09 novembre, 2013

Erin Brockovich part en guerre contre le stérilisant Essure

Le ressort Essure
Essure, des laboratoires Bayer, est cet implant qui s'insère, ni vu ni connu comme je le racontais ici, dans les trompes de Fallope pour obtenir une stérilisation facile, rapide, peu invasive, irréversible et insoupçonnable. Son mode d'action? En irritant la trompe, il provoque la scarification des tissus ce qui au bout d'un délai de trois mois aboutit à leur bloquage. Cela se fait en 10 minutes, de manière beaucoup plus simple que la ligature des trompes, et ne nécessite même pas un arrêt de travail : en une pause déjeuner, c'est plié.



Oui, mais… Outre les inconvénients moraux, Essure présente aussi des problèmes sur le plan médical. C'est en tout cas l'avis d'Erin Brockovich, la célèbre avocate des consommateurs incarnée au cinéma par Julia Roberts dans son combat contre la Pacific Gas and Electric dans les années 1990. Et elle est partie en guerre contre Essure sur la foi de près de 1.000 plaintes déposées auprès de la Food and Drug Administration visant des effets indésirables de toutes sortes constatés lors de son utilisation aux Etats-Unis : saignements excessifs, organes perforés, douleurs chroniques, nombre d'hystérectomies d'urgence et peut-être une mort pour laquelle une enquête est en cours.

Erin Brockovich
« Quelque chose ne va pas, à mon avis. C'est une forme de contrôle des naissances permanent, et on constate des perforations d'organes chez des utilisatrices… Il est ridicule qu'on en soit à défendre ce processus. (…) Si 30 femmes présentaient de tels dommages pour une raison inconnue, il y aurait une enquête. Dans les faits, il y a des milliers de femmes qui ont subi des dommages. Je ne crois pas que cet objet soit sûr », a déclaré Erin Brockovich à ABC News.

Elle exige que Bayer cesse de commercialiser Essure et mette en place une investigation sérieuse sur ses effets nocifs.

Mais alors pourquoi, aux Etats-Unis où l'on a la procédure facile et où les « class actions » sont monnaie courante, ne se passe-t-il rien en dehors de cette initiative d'une avocate habituée à se battre « seule contre tous » ? Eh bien, comme de nombreux fabricants protégés par la FDA, Bayer bénéficie pour Essure de la « loi de préemption » qui empêche les consommateurs de se retourner contre les producteurs de produits approuvés par l'organisme de veille en cas de problème. C'est en toute légalité que le laboratoire décline d'emblée toute responsabilité. Essure bénéficie de ce statut depuis qu'il a été approuvé par la FDA en 2002.
Julia Roberts dans “Erin Brockovich”

« La préemption ne concerne pas seulement les femmes sous Essure – elle affecte tous les consommateurs. En cas d'installation d'un tel objet médical, il n'y a pas de recours pour les victimes, et la compagnie est protégée. S'il y a un problème, elle est à l'abri, en raison de la préemption. Je me suis rendue compte tout d'un coup que le consommateur ne le sait pas. Les femmes ne savaient pas que cela existe », explique Brockovich.

La première pétition qu'elle a mise en ligne sur son site dédié constitue précisément la demande de levée du statut protégé d'Essure.

Le même site rassemble des témoignages de femmes sous Essure.

Melanie Goshgarian, du Massachusetts, a été victimes de douleurs atroces et de saignements très lourds pendant les quatre jours suivant l'insertion. On lui répondait que c'était « normal », le temps que le corps d'habitue. Mais allergique au nickel – le métal de fabrication du petit ressort – la jeune femme est depuis hypersensible à tout ce qui en contient : les poignées de porte, la monnaie, les clefs. Il lui suffit de les toucher pour expérimenter une forte douleur, et des irritations pendant une demi-heure.

Jessica LaVallie a dû être hospitalisée dans la foulée de l'insertion, victime d'une infection qui a duré cinq jours. Avec des séquelles : perte de mémoire, fatigue, douleurs, migraines, des ballonnements si importants qu'elle avait l'air enceinte. Il lui a fallu subir une hysterectomie partielle pour enlever Essure.

Chez Maria Larsen, la scarification s'est étendue à d'autres organes : vessie, utérus, intestins. Il a fallu une lourde opération pour les séparer.

C'est le risque inhérent à toute implantation d'un corps étranger dans l'organisme : la « douleur chronique », a expliqué à ABC News le Dr Jennifer Ashton, qui pour sa part refuse de proposer Essure à ses patientes.

Bayer continue de son côté d'assurer qu'Essure présente un bon profil bénéfice-risque : « 400 publications scientifiques le déclarent sûr, efficace et bénéficiant d'un bon rapport qualité-prix. » « Nous sommes attristés d'apprendre qu'une utilisatrice de nos produits souffre d'ennuis de santé graves, indépendamment de leur cause. Aucune forme de contraception n'est sans risque ni ne devrait être considérée comme adéquate pour n'importe quelle femme. »

700.000 femmes ont un implant Essure dans le monde. En France, à la fin de 2011, on parle de 70.000 femmes utilisatrices sur les sites féminins ; Essure est remboursé par la sécurité sociale depuis 2006. Selon un rapport de la Haute autorité de santé publié en juin 2012, la « population cible » pour le produit est de 30.000 femmes par an. Il rappelle qu'en 2000, 8 % des femmes de 25 à 44 ans étaient Basée à Mountain View, en Californie, Conceptus emploie environ 300 personnes et a généré des ventes nettes de 141 millions de dollars US (environ 110 millions d’euros) pour l’exercice 2012.. Depuis cette date, la stérilisation a fait son entrée dans la loi comme méthode volontaire de contrôle des naissances.

Le laboratoire qui a développé Essure, et qui a été racheté par Bayer (une OPA a permis l'achat de 94,6 % du capital pour 852 millions d'euros en juin dernier) s'appelle Conceptus, cela ne s'invente pas.

Basée à Mountain View, en Californie, Conceptus emploie environ 300 personnes et a généré des ventes nettes de 141 millions de dollars US (environ 110 millions d’euros) pour l’exercice 2012, selon Bayer.

Ci-dessous, le film explicatif de Conceptus sur la procédure d'insertion d'Essure, « barrière naturelle » (sic !) contre la grossesse.





Sources : LifeSite, ABC News, et celles citées ci-dessus.


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