Harry Potter : une interview de Michael O'Brien (1)
S.J. — Comment en êtes-vous, à l’origine, venu à faire la critique de Harry Potter ? Qu’est-ce qui a éveillé votre intérêt ?
M. O'B. — En tant que rédacteur en chef d’un magazine familial catholique au début des années 1990 j’ai commencé à recevoir des lettres de parents demandant mon avis sur un phénomène nouveau qui commençait à se faire jour de plus en plus fréquemment dans la littérature enfantine. A vrai dire je n’en avais aucun ; c’est alors que des gens bien intentionnés ont commencé à donner de tels livres à nos enfant à l’occasion d’anniversaires, ou bien à nous pousser à en avoir chez nous, et j’ai pensé : « Merci beaucoup, mais je crois que je vais regarder cela d’un peu plus près auparavant. »
Plus je lisais, plus je poussais mes recherches, plus je me suis rendu compte qu’il y avait là un changement radical au sein de la littérature et de la culture au sens large, et plus spécialement dans les œuvres visant les jeunes. Les thèmes en étaient certainement de pus en plus violents, même si, jusqu’à un certain point, la littérature enfantine a toujours contenu une part de violence.
Plus inquiétante me paraissait la corruption des symboles traditionnels du bien et du mal dans la civilisation occidentale, et aussi une présentation de plus en plus fréquente des pouvoirs occultes comme le moyen de vaincre le mal, comme si les pouvoirs étaient moralement neutres.
S.J. — Tout cela dépasse donc le phénomène Harry Potter. Il y avait d’autres séries encore.
M. O'B. — Oui, et tout cela existe depuis pas mal de temps. Certains auteurs influents ont fait la promotion de ces thèmes dès les années 1950 et cela s’est accéléré jusqu’à l’apparition de Harry Potter qui constitue un phénomène mondial d’une puissance sans précédent avec son emprise sur l’imagination d’une génération entière. Potter est unique dans l’histoire de la littérature ; rien de tel ne s’était jamais produit auparavant.
S.J. — Comment expliquez-vous cela ? Comment justifier cette popularité ?
M. O'B. — En partie, par le fait que J.K. Rowling est une conteuse de talent, mais elle a également utilisé le style et la technique de la télévision et du cinéma modernes, qui s’emparent de l’imagination en la mitraillant, en la bombardant de stimuli puissants, à un rythme rapide, avec beaucoup de récompenses émotionnelles. Sur le seul plan du style elle a introduit un changement majeur dans la manière de raconter une histoire, et dans la manière dont on les lit.
Chose plus importante, elle a fait accomplir un pas supplémentaire à la paganisation de la culture enfantine : désormais la sorcellerie et l’art de la magie – traditionnellement alliés au mal surnaturel – sont présentés comme moralement neutres. Au mains des « gentils », ils deviennent un instrument pour le bien. Aux mais des « non-gentils » ils sont un instrument au service du mal. Elle a déplacé les lignes de bataille entre le bien et le mal, ce qui peut aboutir à une désorientation, spécialement chez les jeunes qui sont en voie de formation.
Quel que soit son degré d’imagination débridée, la bonne œuvre fantastique nous montre la réalité ultime, « l’ordre moral de l’univers » comme l’appelait Tolkien. Le fantastique corrompu nous montre, ou nous forme à un type de conscience qui peut conduire à penser que le mal est bien et que le bien est mal. Au pire des cas, cela peut avoir des effets à long terme, en poussant intuitivement, inconsciemment le lecteur à faire le mal alors qu’il pense faire le bien. Toute ma critique vise le potentiel. Je ne connais personne qui affirme que les lecteurs de Potter sont voués à se plonger en actes dans la magie ou la sorcellerie. Cependant, des études réalisées par le groupe de recherche Barna ont révélé une augmentation de 12 % des activités occultes parmi les étudiants chrétiens aux Etats-Unis qui avaient lu la série, un phénomène que les étudiants eux-mêmes attribuaient aux livres. Les critiques sérieux s’inquiètent également du fait qu’ils saturent les esprits de symboles du mal et d’aventures où le mal et le bien sont redéfinis.
5 commentaires:
Harry Potter et l'ordre des Ténèbres
Version abrégée
Mona Mikael
Vesrion abrégée, idéale pour ceux qui n'auraient pas le temps de lire l'étude complète déjà parue.
Sous le nom de Harry Potter est désignée une opération de grande envergure présentée comme un divertissement pour la jeunesse : sept livres édités depuis 1997 et mondialement diffusés, et cinq films.
Sous couvert de fiction, il s’agit en fait d’initier les jeunes à l’occultisme et à cette forme particulière d’occultisme qu’est la magie.
Il était donc très important de bien montrer qu’Harry Potter n’est pas une nouvelle fable pour temps modernes, aussi innocente que les contes de Perrault, mais une action subversive qui mérite d’être étudiée à fond.
Sur Livres en famille :http://www.livresenfamille.fr/p4906-mona_mikael_harry_potter_et_ordre_des_tenebres.html
Sur ce lien, votre site en lien....http://www.livresenfamille.fr/p2628-mona_mikael_harry_potter_et_ordre_des_tenebres.html
Merci beaucoup pour ces arguments, voilà qui peut encore faire avancer les choses. Je suis content que vous citiez Tolkien, dont je suis un grand fan.
"Elle a fait accomplir un pas supplémentaire à la paganisation de la culture enfantine : désormais la sorcellerie et l’art de la magie – traditionnellement alliés au mal surnaturel – sont présentés comme moralement neutres."
Je ne vois pas en quoi il s'agirait d'un pas supplémentaire. Les contes de fées de notre enfance opposent aussi bonnes fées et méchantes sorcières.
Harry Potter et l'ordre des ténèbres, 20 € chez votre libraire, ou comment faire de l'argent sur le dos des esprits faibles en leur vendant du complot occultiste de bac à sable.
Pourquoi se priver quand ça marche ?
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