21 janvier, 2020

Mon intervention à l'“Acies Ordinata” de Münich, version française

Voici la traduction que j'ai faite de mon intervention lors de la conférence de presse qui a suivi notre heure de prière publique à proximité de la résidence du cardinal Marx, président de la conférence épiscopale allemande et proche conseiller du pape François, le samedi 18 janvier. L'un des principaux organisateurs d'« Acies Ordinata » (aciesordinata.org, de la Fondazione Lepanto),  le Pr Roberto de Mattei, qui lui-même a invité à cette occasion les catholiques allemands fidèles à ne pas payer la taxe ecclésiastique, m'avait priée d'aborder la question du ministère ordonné pour les femmes qui fait partie des revendications de la « voie synodale » des Allemands : la Synodaler Weg.


Dans une lettre cosignée par le cardinal Reinhard Marx et le professeur Thomas Sternberg, président du Comité central des catholiques allemands, envoyée en décembre dernier aux fidèles de ce pays, cette invitation a été lancée : parcourir « ensemble un chemin de changement et de renouveau ». Tout a commencé avec la volonté de « faire de l'Église un lieu sûr », à la suite du scandale des abus sexuels. Sur ce « chemin de changement », qui a été mis en place par l'équipe qui orchestre le "Synodalerweg" en vue d'aller dans une seule direction , la question de la place des femmes dans l'Eglise et dans les ministères ecclésiaux est l'un des quatre thèmes principaux.

Quel est son rapport avec les abus sexuels dans l'Église ? Quasi inexistant, sauf à considérer que le fait de mettre des femmes dans le chœur empêchera une minorité de pervers d'être attirés par les garçons et les jeunes.

En lisant les conclusions de la conférence conjointe du groupe de travail sur le cheminement synodal, j'ai été frappée par leurs attaques ouvertes contre la doctrine de l'Église sur la place des femmes. Il s'agit expressément d'adapter l'enseignement traditionnel, dans le monde entier, à ce qu'ils appellent la « théologie scientifique » et à l'idée générale et floue selon laquelle les choses ont changé et qu'il faut laisser les femmes accéder à toutes les places. Y compris au diaconat et peut-être même au sacerdoce.

A une époque où l'idéologie de genre est très répandue, il peut leur sembler judicieux de proclamer une forme d'interchangeabilité entre hommes et femmes qui conduirait finalement à ordonner des femmes ou des hommes prêtres sans tenir compte de leur sexe biologique : ce serait le comble de la confusion de genre.

Ils veulent une « Église qui respecte l'équité de genre », qui serait à leurs yeux la seule « vraie » Église. Dans cette Église à laquelle ils aspirent, les femmes continueraient de faire ce qu'elles font déjà, souvent magnifiquement : enseigner le catéchisme, transmettre la foi et l'amour de Dieu… Mais ils veulent aussi une Église où les femmes feront de plus en plus ce qu'elles n'ont commencé à faire que récemment : jouer un rôle actif dans la liturgie, distribuer la communion, voire prêcher comme l'a suggéré récemment le cardinal Marx et, en général, gérer des paroisses, des diocèses et pourquoi pas des dicastères entiers.

Si on peut avoir des généraux femmes, pourquoi pas des femmes évêques ? Le seul problème avec ce soi-disant argument est qu'on ne peut même pas argumenter contre les femmes « générales » sans être déclaré coupable de sexisme et de discrimination. Il semble que la voie synodale allemande veuille faire tomber l'Église dans un piège.

Il serait politiquement incorrect aujourd'hui de se moquer de la femme du vicaire si envahissante dans les communautés protestantes, mais au fond, les réformateurs synodaux semblent vouloir multiplier au sein de l'Église catholique le nombre de toutes ces redoutables dames d'Église qui découragent peut-être les hommes d'être des pratiquants réguliers... Ils parlent même de quotas de femmes dans les postes de direction, comme si l'Église n'était pas modelée sur la famille, mais sur le monde des affaires.

La vraie égalité, mais aussi les profondes différences et la complémentarité entre hommes et femmes ont été exprimées au cours des siècles par la profonde sagesse de l'Église. Elle attend des hommes qu'ils servent Dieu en tant qu'hommes, et des femmes qu'elles le fassent en tant que femmes. Et en cela elle se trompe, disent les réformateurs – non, les révolutionnaires – qui veulent réexaminer et réévaluer même l'Évangile, et vérifier si le refus traditionnel d'ordonner les femmes est « contraignant » ou non.

En tant que femme, journaliste – j'ai été auparavant directrice et rédactrice en chef de plusieurs publications – et catholique, je ne peux que dire combien je trouve pathétique cette approche égalitaire. Elle est pathétique et elle est même dangereuse pour ma foi et pour l'Église que j'aime, parce qu'elle est prête à bouleverser toute l'économie de la Rédemption, la vérité et la beauté des rôles respectifs de notre Seigneur Jésus, Fils de Dieu, et de la plus parfaite de toutes les créatures humaines, sa Vierge Mère.

Celle-ci n'a pas fait pression pour obtenir un rôle de premier plan, elle a tourné tous nos yeux vers Lui, son Fils, et pour cela elle savait que toutes les générations l'appelleraient bienheureuse. Elle était au pied de la Croix, non pour immoler mais pour offrir. Elle a souffert avec son Fils divin pour racheter l'humanité, mais elle n'a pas offert son propre corps aux clous et à la lance des bourreaux. Elle a reçu là la mission d'être la Mère miséricordieuse de nous tous. Son honneur était de servir, comme il est aussi, maintenant, de régner sur tout l'Univers, en tant que Reine, même des Anges. Il n'y a pas de meilleure théologienne qu'elle, qui a porté le Logos dans son esprit, dans son coeur et dans son sein.

Je crois que c'est un exemple plus que suffisant, et très difficile à suivre, même pour une femme. Je regrette que l'Église catholique en Allemagne tente de minimiser le rôle clef traditionnel des femmes afin de les laisser jouer à l'homme. C'est injuste pour les hommes, et c'est injuste pour les femmes, mais surtout, ce n'est pas juste envers Dieu, qui a défini le rôle de chacun dès le début, et qui a donné à une femme la toute première place, en raison de son humilité.

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