01 février, 2015

Selon le cardinal Baldisseri, le pape a vu et approuvé les documents les plus controversés du synode avant leur publication

Je rebondis sur cet article publié par Yves Daoudal sur son blog, à propos de la volonté du pape qui avant d'exiger, à ce qu'on dit, l'inclusion des paragraphes sur les divorcés remariés, les unions illégitimes et les unions homosexuelles dans le document final du synode alors même qu'ils n'avaient pas obtenu la majorité des deux tiers, a approuvé personnellement la relatio post disceptationem publiée à mi-parcours.

Qualifié par John Smeaton, co-fondateur de Voice of the Family, d'« un des pires documents officiels de l'histoire de l'Eglise », ce rapport d'étape avait été qualifié de « manipulation » à la fois en raison de son contenu, qui soumet à la discussion des points qui n'en souffrent aucune comme le jugement à porter sur l'union homosexuelle ou l'impossibilité de laisser accéder à la communion des divorcés « remariés », et de la manière dont ce contenu y a été introduit, à la barbe des pères synodaux, lors d'une manœuvre apparemment bien préparée puisque la relatio post disceptationem a été distribuée en plusieurs langues dès sa publication, avec une rapidité inouïe.

Le secrétaire général du synode des éveques, le cardinal Lorenzo Baldisseri, a déclaré à Aleteia que ces documents ont « tous été vus et approuvés par le pape, avec l'approbation de sa présence ». Et il a tenu à préciser : « Même les documents au cours du synode, comme la relatio ante disceptationem (rapport préliminaire), la relation post disceptationem  et la relatio synodii (rapport final) ont été vus par lui avant publication.

« Ce point est important non seulement à cause de son autorité, mais cela met également à l'aise le Secrétaire général », a-t-il dit, avec « une pointe d'ironie désabusée », note Aleteia. On comprend l'idée : alors que les ondes de choc des différents épisodes pour le moins étranges du synode ont mis beaucoup de catholiques mal à l'aise, et que des cardinaux comme Burke, Gerhard Muller, George Pell ou Wilfred Napier ont publiquement averti des dangers auxquels est exposé la doctrine du fait de leur publication, celui qui peut en être tenu pour responsable en tant que « dirigeant » du synode peut rejeter la responsabilité à l'échelon supérieur. Critique les textes, et encore davantage, remettre en cause le bien-fondé de leur publication, c'est en somme s'en prendre au pape en personne.

Le cardinal Baldisseri a répété ce qui avait déjà été dit : c'est le pape qui a exigé la publication des paragraphes rejetés faute de majorité des deux tiers dans le rapport final, ce qui a abouti à leur prise en compte dans les lineamenta qui servent de base aux discussions qui mèneront vers le synode final à l'automne.

Le cardinal s'exprimait en marge d'un colloque privé co-organisé par le Conseil pontifical sur la famille à Rome la semaine dernière. Au cours des échanges avec les participants, le cardinal Baldisseri a rétorqué à l'un d'entre eux qui se disait « choqué » et « inquiet », à l'instar de beaucoup de catholiques pro-vie et pro-mariage à travers le monde, à propos de la suggestion du cardinal Kasper d'ouvrir la communion aux divorcés « remariés ». Selon la journaliste d'Aleteia Diana Montagna, le cardinal a répondu que ce « choc » était mal à propos. « Nous ne devons pas être choqués quand s'exprime une positions différente de la doctrine commune. Il n'y a aucune raison d'être scandalisé lorsqu'un cardinal ou un théologien exprime quelque chose qui diffère de l'ainsi nommée “doctrine commune”. Cela n'implique pas une opposition. Parce que le dogme possède sa propre évolution : c'est un développement, et non un changement. »

Bien entendu, ce n'est pas le pape qui dit tout cela. Mais les propos de Baldisseri s'ajoutent à ceux du cardinal Marx (commentés ici) qui attribuait dès novembre au pape François la responsabilité de la décision qui a fait inclure les paragraphes controversés dans le rapport final du synode.

Hilary White de LifeSiteNews qui a commenté ces propos du cardinal Baldisseri, avait mis en évidence quelques jours plus tôt l'intervention qu'il a tenue lors du colloque sur la famille à Rome : un discret mais réel plaidoyer pour que la proposition du cardinal Kasper soit acceptée lors du prochain synode. Discret, parce qu'il s'est contenté de donner le ton lors d'une session de questions et de réponses, sans prendre explicitement position, en montrant son irritation à l'égard de ceux qui voulaient obtenir des assurances sur le respect de la doctrine traditionnelle de l'Eglise, et en s'abstenant de réagir face à ceux qui l'attaquent. L'intervention elle-même, prudente, annonce l'ouverture des discussions et des études sur les points qui sans atteindre la majorité des deux tiers des voix, ont tout de même obtenu une « majorité absolue », ainsi que le cardinal Baldisseri a choisi de le souligner.

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