04 décembre, 2018

Mgr Carlo Maria Viganò répond aux accusations d'escroquerie à l'héritage utilisées pour discréditer son témoignage à propos du pape François

Les avocats de Mgr Carlo Maria Viganò viennent de réagir de manière très précise aux informations qui ont circulé à propos d'un différend judiciaire qui l'opposait à un de ses frères, prêtre et handicapé, dans le cadre du règlement d'une succession un peu compliqué. Mgr Viganò nie catégoriquement avoir escroqué son frère, Lorenzo, de la somme de 1,8 million d’euros qu'un récent jugement du tribunal de Milan vient d'ordonner à l’ancien nonce apostolique à Washington de rétrocéder à son frère. S’il n'a pas été fait appel de ce jugement, devenu de ce fait définitif, celui qui a fait les gros titres de la presse à travers ses témoignages mettant en cause le pape François, notamment dans le dossier de l’ex-cardinal Theodore McCarrick, a tenu à fournir des explications. Le jugement du 9 octobre dernier du tribunal de Milan a en effet été largement utilisé, depuis que les journaux en ont eu connaissance à la mi-novembre, pour discréditer ces témoignages.

Les médias italiens avaient ouvert le bal en accusant Mgr Viganò de « fraude », d’« escroquerie », de « détournements de fonds » et de « vol » à l’encontre du P. Lorenzo, faisant apparaître l’affaire comme preuve de la fondamentale malhonnêteté du prélat :  le grand accusateur pris la main dans le sac, en quelque sorte.

Il faut savoir que le jugement de Milan est tombé neuf ans après l’ouverture de la procédure par le P. Lorenzo, prêtre du diocèse de Pavie vivant actuellement à Chicago, et six semaines après  la publication du premier témoignage de Mgr Viganò. Le 19 octobre suivant, celui-ci publiait son  troisième et dernier témoignage en date. La concordance des dates est  pour le moins troublante : disons que l'affaire judiciaire tombe à point nommé pour permettre l'allumage d'un contre-feu.

Le  communiqué rendu public par les avocats de Mgr Viganò explique que celui-ci ne fait pas appel dans l'intérêt de la paix et qu'il espère retrouver de bonnes relations avec son frère. La somme de 1,8 million d’euros ainsi que les frais judiciaires afférents ont déjà été versés.

Pour comprendre la lecture du communiqué, il faut d'abord connaître certains faits tels qu’ils ont été résumés par LifeSiteNews.

Les Viganò étaient des industriels de Lombardie, à la tête d’une fortune considérable, fruit de l’aciérie familiale. A la mort du père, les actifs furent partagés parmi les huit enfants, chacun recevant ce qui correspondait à son sens le mieux à leur état de vie : les affaires industrielles échurent aux garçons, d'autres actifs revinrent aux filles, tandis que les deux fils prêtres, Carlo Maria et Lorenzo héritèrent de très riches terres agricoles à proximité de Milan, dont la gestion pourrait être confiée à un bon intendant, de telle sorte que les deux  hommes puissent se vouer sans réserve à leur mission sacerdotale. Ils disposaient d'un pouvoir conjoint sur leur part qu'ils administraient de concert : celle-ci représentait 20 millions d’euros pour ce qui est des terres et de 6 millions d'euros en liquidités. Chaque frère pouvait  agir au nom de l’autre. Ensemble, ils avaient décidé d'allouer une part importante de leurs biens à des œuvres charitables : des bourses étudiantes pour des jeunes venant de pays pauvres, la construction du monastère carmélite « Fiat Pax » à Gitega, au Burundi…

Les bâtiments de ce monastère ont coûté plus de 2 millions d'euros : les deux frères les ont dédiés à leurs parents, Adeodato et Sophia, comme le rappelle une plaque commémorative sur place :

Le carmel “Fiat Pax” à Gitega, Burundi, financé par les frères Viganò



La plaque commémorative au carmel “Fiat Pax”
En 1996, le P. Lorenzo a été victime d’un AVC qui l’a laissé dans le coma pendant deux semaines. Il devait en sortir mais garder des séquelles importantes, puisqu'il était désormais hémiplégique. Mais pour ce qui est des relations avec son frère, elles se dégradèrent, comme l'explique le communiqué des avocats de Carlo Maria, en novembre 2008, date à laquelle le père Lorenzo cessa subitement et totalement de communiquer avec Mgr Viganò, affirmant que ce dernier cherchait à le kidnapper. C'est à ce moment-là qu'il devait fuir Milan.

