09 décembre, 2012

Des médecins uruguayens contre l'avortement

Plus de cent médecins uruguayens ont introduit un recours contre le décret d'application de la loi sur l'avortement récemment votée par le Parlement de leur pays. Gynécologues, pédiatres, néonatologues, périnatologues et médecins généralistes ont ainsi entrepris une démarche judiciaire pour contester une norme qui « fait pression pour eux » en vue de commettre « des actes qui portent atteinte à la véritable identité du professionnel ». Jugeant les nouvelles obligations qui pèsent sur eux par une règlementation administrative inacceptable, ils se mobilisent donc directement contre le pouvoir exécutif.

Il s'agit de la deuxième démarche en ce sens en 48 heures, la première ayant été faite par l'ONG « Marraines de la vie ».

Les médecins ont choisi plusieurs angles d'attaque, en mettant d'abord en évidence les « graves illégalités de forme et de fond » du décret qui, par exemple, limite le droit à l'objection de conscience pourtant garanti par la Constitution de l'Uruguay. Celle-ci protège notamment « l'indépendance de la conscience morale et civique de tout travailleur dépendant ».

La loi, soulignent ces professionnels de la médecine, restreint l'objection de conscience aux seuls personnes à qui il serait demandé d'exécuter l'avortement ou d'y participer directement », alors que bien d'autres situations peuvent se présenter.

Plus grave encore, le décret oblige n'importe quel médecin, même objecteur de conscience, à réaliser l'avortement lorsqu'il est établi qu'il y a un « risque pour la santé de la mère » (la loi, elle, parle de « grave risque »). 

Le recours note aussi que le délai de réflexion de cinq jours qui doit être observé entre la demande d'avortement et son exécution est considérablement diminué sur tous les plans dans le décret. Et notamment parce que les attributions des équipes d'aide aux femmes sont à ce point rabotées que le délai légal ne permet pas de proposer des aides qui pourraient aboutir à leur désistement. En l'état actuel, souligne le recours, les femmes ne peuvent dans la pratique avoir accès aux aides qui leur sont proposées. Ainsi la commission d'aide aux femmes devient « un simple préambule de l'avortement ».

Pendant ce temps la coordinatrice du Programme de Santé sexuelle et reproductive, Leticia Rippi, explique que son équipe a été mobilisée depuis le lendemain du vote de la loi pour vérifier si toutes les pharmacies d'hôpital disposent bien de misoprostol, l'une des molécules utilisées pour les avortements chimiques.

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