivent éviter de coopérer avec le crime innommable de l’avortement, et que cette coopération érige une barrière qui empêche de recevoir la Sainte Communion. Comme nous en avertit saint Paul, « quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe. »
Je manquerais à mon devoir de pasteur si je ne soulignais pas la gravité de cette situation non seulement à l’intention des législateurs mais à tous : mère ; père ; petit ami ; n’importe quel conseiller qui d’une façon ou d’une autre conduit une mère à avorter.
Nous avons beaucoup de moyens d’agir. Nous pouvons faire soutenir un changement législatif qui peut ne pas être parfait, mais qui améliore la situation, les lois visant la réduction des délais légaux ou celles assurant que les parents seront informés du fait que leurs enfants cherchent à avorter, du moment que l’on exprime clairement son opposition de principe à tout avortement. Il faut soutenir les propositions visant à assurer que les femmes envisageant un avortement soient pleinement informées des risques physiques et émotionnels que cela entraînerait pour elles, et de la réalité du développement fœtal.
Nous pouvons travailler afin d’obtenir que, plus il y aura de mise en lumière de ce procédé épouvantable, moins notre société l’acceptera. On voit paraître des signes d’espoir : au début de mai nous avons appris que beaucoup de médecins refusent désormais de coopérer à l’avortement. Ils connaissent, mieux que la plupart, l’humanité des enfants à naître. Nous devons soutenir quiconque se situe sur cette ligne, en croyant toujours que la vérité finira par triompher.
En contemplant de nouveau la scène de la Visitation nous voyons qu’en portant notre Seigneur dans la maison d’Elisabeth, Marie a apporté une grande joie, inspirant même cette joie à l’enfant à naître Jean-Baptiste. De même, en portant le Christ vers le reste de la société, que nos voix soient cause de joie pour les enfants de notre société.
2 commentaires:
On peut lire au chapitre 38 de l'Introduction à la vie dévote (IIIe partie, de l'exercice des vertus) de saint François de Sales :
"Sainte Monique étant grosse du grand saint Augustin le dédia par plusieurs offres à la religion chrétienne et au service de la gloire de Dieu, ainsi que lui-même le témoigne, disant que déjà il avait goûté "le sel de Dieu dans le ventre de sa mère". C'est un grand enseignement, pour les femmes chrétiennes, d'offrir à la divine Majesté les fruits de leurs ventres, même avant qu'ils soient sortis (...)"
Faut-il en ajouter plus ?
Si donc on peut donner des saints à l'Eglise en bénissant les enfants encore dans le ventre de leur mère, qu'en est-il de l'acte qui consiste à les en faire sortir de force et à fin de leur ôter la vie ?
Terrible interrogation...
J'applaudis à l'homélie de l'évêque d'Ecosse !Magnifique ! Mère de 7 enfants , je confirme cette joie de mettre au monde et de rendre grâces pour participer à ce grand mystère de la VIE .
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