LifeSite a appris qu'en 2009, le père Lorenzo annula la procuration réciproque qui permettait aux deux frères de gérer leur héritage l’un pour l’autre. C'est depuis ce moment-là que tout leur patrimoine immobilier a été géré par des avocats, Lorenzo refusant définitivement de reprendre contact avec son frère.

Au cours de la procédure qui a abouti à la décision du tribunal de Milan évoquée plus haut, selon LifeSite, le P. Lorenzo a nié qu'il eût accepté d'allouer des fonds pour la construction du monastère carmélite du Burundi. En faisant le bilan de leur héritage commun, il a donc été décidé par le tribunal que cette dépense devait être intégralement imputée sur la part de Mgr Viganò ;  c'est notamment pour cette raison qu'il lui a été ordonné de restituer 1,8 millions d’euros à son frère.

Voici ma traduction complète du communiqué des avocats de Carlo Maria Viganò, à l’aide notamment de la traduction officielle en anglais publié par LifeSiteNews dans le cadre d'un article signé Diane Montagna. – J.S.

« Au vu de récentes informations sans fondement publiées par de multiples journaux et médias, relative à une supposée condamnation pour « fraude », « vol » ou détournement de fonds, au détriment de son frère, le P. Lorenzo Viganò, Mgr Carlo Maria Viganò, archevêque, déclare ce qui suit : 
1. Le tribunal de Milan, par un jugement numéro 10.359/2018 du 9 octobre 2018, a commandé à Mgr Vigano de payer, à la suite d'une requête judiciaire en vue de la division des actifs et de l'ajustement des débits et crédits mutuels avec son frère Don Lorenzo Viganò, la somme principale d’environ 1,8 million, 1 m en regard avec une demande initiale de don Lorenzo Viganò portant sur près de 40 millions d’euros, chiffre macroscopiquement irréaliste compte tenu de la valeur effective des biens détenus en commun par les deux frères ; 
2. Dans le cadre de ladite sentence, dont aucune des deux parties n'a fait appel et qui est donc devenue définitive, le tribunal de Milan a rejeté toutes les autres demandes présentées par Don Lorenzo Viganò, qui avait enclenché la procédure contre son frère en refusant toute médiation de la part de la famille ; 
3. Mgr Viganò a déjà spontanément soldé toutes les sommes fixées par la sentence ; 
4. Don Lorenzo Viganò, à l'issue de cette sentence, a perçu substantiellement ce qu'il aurait reçu s'il avait accepté les propositions de transaction formulées par son frère, pro bono pacis, au cours de la procédure ; 
5. Depuis plus de dix ans Don Lorenzo Viganò a soumis Mgr Viganò à un siège judiciaire et à une véritable campagne de diffamation dans la presse, omettant d'informer les journalistes complaisants que les accusations du P. Lorenzo Viganò  ont dû être abandonnées ou ont été écartées dans le cadre des 10 poursuites civiles, criminelles et administratives intentées à ce jour ; 
6. Néanmoins, Mgr Viganò a toujours subi en silence ces agressions, pour éviter de futures instrumentalisations des affaires judiciaires familiales, qui n’ont rien à voir avec les autres « affaires » institutionnelles bien connues dans lesquelles il a été impliqué ;
7. Les biens meubles et immeubles sont parvenus aux deux frères en tant qu’héritage indivis de leurs parents, qui étaient entrepreneurs dans le domaine industriel ; 
8. Mgr Viganò a affecté la plus grande partie du dit patrimoine à des œuvres caritatives et religieuses, parmi lesquelles la construction d’un séminaire au Nigeria et un Carmel au Burundi, et il continuera de le faire ; 
9. Quant aux douloureux rapports personnels avec son frère, Mgr Viganò aime profondément son frère Don Lorenzo et il ne cessera jamais d’espérer et de prier pour que son frère refasse la paix avec lui et reprenne avec lui les relations que celui-ci a unilatéralement, totalement et subitement fait cesser à la fin novembre 2008, lorsqu’il s’est enfui de Naples en accusant son frère, Mgr Carlo Maria, de chercher à le séquestrer. C’est aussi pour ce motif, alors qu’il avait des raisons valables pour ce faire, que Mgr Viganò n’a pas fait appel du jugement de première instance alors même qu’il l’estime, par de nombreux côtés, erronée et injuste. 
10. Mgr Viganò a l’intention de confier à ses avocats la charge de poursuivre en correctionnelle toute tentative de diffamation à son égard. »
Communiqué traduit par Jeanne Smits

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