25 novembre, 2013

“Marie-toi et sois soumise” : la mise au point de l'archevêque de Grenade

Merci au Salon beige qui nous donne des infos de la censure espagnole du livre Marie-toi et sois soumise de la journaliste italienne évoquée ici : voici que la ministre espagnole de la Santé, Ana Mato, a demandé son interdiction, sans obtenir de réponse, pour l'instant, de la justice.

L'archevêque de Grenade, qui porte la responsabilité de l'édition espagnole de ce best-seller italien, avait réagi le 15 novembre dernier à la polémique dans un texte qui mérite bien une traduction : la voici.

Les charges propres à ma mission m'ont empêché de suivre la polémique artificielle surgie à l'occasion de la publication du livre Marie-toi et sois soumise. Une expérience radicale pour femmes sans peur, de la journaliste italienne Costanza Miriano, édité en Espagne par Editorial Nuevo Inicio. 
Ce n'est pas mon intention de défendre le livre, qui se défend très bien tout seul, ni de justifier son titre ou de celui qui lui fait suite – et qui sera bientôt publié – Marie-toi et donne ta vie pour elle. Hommes pour de vrai pour des femmes sans peur. Il s'agit là d'une prérogative qui appartient en propre à son auteur, qui s'en est expliquée déjà de manière répétée dans le livre et en dehors du livre. Est-il nécessaire de rappeler que les deux titres s'inspirent quasi littéralement d'un passage de l'Epître aux Ephésiens (Eph. 5, 21) et que la soumission et la donation – l'amour – dont il est question dans ce passage n'ont que peu, voire rien à voir avec les relations de pouvoir qui enveniment les relations entre homme et femme (et pas seulement les relations entre homme et femme) dans le contexte du nihilisme contemporain ? 
Je ne prétends pas non plus justifier la position de l'Editorial, qui a sa propre voix et dont j'entends qu'il a fait son travail en diffusant une œuvre qui – je le constate – fait du bien à beaucoup de gens. 
Dans le cadre de la charge pastorale et ecclésiale qui m'incombe je veux seulement signaler que l'œuvre a été positivement reconnue comme « évangélisatrice » par L'Osservatore Romano et que son auteur, Mme Costanza Miriano, a été invitée à participer au récent séminaire organisé par le Conseil pontifical pour les laïcs à l'occasion du 25e anniversaire de la publications de la Lettre apostolique du bienheureux Jean-Paul II, Mulieris Dignitatem, sur la dignité de la femme. Les deux livres ont été recommandés par le Conseil pontifical pour les laïcs et par le Conseil pontifical pour la famille. 
Ces faits indiquent, avec une meilleure clarté que n'importe quel commentaire de presse, que la position de l'éditeur par rapport à ces deux livres est en accord avec les enseignements de l'Eglise, et que d'autres collections du même éditeur, où l'on trouve publiés des livres qui parfois sont d'auteurs non catholiques, tentent d'être des « aréopages » pour la nouvelle évangélisation, des espaces de dialogue et de réflexion sur la foi chrétienne dans le monde contemporain. Pour toutes ces raisons, l'éditeur est un humble est précieux instrument pastoral au service de la Nouvelle évangélisation. Ses publications sont marquées par l'amour de ce qui est humain, dont la plénitude se révèle et est donnée dans le Christ, et par une liberté très grande par rapport à la dogmatique de la culture dominante. Dans ce contexte, la polémique suscitée par ce livre – dont j'entends qu'il est en accord, dans son contenu, avec les enseignements sur l'amour sponsal de Jean-Paul II, mais qui ne se veut pas davantage qu'un beau témoignage d'amour et de liberté d'une femme chrétienne d'aujourd'hui – est aussi ridicule qu'hypocrite. Les personnes moyennement bien informées savent parfaitement, au point où nous en sommes, que le livre, et même ma pauvre personne, ne sont pas davantage qu'une excuse. Ceux qui promeuvent et agitent cette polémique ont d'autres intérêts et motivations qui ne se trouvent pas être précisément la défense de la femme ou la préoccupation par rapport à sa dignité. Il s'agit plutôt de faire du tort à l'unique institution – au seul secteur de la société, au seul tronçon de peuple véritablement vivant – qui résiste devant la volonté de la culture dominante de la domestiquer : le peuple chrétien. Voilà qui les gêne, tout le reste n'est qu'excuses. Même le moment choisi pour monter toute cette affaire a été choisi à cette fin. 
