11 mars, 2019

Observations de Jeanne Smits à propos du quotidien “Présent”

Francis Bergeron, actuel gérant du quotidien Présent, y a publié la semaine dernière deux pages sur l’état financier du journal comportant des mises en cause nominales et largement mensongères de deux collaborateurs de la première heure, Rémi Fontaine et Yves Brunaud, partis depuis la prise de pouvoir du même Bergeron et de ses amis en mars 2014.

Ces pages ne lui font pas honneur.

En tant qu’ancienne directrice de la publication et de la rédaction, ayant quitté Présent peu après ladite prise de pouvoir pour des raisons de désaccord personnel profond avec la nouvelle ligne du journal, je tiens à dire ma solidarité avec Rémi Fontaine et Yves Brunaud face à cette attaque injuste.

Je me bornerai à une remarque à propos de cette double page : Francis Bergeron y évoque les « vrais lecteurs payants » du journal, « aux environs de 10.000 ». Non pas « lecteurs », mais bien « lecteurs payants ».

Si l’on estime qu’un lecteur payant de Présent rapporte quelque 300 euros par an en chiffre d’affaires (évaluation approximative, mais basse, fondée sur le coût de l’abonnement annuel, de l’abonnement internet, des recettes des ventes en kiosques), cela signifierait que les recettes annuelles du journal, hors subvention d’Etat, représentent quelque 3 millions d’euros.

Sachant que les charges d’exploitation (disponibles au greffe où Présent dépose ses comptes chaque année) représentaient en 2017 moins de la moitié de cette somme, on se demande comment cette année-là la SARL pouvait afficher une perte d’exploitation non négligeable et lancer un dramatique appel au secours au printemps suivant, en 2018.

Le chiffre de 10.000 lecteurs payants ne peut donc correspondre à la réalité. Au vu des comptes, on peut l’évaluer à environ 2.500 en 2017, abonnements et ventes en kiosques confondus, et il ne semble pas que la situation se soit améliorée depuis, sans quoi Présent ne serait pas aux abois en raison d’une note judiciaire de 35.000 euros dans l’affaire Yves Brunaud, au demeurant non exigible actuellement dans la mesure où la SARL est sous procédure de sauvegarde jusqu’en août prochain.

Pourquoi ce besoin de mentir ?

Je ne regrette décidément pas d’avoir pris la douloureuse décision de ne plus signer dans Présent à compter du changement de direction intervenu le 3 mars 2014 et d’avoir ensuite quitté le journal en invoquant la clause de conscience des journalistes professionnels (affaire actuellement devant la cour d’appel de Paris).

Je ne saurais cautionner les accusations fallacieuses de l’équipe actuelle à l'égard d'anciens collaborateurs, ni de nombreux changements éditoriaux intervenus à la suite de cette prise de pouvoir : ils vont d’un soutien quasi total à Marine Le Pen à l’ouverture régulière des colonnes du journal à une « droite » anti-catholique, en passant par ce qui a été à mes yeux le plus grave – la publication d’une interview sans réserves du poutiniste guénonien Alexandre Douguine en janvier 2017. Ma présentation de ce personnage est ici.


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