05 février, 2014

Un couple néerlandais choisit la mort “ensemble”

David et Willemke Postma, Frisons, à la vie, à la mort.
Parce que l'euthanasie légalisée banalise le suicide.
« C'était un adieu magnifique. » Ainsi parlent les quatre fils de David Postma, 86 ans, et son épouse Willemke Postma-Kloosterman, 84 ans, qui se sont donné la mort ensemble la semaine dernière aux Pays-Bas devant leurs enfants Rypke (59 ans), Gerrit (57), Ids (52) et Albert (49).

David et Willemke n'étaient pas particulièrement malades, seulement bien âgés et inquiets de devoir abandonner leur maison pour une maison de retraite médicalisée. L'échéance était proche. Ils ont donc choisi, comme ils l'annonçaient depuis longtemps, d'organiser leur propre mort.

Willemke pensait le temps venu depuis quelques années déjà. « Ça suffit
bien maintenant. Il est temps d'aller au four », disait-elle (le couple a été incinéré samedi dernier dans un de ces crématoriums lugubre dont les Pays-Bas ont le secret). Mais « Père n'est pas prêt », ajoutait-elle : avec quatre fils, dix petits-enfants et deux arrière petits-enfants avec qui les liens étaient agréables, il y avait bien encore une raison de vivre…

Une fois la décision prise ensemble, à la fin de l'année dernière, c'est David qui a tout pris en mains. Il s'est renseigné sur internet, a commandé les doses létales, s'est occupé de blinder son affaire afin que ses fils ne soient pas inquiétés, car il ne s'agit nullement d'une euthanasie légale.

C'est lui encore qui a résilié les abonnements, bouclé les différents dossiers administratifs, fait les déclarations à propos de son intention de se suicider avec sa femme. Et il s'amusait à renvoyer les courriers reçus pendant les dernières semaines avec la mention : « Décédé. » Et Willemke disait : « Père s'occupe de tout, je l'accompagne, c'est simple. »

Restait à choisir la date. Décembre ? Non, il y a les fêtes : il ne fallait pas que les enfants associent Noël et la mort des parents. Ils ont donc fêté Noël en famille, regardé des vieilles photos, versé quelques larmes, beaucoup ri : tout le monde savait que c'était le dernier. Janvier ? Un mois où il ne se passe pas grand chose, alors… Alors on s'est souvenu de la tante Dout, ç'aurait été son anniversaire si elle n'était pas elle-même décédée déjà. Willemke proposait d'attendre encore un peu. Les garçons n'étaient pas d'accord. « Elle t'attend de l'autre côté avec les pâtisseries. »

Le jour J a donc été fixé en janvier. Willemke et David ont accueilli leurs fils le matin, en pyjama : « Pas besoin de se faire beaux aujourd'hui. » Ils ont mis de la musique d'accordéon, ils ont dansé. « On quitte la vie en dansant, que c'est beau », dit la mère.

Bras dessus, bras dessous, les voici  dans l'embrasure de la porte de leur chambre à coucher, chacun un yaourt à la main : David y avait déjà ajouté les doses létales. Ils se mettent dans leur lit, Willemke a avalé son yaourt bien vite pendant que son mari dit : « Mais que fais-tu ? On avait dit qu'on partirait ensemble ! » « J'ai déjà fini », répond-elle. Le temps de faire un signe de la main vers ses enfants, et elle s'assoupit. Quelques instants plus tard, David fait la même chose, et s'endort à son tour.

« C'était fantastique », ont raconté les fils… « Un adieu magnifique. » Et puis : « Mère devait avoir faim… » 

Ils ont prévenu la police, la mort n'est pas naturelle, une enquête est ouverte.

Mais déjà la presse néerlandaise raconte l'affaire avec la complaisance que vous devinez à travers le récit qui précède, trouvé dans le très sérieux Algemeen Dagblad.

Bienvenue en 2014.


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© leblogdejeannesmits



1 commentaire:

Hans Georg a dit…

devant leurs enfants Rypke (59 ans), Gerrit (57), Ids (52) et Albert (49).

Ils ne pouvaient pas intervenir pour empêcher le suicide?

 
[]