05 août, 2014

Pays-Bas : l'association pour le droit de mourir ouvre des consultations d'euthanasie

Depuis le 1er août, l'association néerlandaise pour le droit de choisir sa fin de vie, la NVVE, a lancé une campagne de consultations d'euthanasie dans 32 villes du pays afin de répondre aux questions de ses membres sur l'accès à la piqûre létale, la manière d'organiser son euthanasie en cas de perte de la capacité d'exprimer sa volonté ou la valeur et la teneur des testaments de fin de vie.

L'initiative a mobilisé autant d'équipes qui reçoivent gratuitement tout membre de l'association – il y en a 150.000 au total – avec un objectif très clair : aider les personnes qui ne sont pas sûres de pouvoir faire respecter leur volonté d'obtenir l'euthanasie, notamment celles dont le médecin traitant est objecteur de conscience, à organiser leur mort par avance.

L'un des principaux « services » rendus au cours de ces consultations consiste en l'aide à la rédaction de ce qu'on appelle aux Pays-Bas la « déclaration de volonté » : des directives anticipées que les patients cherchent à graver dans le marbre pour le cas où elles deviendraient démentes ou incapables d'exprimer leur volonté.

Mais avant tout, ainsi que le raconte une femme de 63 ans ressortie enthousiaste d'une de ces consultations, il s'agit de recevoir des conseils sur la manière de s'y prendre avec son médecin traitant. Comment lancer le sujet ? Comment faire accepter la demande d'euthanasie par lui, par la famille, par les proches ? Pour elle, se préparer à cet événement certain qu'est la mort est une manière d'alléger la charge et la peine qui pèseront sur les épaules des enfants, le moment venu. Le message lancé au cours des consultations est clair : il ne faut pas tarder, ne pas imaginer que son médecin est « contre », jouer cartes sur table.

De la part de la NVVE, la démarche est militante. Et même doublement, puisque l'on peut supposer que les consultations ne lui permettront de prêcher qu'à des convaincus, réservées qu'elles sont à ses membres à jour de cotisations…

C'est en fait un épisode de la guerre que mène cette association pour faire accepter ce qui de fait, semble inscrit dans la loi d'euthanasie néerlandaise : si celle-ci affirme que l'euthanasie est réservée à ceux qui la demandent en possessions de leurs moyens, elle admet, selon la NVVE, que cette volonté puisse s'exprimer de manière anticipée, n'excluant nullement la mise à mort d'une personne démente qui aurait clairement fait la demande avant de perdre ses facultés mentales. Une situation que les commissions d'évaluation de l'euthanasie commencent à admettre.

A cette fin, les directives anticipées ont-elles valeur juridique ? Pour l'association des médecins néerlandais (KNMG), la réponse est non, aucune. La plupart des praticiens rechignent d'ailleurs à piquer une personne qui n'est plus en possession de ses moyens.

La NVVE fait pression en vue de faire admettre l'inverse. En s'adressant directement aux patients aux quatre coins des Pays-Bas, et en les encourageant à rédiger des directives anticipées, elle espère à la fois leur offrir une sorte d'entrée en matière pour aborder le sujet avec leur médecin traitant, et faire pression sur lui pour que, le moment venu, il puisse se persuader de respecter leur volonté en les mettant à mort sur la foi non seulement du document mais des conversations qu'il aura eues. Les directives anticipées abordent aussi la question de l'arrêt des traitements et celle de la demande de ne pas réanimer.

Difficile de ne pas penser que l'on est en train de pousser les gens vers la sortie à grande échelle.

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