23 novembre, 2006

Grande-Bretagne : Big Brother et les enfants

Selon un rapport commandé par le Parlement britannique et rendu public aujourd’hui, la surveillance étroite et croisée des 12 millions d’enfants et de jeunes d’Angleterre et du Pays-de-Galles proposée par le gouvernement de Tony Blair, et qui doit être opérationnelle d’ici à deux ans, pose de vrais problèmes aussi bien pour l’autorité parentale que pour les enfants eux-mêmes.

Le plan Blair consiste à centraliser de manière informatisée toutes sortes d’informations sur les enfants recueillies auprès des services sociaux, des services de santé, des écoles et le cas échéant de la police et de la justice. Selon les experts mandatés par le Parlement, le système pèche sur plusieurs plans : il n’est pas à l’abri d’erreurs qui pourraient porter tort aussi bien aux parents qu’aux enfants, et – pire – il porte atteinte au droit à la vie privée et à l’autonomie des familles en mettant tout le monde « sous surveillance ». « Cette politique gouvernementale propose de traiter tous les parents comme s’ils étaient incapables d’élever leurs enfants », avertit le rapport.

L’un des auteurs souligne qu’en cas de problèmes réels, l’étendue et le champ des pouvoirs de surveillance que s’arroge le gouvernement sont tels qu’ils « réduisent l’autorité parentale et réduiront leur volonté de rechercher ou d’accepter une aide ».

Il faut dire que tout sera consigné dans la nouvelle base de données : depuis les soupçons de maltraitance jusqu’à un refus de vaccination, la quantité de fruits ou de légumes absorbés par l’enfant ou ses problèmes en classe. Pour les rapporteurs, cela viole les règles britanniques et européennes de protection de la vie privée, et cela même indépendamment du fait que le système n’est pas sécurisé : 400.000 fonctionnaires et travailleurs sociaux auront accès à toutes les données.

Quant au but affiché de l’opération, il n’est même pas servi puisque le rapport note que la collecte d’autant d’informations aboutira à noyer celles qui désignent réellement les cas où un enfant est en danger : « Lorsqu’on recherche une aiguille dans une botte de foin, est-il nécessaire de construire des bottes de foin de plus en plus grandes ? »

Mais le rapport épingle aussi un but moins avouable : « Il s’agit avant tout de détecter les bébés et les enfants qui pourraient constituer plus tard une “menace” ou peser financièrement sur la société, par exemple en devenant mères adolescentes, élèves à problèmes ou délinquants. (…) Cela pose la question de la relation entre l’étiquetage qui peut se transformer en prophétie qui se réalise d’elle-même dans la mesure où tous les adultes traitent l’enfant de manière suspicieuse. Si ce “dépistage” des enfants avait lieu, resterait-il une place pour la responsabilité des parents ? »

Notons que le plan a été élaboré à la suite de l’affaire dramatique d’une petite fille de 8 ans, Victoria Climbie, morte de faim et de mauvais traitements de la part de sa tante et du compagnon de celle-ci. Exactement comme en France, Nicolas Sarkozy et son équipe imposent des solutions similaires en s’appuyant sur le cas des parents indignes de Drancy.

Source : ici.

Aucun commentaire:

 
[]