14 octobre, 2015

La « gradualité de la loi » critiquée par les évêques polonais : un article du jésuite Dariusz Kowalczyk

Que votre oui soit oui, que votre non soit non… C'est sous le titre « Oui, oui; non, non », ou la gradualité de la loi – Commentaire théologique » que le site des évêques polonais publie en cinq langues – le polonais, l'italien, l'espagnol, l'anglais et le français – un rappel serré de la doctrine catholique sur la gradualité de la loi et la loi de gradualité, par le père jésuite Dariusz Kowalczyk. Je reproduis ici la traduction française : la source est par là. Mercredi, le site des évêques publiait également un rappel sur la grâce, et notamment la grâce sanctifiante.

Voilà qui en dit long sur la crainte des évêques de Pologne de voir l'enseignement de l'Eglise « oublié » dans la confusion du synode sur la famille.



Le terme « gradualité de la loi », utilisé par certains dans les discussions sur la moralité, y compris l’éthique conjugale, n’est pas tout à fait nouvelle. Déjà en 1980, Jean-Paul II s’y opposa, convaincu que la progression (gradualité) de la croissance de l’homme ne doit pas être confondue avec la « gradualité de la loi », « comme s’il y avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les situations diverses » (Jean-Paul II, Homélie à la messe de clôture du VIe Synode des Évêques, 25 octobre 1980, nº 8). 
La « gradualité de la loi » propose une morale progressive, adaptée aux attitudes et aux opinions des gens, ici et maintenant. Ses partisans l’utilisent principalement dans le domaine de la sexualité, mais n’appliquent pas, par exemple, quand il s’agit du commandement « Tu ne voleras pas ». Les relations sexuelles seraient une « forme de communication » relative et, en tant que telle, ne devrait pas être jugée à la lumière des lois immuables de la nature humaine, dont ils nient d’ailleurs l’existence. 
En ce qui concerne le mariage, la « gradualité de la loi » serait justifiée du point de vue suivant : Il existe une diversité de liens – hétérosexuel, homosexuel, polygame, monogame – ; or, on peut vivre chacun de ces rapports et être en accord avec le Dieu révélé en Jésus Christ, même si l’idéal est le mariage monogame stable entre un homme et une femme, ouvert à la vie. De telles vues sont accompagnées par un discours sur la miséricorde, qui est mise en opposition avec les commandements. On tente parfois d’étayer la « gradualité de la loi » avec des citations de l’Écriture, par exemple les paroles de Jésus : « A vous, les légistes, malheur, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter et vous-mêmes ne touchez pas à ces fardeaux d’un seul de vos doigts ! » (Lc 11,46). Pourtant, quand on prend tout l’Evangile et la Tradition de l’Eglise dans leur intégralité, la « gradualité de la loi » est inconciliable avec eux. En effet, la rigueur hypocrite est une chose, et appeler un chat un chat est une autre, y compris quand on appelle péché le péché. 
La loi inhérente à la nature des créatures et de la révélation de Dieu n’est pas progressive, et le sens de l’aventure humaine ne consiste pas à passer par des incarnations successives, mais à faire des choix responsables devant Dieu et devant les hommes. La miséricorde, d’autre part, telle que le Christ nous l’a révélée, n’est pas le « graduel » estompage de la volonté de Dieu, mais sa proclamation « à temps et à contretemps », même au prix de la vie, comme un bien pour chaque personne.

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