21 novembre, 2010

C'est arrivé à Madrid…

…il n'y a pas si longtemps. Le 16 novembre pour être exact. Un Père carme sort de son couvent sur le coup de midi, pour porter la Sainte Communion à des malade hospitalisés pas très loin de là. Il est recueilli. Il tient Notre Seigneur entre ses mains. Il fait froid ; il pleut.

A quelques mètres du couvent, le Père Miguel Angel doit attendre pour traverser à un passage piéton. A côté de lui, une jeune fille attend aussi. Se tourne vers lui, le visage triste. « S'il vous plaît, pouvez-vous m'indiquer la clinique El Bosque ? » Le Père répond : « N'y vas pas, n'y vas pas ! »

C'est que la clinique d'El Bosque, à 200 mètres de là,  n'a qu'une activité connue, et depuis des lustres : l'avortement…

La jeune fille semble interdite, Au feu vert, elle commence à traverser. Mais le Père presse le pas pour lui redire : « N'y vas pas, je t'en prie ! Là-bas, ils tuent des enfants. N'y vas pas si tu ne veux pas collaborer avec l'assassinat de ton propre enfant, celui que tu portes en toi ! »

Etonnante sincérité, sans atours et sans – pourrait-on dire – prudence pastorale… Le religieux en habit n'habille pas la réalité, ne craint pas de frapper en paroles, parce que cette jeune femme que la Providence a placée sur son chemin risque de souffrir plus de ce qu'elle a projeté de faire de ce qu'il pourra lui avoir dit. Et d'ailleurs les yeux de la jeune fille s'emplissent de larmes…

Les deux : la jeune femme et le prêtre, marcheront encore longtemps côte à côte, elle sans savoir où elle va, lui en répétant ce qu'il vient de dire, inlassablement. Et aussi : « Ne le fais pas, tu le regretteras toute ta vie ! Attends, nous allons parler ! Attends, nous t'aiderons… »

Après de longues minutes – le Père serre toujours l'Hostie contre son cœur – la jeune fille s'arrête. Elle est seule. Sud-Américaine. Elle a déjà un enfant de 5 ans, amené de « là-bas ». En Espagne, sa nouvelle vie lui a amené un nouveau « fiancé » – qui en apprenant sa grossesse, a menacé de partir ». Elle est seule. Elle risque de perdre son emploi si elle a un enfant. Elle ne sait plus quoi faire…

Pour Monica – elle finira par lui dire son nom – le Père Miguel Angel va déployer un plan stratégique pour sauver son enfant à naître. Des militants du mouvement « Unis pour la vie » lui parlent au téléphone. Mais la jeune femme désemparée préfère encore avorter que de confier son enfant à l'adoption. (Et pendant ce temps le Père prie encore pour que la fécondité spirituelle des prières des sœurs carmélites se manifeste… )

Tout en craignant d'arriver en retard à son rendez-vous pour « commettre son crime », comme l'écrira le P. Micgel Angel, Monica accepte enfin de l'accompagner au couvent.

Là le Père – qui le 28 décembre précédent, participait à une prière publique devant l'avortoir d'El Bosque, choisit de montrer des images d'enfants à naître sur internet – mais aussi des images d'avortement, et des témoignages poignants de femmes ayant avorté. La jeune fille pleure toujours.

Et les coups de fils se succèdent pour essayer de joindre tel ami, telle militante pro-vie. Le P. Miguel Angel connaît un couple exemplaire, leur réponse sera immédiate : ils arrivent !

Monica raconte alors toute son histoire : elle est protestante, baptisée à sa propre demande quand elle était encore toute jeune ; elle est originaire de Bolivie. Son ami l'a laissée seule en apprenant sa grossesse et elle, le matin de son avortement programmé, a prié, prié…

La solution proposée par « Red Madre », « Réseau Mères » auquel appartient le couple ami du P. Miguel Angel, est respectueuse et humaine. Toute assistance sera donnée à Monica pour qu'elle puisse avoir son enfant. Elle sera accueillie dans un centre d'accueil. Une fois l'enfant né, Monica pourra bénéficier d'un système de garde pour que, dès son retour au travail, il soit à l'abri pendant ses absences. Tout cela avec beaucoup de délicatesse, pour que Monica comprenne que la vie qu'elle porte ne lui appartient pas, mais est un cadeau de Dieu pour elle.

A force d'amitié et de vérité, Monica se détend, sourit, rit. Comment appellera-t-elle son enfant si c'est un garçon ? La réponse fuse : Miguel Angel. Elle accepte un rendez-vous chez un gynécologue décroché pour l'après-midi même. Il se révélera lui aussi d'une grande et belle humanité. Monica a changé d'avis ; elle a aussi trouvé la paix. Le P. Miguel Angel reste en contact. D'autres amis ont déjà promis une aide économique et matérielle. Tous espèrent que cette vie naissante « sera pour la gloire de Dieu ». Et le P. Miguel Angel a l'impression d'être sorti victorieux d'une grande bataille…

« Qu'elle est terrible, la solitude et la souffrance de ces jeunes filles », écrit-il pour conclure le compte-rendu de cette belle histoire qu'il a publiée il y a quelques jours, et dont j'ai librement tiré ce récit.

« Cela s'est passé à Madrid, et c'est Dieu qui l'a fait. »

Source : ici.

© leblogdejeannesmits.

3 commentaires:

Kantz a dit…

Que cela nous inspire en France.

Anonyme a dit…

Deo gratias !

Anonyme a dit…

"n'y va pas" au lieu de "n'y vas pas"

 
[]