27 décembre, 2013

Après les déclarations du directeur stratégique du FN sur l'avortement, un « droit »…

Non, M. Philippot, défendre la vie n’est pas dépassé

Florian Philippot (à gauche) avec Marine Le Pen
Alors que le gouvernement espagnol vient d’adopter un avant-projet de loi visant à repénaliser
l’avortement et à en finir avec sa reconnaissance comme « droit » par la loi, on ne compte plus à travers le monde occidental les dénonciations médiatiques et politiques de ce « retour en arrière »… vers un peu plus de respect pour la vie. Dénoncer l’avortement, ou même restreindre les cas où il est légal, est aujourd’hui dans l’Union européenne synonyme d’extrémisme, de refus de la démocratie et de la laïcité. A telle enseigne que même le vice-président du Front national, Florian Philippot, s’est bruyamment désolidarisé de toute approbation de la mesure espagnole. Et cela pose des questions politiques fondamentales.

Lundi matin, le président d’honneur du Front national a salué l’initiative du gouvernement de Mariano Rajoy d’abroger la loi de l’ère Zapatero faisant de l’avortement un droit des femmes jusqu’à 14 semaines de grossesse et le rendant possible sous conditions jusqu’à 22 semaines. L’avant-projet rétablit des conditions de danger pour la santé physique ou psychique de la mère, à vérifier par des médecins indépendants des cliniques d’avortement, ou de viol dénoncé dans les formes, élimine l’avortement pour malformation fœtale et institue une obligation d’information des mères relative aux risques liés à la procédure mais aussi aux aides qui peuvent leur être apportées. Le projet y ajoute une période de réflexion de sept jours avant que l’avortement puisse être exécuté.

« Le projet de loi espagnol sur l’avortement prouve que l’on peut agir en la matière avec mesure, intelligence et souci du respect de la vie », tweetait Jean-Marie Le Pen.

On pouvait s’interroger sur l’emploi du mot « mesure » : quelle est donc cette « mesure » qui permet malgré tout l’élimination des enfants à naître jusqu’à la 22e semaine, fût-ce sous conditions et avec l’espoir de voir reculer, un peu ou beaucoup, le massacre des innocents ? On sait qu’en Grande-Bretagne, où l’avortement n’est pas permis pour des raisons sociales et seulement en cas de danger pour la santé mentale de la mère, 200 000 avortements ont lieu chaque année (depuis 1967, en Angleterre et au Pays de Galles, seules 143 interventions ont eu pour motif le danger pour la vie de la mère).

Mais le tweet de Le Pen, tout prudent qu’il était, avait du panache et sonnait comme un refus du politiquement correct. Et tout prudent qu’il était, il a été désavoué.

Mardi, veille de Noël, Florian Philippot a renvoyé le président d’honneur du FN dans ses buts d’un sec : « Oui, c’est son opinion. » Pour poursuivre aussitôt : « Mais je rappelle que la position du Front national n’est pas une restriction, il n’y a aucune restriction du droit à l’avortement dans le projet du Front national, aucune. »

N’y a-t-il donc pas au moins débat au sein de ce parti ? « Non, il n’y a pas de débat, nous considérons que ce n’est pas une préoccupation du tout des Français, que leurs préoccupations, ce sont le chômage, le pouvoir d’achat, la sécurité, les questions de réindustrialisation, l’Union européenne qui est aujourd’hui une vraie dictature parce qu’elle empêche les démocraties nationales, ça, ce sont les vrais sujets. Mais voilà, on discute du sexe des anges, c’est une vieille technique gouvernementale, mais je crois que les peuples ne sont plus dupes », a déclaré le vice-président du Front national sur RTL.

A l’heure d’écrire, il n’y a eu aucune mise au point de la part des autres instances dirigeantes du parti, pour plusieurs raisons. Philippot est chargé de la stratégie et de la communication du FN, c’est donc lui qui donne la ligne et qui l’exprime. Par ailleurs, même si Marine Le Pen a fait par le passé des déclarations contre les « avortements de confort » et le remboursement de l’« IVG », elle n’a jamais fait mystère de son refus de revenir sur la loi Veil (aujourd’hui largement dépassée par des mesures encore plus favorables à l’avortement).

A l’époque de la « dédiabolisation » du FN, qui a effectivement bien fonctionné et qui a rendu ce parti, financé comme les autres sur les fonds publics, omniprésent dans les médias, nous l’écrivions : accepter l’avortement était un « ticket d’entrée » dans le monde politique.

On savait cependant que des responsables du Front national continuaient d’afficher leur refus de l’avortement légal – ainsi Bruno Gollnisch participait-il aux Marches pour la vie à Paris, entouré d’élus et d’autres figures du parti.

Mais les déclarations de Florian Philippot balaient – ou voudraient balayer – tout cela. Alors même que la loi proclamant solennellement que l’avortement est un droit – avec pour objectif et conséquence logique de bâillonner toute opposition, d’interdire tout acte visant à avertir les femmes de la vérité sur ce « choix » – n’est même pas encore devant l’Assemblée nationale, il le dit, lui.

L’avortement n’est-il donc pas un sujet ? L’immigration n’est-elle pas venue compenser, n’est-elle pas présentée comme la seule solution dans un pays où les enfants manquent par millions, sacrifiés sur l’autel infernal du refus de la vie ? Quelle sécurité espérer dans un pays qui sacralise l’égoïsme et le droit d’écraser autrui dans la plus grande violence de toutes, qui permet l’élimination du plus faible des êtres humains par sa mère elle-même ? Sa mère, qui est le plus souvent elle-même victime de ce geste que la société divinise, instrumentalisée au service d’un système qui recherche le mal et la mort ?

