13 juillet, 2015

Marcelo Diez, le “Vincent Lambert” argentin, est mort naturellement, quelques heures après le feu vert de la Cour suprême argentine pour qu'il soit privé d'hydratation

Marcelo Diez, 21 ans en état de conscience minimale
Le jeune homme argentin qui se trouvait depuis des années au centre d’une bataille judiciaire très semblable à celle qui se joue autour de Vincent Lambert en France est mort, mardi dernier, de cause naturelle à Neuquén. Marcelo Diez a passé 21 ans dans un état de conscience minimale (requalifié en « état végétatif persistant » par ceux qui voulaient le voir mourir). Les dernières années de sa vie ont été marquées par la demande de ses deux sœurs de lui voir appliquer l’arrêt de l’hydratation et de la nourriture, parce qu’il leur aurait dit oralement jadis qu’il ne souhaiterait pas être « maintenu artificiellement en vie ». L’ironie du sort a voulu que la Cour suprême de la Nation de l’Argentine rendre sa décision autorisant l’arrêt des « traitements » – et donc la mort de soif de Marcelo Diez – quelques heures à peine avant son décès, avant que la cruelle mesure ne pût être mise en route.
Cette mort naturelle est venue symboliquement contredire la décision prise par trois juges sur quatre en faisant plus que lui couper l’herbe sous le pied : elle a  montré que les personnes cérébrolésées partent à leur heure.
Marcelo Diez avait été victime d’un accident de moto il y a 21 ans. Gravement blessé, il avait subi des lésions cérébrales supplémentaires du fait d’une infection nosocomiale et c’est celle-ci qui a rendu son état très similaire à celui de Vincent Lambert, avec notamment une atteinte aux zones cérébrales qui font communiquer les deux hémisphères.
Pendant les premières années suivant son accident, ce sont les parents du jeune homme qui l’ont accueilli chez eux. Au bout de plusieurs années, il avait fallu, alors qu’ils vieillissaient, le transférer dans un établissement sanitaire. C’est après la mort des parents de Marcelo Diez que ses deux sœurs ont commencé à réclamer pour lui l’arrêt de l’hydratation et de la nourriture, alors même que le personnel soignant de la clinique qui l’hébergeait se battait pour le respect de sa vie, soulignant la réalité de ses réactions, de ses goûts, de sa vie en un mot.
Ces dernières années, c’est l’Eglise qui a pris à sa charge l’hospitalisation et les soins de Marcelo Diez.
Marcelo Diez a dû être transféré vers le service de soins intensifs d’un autre établissement fin juin, victime d’une pneumonie. C’est là qu’il est mort le 8 juillet dernier d’une septicémie, non sans avoir été traité par antibiotiques qui n’ont pas réussi à juguler l’infection.
En mourant quelques heures après l’arrêt de la Cour suprême, Diez a bien involontairement donné à celui-ci force jurisprudentielle. Car s’il n’a pas pu s’appliquer pas à son cas, il a posé des principes qui ouvrent clairement la porte à l’euthanasie lente, ainsi que l’ont souligné plusieurs spécialistes en bioéthique en Argentine. Si Marcelo Diez était mort avant le rendu de l’arrêt, celui-ci aurait été sans objet par le fait même.
Les juges argentins se sont défendus d’avoir voulu ainsi donner un soubassement légal aux pratiques euthanasiques. Tout comme le Conseil d’Etat en France et la Cour européenne des droits de l’homme, ils ont sans hésiter assimilé la nourriture et l’hydratation à des « traitements médicaux » alors même qu’elles remplissaient pleinement leur fonction de nourrir et d’hydrater ; ils ont jugé que sa survie était « artificielle » et que le témoignage de ses sœurs était suffisant pour établir qu’il n’aurait pas voulu « vivre ainsi ».
« Abstention thérapeutique », voilà les mots derrière lesquels les juges se sont abrités en assurant qu’il n’appartient à personne, juges, médecins ou membres de la famille de juger de la « dignité » d’une vie, mais qu’il fallait à tout prix respecter la « volonté » du patient.
C’est cette « autonomie » du patient qui est à la racine des tentatives actuelles de légaliser toutes les pratiques à la marge de l’euthanasie : permettre de choisir la mort sans en avoir l’air. En l’occurrence, il s’agit pourtant bien de provoquer une mort qui ne serait pas causée par la condition sous-jacente du patient : en refusant l’eau au patient, c’est sa mort qui est recherchée, et elle est inéluctable.
Mgr Virginio Bressannelli a rencontré les sœurs
de Marcelo Diez
Mgr Virginio Bressannelli, évêque de Neuquén en Argentine, a sévèrement critiqué la décision de la Cour suprême lors d’une conférence de presse, affirmant qu’elle aurait abouti à une « euthanasie par omission ». « Refuser les soins de base c’est, au fond, provoquer la mort. »
Il n’était pas en état végétatif, a insisté le prélat, soulignant que Diez « était capable d’enlever sa chemise ; quand on lui mettait de la musique, son visage s’illuminait, mais il suffisait de lui en mettre qu’il n’aimait pas pour qu’il montre son déplaisir ».
La mort de Marcelo Diez, quasiment « par surprise », a « évité un traumatisme à Neuquén », a encore souligné Mgr Bressannelli : «  Dieu l’en a  libéré. »

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