11 décembre, 2006

Le coût de l'avortement au Portugal

Si le “oui” l'emporte au référendum sur l'avortement au Portugal, le 11 février prochain, la facture pourra être très lourde pour le Service national de la santé, atteignant jusqu'à 26 millions d'euros par an.

Ces chiffres publiés notamment ici résultent des données actuellement disponibles et estimées. En 2005, aux termes de la loi (socialiste) qui a déjà dépénalisé l'avortement pendant les 12 premières semaines dans des cas précis (mais éventuellement susceptibles d'interprétation large), 906 avortements légaux ont eu lieu au Portugal, dont les deux tiers chirurgicaux. Un avortement chimique par RU 486 coûte 829 euros, l'aspiration-curetage revenant à 1.074 euros, hors complications et matériel clinique.

Si les chiffres donnés par le Planning familial pour les avortements illégaux pratiqués sur les Portugaises sont exacts, soit aux alentours de 25.000 à 30.000 par an, en majorité à l'étranger, on arrive en effet à des coûts qui dépassent largement les 20 millions d'euros par an pour la prise en charge du crime...

Le directeur du service de gynécologie de l'hôpital Sainte Marie de Lisbonne, président du collège de cette spécialité au sein de l'Ordre des médecins, Luis Graça, a fait savoir au Correio da Manha que les hôpitaux portugais n'ont ni les moyens, ni l'obligation de faire des avortements choisis par la femme. “Les hôpitaux publics n'ont pas la vocation de faire des interruptions de grossesse. Ils existent pour soigner les malades. En outre, nous n'avons ni les moyens ni les ressources pour nous occuper de ces cas ; je ne vais pas m'abstenir d'opérer une femme souffrant d'un cancer des ovaires pour donner la priorité à une autre femme qui n'est pas malade, mais qui veut avorter et qui ne peut pas être placée sur une liste d'attente.” Ce médecin ne se dit pas opposé au “droit” à l'avortement de la femme, mais il précise : “La femme peut avoir ce droit, mais il faudra qu'elle en supporte le coût, comme elle le faisait déjà dans le privé. Ce n'est pas au contribuable de payer.”

Une question reste ouverte : celle de savoir si l'estimation proposée par le Planning portugais est conforme à la réalité. On sait que dans un contexte de combat pour la légalisation de l'avortement, le nombre d'interventions clandestines est toujours exagéré.

Mais on peut faire des projections à partir de ce qui se passe ailleurs. Ainsi, la France, avec ses 63 millions d'habitants environ, compte aujourd'hui au moins 200 000 avortements par an. Le Portugal compte près de six fois moins d'habitants, et aurait à cette aune près entre 30 et 40 mille avortements légaux par an.

A noter : le député au Parlement européen, Ana Gomez, estime qu'il faudra changer le code de déontologie des médecins portugais si l'avortement devenait un “droit de la femme” à la suite du référendum.

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