Tant l'histoire de la littérature que les rayons des librairies en ce moment sont pleine de livres qui, de manière ironique, ou très sérieuse – réelle ou prétendue – insultent ou moquent les réalités sacrées, depuis le mariage jusqu'à la maternité, depuis la liberté de l'éducation dans n'importe quel sens profond, jusqu'aux réalités de la foi que professe une grande partie de notre peuple. Et ces insultes et ces moqueries sont protégées par la liberté d'expression. Liberté d'expression qui, qu'on me permette de le dire, est une invention chrétienne. Ce n'est qu'en terre chrétienne que pouvaient fleurir les grandes critiques de la religion qui se sont faites au XIXe siècle – Feuerbach, Nietsche, Comte, Freud, Marx, pour signaler quelques-unes des plus importantes – et l'Eglise est toujours prête à apprendre d'elles avec gratitude dans la mesure où elles recherchent la vérité. En dehors des contextes où quelques filets de ces eaux peuvent encore arriver, fussent-ils résiduels, du grand fleuve de la Tradition chrétienne, l'avenir de la liberté dans notre monde est plutôt noir. 
Le jugement et l'opinion personnelle sur l'œuvre qui a déclenché la polémique, comme sur n'importe quelle œuvre littéraire, de n'importe quel type, ou sur n'importe quelle affirmation humaine sont, évidemment, libres et légitimes – mais l'offense, l'insulte ou la calomnie ne le sont pas. Ni cette œuvre, ni aucune de mes déclarations, jamais, n'a justifié ou excusé, et encore moins promu, quelque acte de violence à l'égard de la femme. Ce qui au contraire favorise et facilite la violence contre les femmes, c'est la législation qui libéralise l'avortement, de même que toutes les mesures qui fragilisent ou éliminent le mariage, dans la mesure où elles tendent à faire retomber toute la responsabilité d'une éventuelle grossesse sur la femme laissée à elle-même, sans que l'homme n'assume la moindre responsabilité. 
Comme l'a déjà demandé l'auteur, je le sais, que celui qui lance de telles accusations par rapport à ce livre soit rigoureux et qu'il précise la page et le paragraphe où apparaîtrait la plus minime justification ou excuse de n'importe quel type de violence ; car, à part les disqualifications gratuites que n'importe qui peut distribuer, à part des manipulations grossières, il n'en trouvera pas. Comme il n'en trouvera pas non plus dans mes paroles. Tout simplement par ce que ces pensées que d'aucuns m'attribuent gratuitement ne sont pas et n'ont jamais été les miennes, ni celles de mon environnement ecclésial, ni celles de la Tradition chrétienne. Qui m'en accuse ne pourra le faire qu'en travestissant mes paroles, dont le contenu est de notoriété publique, puisque mon ministère de prédication a toujours lieu en public, en la chaire épiscopale que l'Eglise a confiée. 
Francisco Javier Martinez Fernandez
Archevêque de Grenade

C'est bien envoyé, serait-on tenté de dire ! Mais outre la satisfaction devant une réplique bien tournée, il faut aussi voir les implications de l'affaire. C'est sur le titre, uniquement le titre du livre que repose tout le brouhaha en Espagne ; le titre, seulement le titre, et ce malgré les mises au point les plus claires et les plus fermes, pousse un ministre d'un gouvernement supposé de « droite » à hurler avec les loups.

Or ce titre est tiré d'une épître de saint Paul, c'est bien lui qui est visé, lui et son enseignement, qui est l'enseignement de l'Eglise. Ce n'est pas une affaire anecdotique : nous sommes ici au cœur de la dictatur du relativisme et de la haine de la foi.

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