Quelle démocratie, quelle nation ? Une nation est le lieu qui voit chaque jour naître son avenir : aujourd’hui la France permet, encourage, rembourse le génocide de ses enfants. Ce n’est assurément pas le seul « sujet », mais il est au cœur de la crise dont nous savons qu’elle est morale bien avant d’être sociale.

Et parmi toutes les décisions malfaisantes, les décisions désespérantes qu’aligne le gouvernement socialiste – dans une belle continuité politique par rapport à d’autres formations politiques qui ont payé leur « ticket d’entrée » en sacrifiant à la culture de mort – celles qui portent sur les « sujets de société » sont tout sauf de l’« enfumage ». Elles relèvent d’un choix délibéré qui ancre encore plus profondément la France du côté de la Révolution. Elles délimitent le cadre dans lequel nous vivons, rendant impossible toute réforme de fond qui permette à la France de renouer avec son passé de nation civilisée.

Et aujourd’hui, miracle ! de plus en plus d’évêques en sont conscients et le disent, jusqu’à Mgr Pontier qui pour être président de la conférence épiscopale n’en est pas moins évêque, a souligné dans son message de Noël que le projet de modification de la loi sur « l’IVG » incite quasiment les femmes « à ne se poser aucune question quant à l’élimination de l’être qu’elles portent en leur chair ».

Cette tragédie du génocide français crie vengeance, parce que l’homme ne définit pas sa propre mesure et qu’il n’est pas la fin de toutes choses, et qu’à l’imaginer, il se place dans une posture de révolte fondamentale dont le salaire est la destruction, la tyrannie et la mort.

Que faire lors des élections prochaines ? En tenir compte. Tous les candidats du FN n’ont pas payé leur « ticket d’entrée ». Pour les autres, se rappeler ce qui s’est fait en Espagne : le mouvement pro-vie a pesé en étant entier et net, en réclamant avec ténacité (et il continue) « l’avortement zéro ». Parce que la vie de la France comme nation en dépend aussi.

Article extrait du n° 8009 de Présent, du Vendredi 27 décembre 2013  

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Madame, encore un article clair, enlevé, courageux. Bravo. Reste que voir le FN finir de se prostituer pour décrocher son brevet répulicain est bien triste. Qui maintenant ? Boutin l'insipide sincère qui va tjs a la soupe in fine ? Barjot l'égocentrique incohérente ? Copé l' ectoplasme aussi sincère qu'un vendeur de peinture écossaise ? Villiers le roi de la Vendée mais c'est tout...J'aime bien Poisson mais quelle audience nationale ???? Qui ?????

Anonyme a dit…

Merci de votre article remarquable; vous trouverez ci-dessous un échange de courrier avec le cabinet de Marine Le Pen. Il semble que la position radicale de M.Philippot ne soit pas tout à fait partagée par tous les membres de ce parti:

Madame la Présidente,
Une fois encore j’ai été très choquée des propos tenus par M.Philippot concernant l’avortement qu’il ne souhaite pas remettre en cause.
Après avoir nié le droit à l’objection de conscience pour les maires face au prétendu « mariage » des homosexuels, ce monsieur affirme son soutien au meurtre des enfants à naître ; sans doute pour avoir son « ticket d’entrée dans le monde politique » comme dit très justement Jeanne Smits dans le journal Présent.
Un grand nombre des électeurs du FN (déclarés ou potentiels) sont certainement choqués eux aussi par ces prises de position en totale opposition avec les valeurs que les Français, majoritairement chrétiens ou simplement attachés au droit naturel, veulent défendre.
Réponse :
M. Philippot est un excellent vice-président qui a toute sa place dans notre mouvement. Sur l'avortement, il a rappelé la position de Marine Le Pen, présidente du Front National : il n'a jamais été question de remettre en cause l'IVG mais d'en limiter autant que faire se peut le nombre, en proposant aux femmes qui le souhaitent de garder leur enfant, par une politique familiale ambitieuse et volontariste et par des procédures simplifiées et accélérées pour l'adoption.
Cordialement
Eric Domard
Conseiller spécial de Marine Le Pen

"Limiter autant que faire se peut le nombre des avortements" est tout de même autre chose que d'en faire un droit




Sa responsabilité de vice - président du FN me parait tout à fait en inadéquation avec l’ampleur du mouvement déclanché par la loi Taubira , et avec la prise de conscience actuelle de nombreux français et de nombreux européens ( cf ce qui se passe en Espagne, l’ampleur de la pétition « Un de nous » etc…)



S’il veut défendre de telles positions, on ne peut que lui conseiller de rejoindre le parti socialiste ; au moins les choses seraient claires.

Nous aimerions d’ailleurs entendre plus souvent M.Gollnisch, Mlle Maréchal Le Pen et bien d’autres qui ne sont pas comme lui inféodés au politiquement correct.



En ce qui me concerne, tout ceci me met très mal à l’aise face au Rassemblement bleu marine pour les prochaines élections, et je ne suis sûrement pas la seule…

jean pierre aussant a dit…

Le meurtre légal des enfants à-naîtres et la légalisation du "contre nature et contre Dieu" marriage gay sont les deux pierres angulaires de la culture de mort.
Maintenant que le FN n'a plus le courage de dénoncer ces infamies, il est devenu un parti comme les autres.
En tant que catholique je n'ai plus aucune raison de voter pour le FN.
http://jpierreaussant.blogspot.fr/2013/01/cellules-souches-embryonnaires.html

 
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