27 mars, 2013

L'intervention du cardinal Bergoglio aux congrégations cardinalices

On en sait davantage sur les propos tenus par le cardinal Jorge Mario Bergoglio lors des congrégations générales qui ont précédé l’entrée en conclave d’où il devait sortir – contre toute attente – 266e pape de l’Eglise catholique.

C’est l’archevêque de La Havane, le cardinal Jaime Ortega, qui a longuement évoqué l’intervention assurant avoir reçu, de sa main, le compte-rendu des principaux points qu’il avait évoqués devant les cardinaux. Le cardinal Ortega a fait ces révélations lors de l’homélie de la messe chrismale célébrée samedi en la cathédrale de La Havane, à Cuba. En assurant que son auditoire en avait la primeur « quasi absolue ».

Cela s’est passé, a-t-il raconté, ainsi. Lors d’une des réunions, « le cardinal Bergoglio a fait une intervention qui m’a parue magistrale, lumineuse, engageante et vraie », a déclaré le cardinal Ortega. En sortant, il a demandé au cardinal Bergoglio si celui-ci avait un texte écrit de son intervention. Ce n’était pas le cas. Mais dès le lendemain, « avec une délicatesse extrême », raconte le cardinal Ortega, le cardinal Bergoglio devait lui remettre un texte écrit de sa propre main où il avait noté son intervention telle qu’il s’en souvenait. C’est dès cet instant que le cardinal Ortega lui demanda – et obtint – la permission de diffuser sa pensée sur l’Eglise.

Il devait réitérer la demande, et obtenir une nouvelle fois une réponse positive, lors d’une rencontre avec le pape François après son élection : celui-ci l’autorisa, dit-il, à diffuser le texte lui-même.
Le cardinal Ortega a évoqué lors de son homélie les quatre points soulevés par le cardinal Bergoglio et consignés dans sa note manuscrite, dont il a fait la lecture intégrale. Je vous les restitue selon la présentation qui en a été faite par l’Agence d’information catholique argentine, AICA, et la traduction-retranscription et parfois déchiffrement malaisé de la photo du manuscrit.

• Le premier point concerne l’évangélisation. « L’Eglise doit sortir d’elle-même et aller vers les périphéries », non seulement géographiques, mais aussi existentielles, qui se manifestent dans le « mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice et de l’ignorance, de l'absence de religion [se passer de religion], de la pensée et de toute misère ».

• Le deuxième point est une critique de « l’Eglise autoréférentielle » qui se regarde elle-même en une sorte de « narcissisme théologique » qui la maintient à l’écart du monde et qui « prétend à [garder] Jésus-Christ à l’intérieur d’elle-même, et ne le laisse pas sortir ». Le cardinal disait penser au moment où Jésus dit qu'il frappe à la porte, ajoutant penser aussi aux moments où « Jésus frappe sur la porte depuis l'intérieur pour que nous le laissions sortir ».

• Le troisième point est constitué par les deux images qui résultent de cela, selon le cardinal Bergoglio : l’une, c’est « l’Eglise évangélisatrice qui sort d’elle-même », l’autre est « l’Eglise mondaine qui vit en elle-même, d’elle-même et pour elle-même ». C’est cette double considération qui doit « éclairer les changements possibles et les réformes qui faudrait faire » dans l’Eglise.

« L'Eglise, quand elle est autoréférentielle, sans s'en rendre compte, croit qu'elle a sa propre lumière ; elle cesse d'être le “mysterium lunae”, ce qui donne lieu à ce mal si grave qu'est la “mondanité spirituelle” (selon De Lubac, le pire mal qui puisse frapper l'Eglise). C'est vivre pour se rendre gloire les uns aux autres. En simplifiant ; il y a deux images de l'Eglise : l'Eglise évangélisatrice qui sort d'elle-même, la Dei Verbum religiose audiens et fidentes proclamans, ou l'Eglise mondains qui vit en elle-même, d'elle-même, pour elle-même. »

• Quatrième et dernier point : celui qui était encore archevêque de Buenos Aires avouait au cardinaux que celui qu’il espérait voir élu devrait être « un homme qui, à partir de la contemplation de Jésus-Christ et de l'adoration de Jésus-Christ aide l’Eglise à sortir d’elle-même vers les périphéries existentielles »

Je vous livre cela pour ce que ça vaut. Il serait erroné d'en faire une sorte de profession de foi électorale. Mais si tout cela est exact, ce serait par ce « programme » que le cardinal aurait emporté l'adhésion des cardinaux électeurs.


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