11 septembre, 2012

France : Christiane Taubira présente le projet de “mariage” homosexuel

Non à l'objection de conscience, prévient le ministre

Tout en annonçant un important « travail de réflexion et d’élaboration du projet de loi » de légalisation du « mariage » des couples homosexuels au cours d’« auditions conduites dans un esprit de grande franchise et de grande écoute », le garde des Sceaux a déjà une religion toute faite sur le sujet. L’égalité, l’égalité et encore l’égalité sera la seule notion déterminante dans ce pseudo-débat et au bout du compte elle fera taire toutes les oppositions, a en substance déclaré Christiane Taubira en présentant les intentions du gouvernement à La Croix :

« Nous sommes bien conscients de toutes les dimensions philosophiques et anthropologiques entourant le mariage. Mais nous estimons qu’elles ne peuvent venir percuter l’exigence d’égalité. C’est à cela, à cette exigence d’égalité, que nous satisfaisons avec ce projet de loi. »

Alors, qu’elle promette ou qu’elle ne promette pas de « discuter » avec les associations favorables ou hostiles au « mariage » gay – qu’elle appelle « le mariage pour tous » –, les « représentants des cultes », etc., le contenu du texte de loi qui sera déposé d’ici à la fin du mois d’octobre avec toute la force d’un projet de loi gouvernemental promis explicitement au cours de la campagne présidentielle, est déjà largement fixé.

Il s’inscrit profondément dans le refus de toute « discrimination » considérée comme un mal en soi, et rejoint un mouvement de fond qui progresse toujours davantage sur le plan international. D’ici à deux semaines, l’Assemblée générale de l’ONU, lors de sa 67e session annuelle, sera invitée à ajouter en droit international « l’orientation sexuelle » et « l’identité de genre » aux catégories contre lesquelles la « discrimination » est interdite, avertit Austin Ruse de l’organisme de veille catholique sur les institutions internationales, C-Fam. C’est cette notion qui est utilisée pour promouvoir le mariage homosexuel, pour imposer l’adoption homosexuelle. N’imaginons pas que l’affaire est marginale et ne concerne que les homosexuels entre eux : outre l’intérêt des enfants – que Mme Taubira prétend avoir pour première préoccupation – il y va des droits de ceux qui refusent ces aberrations pour des motifs éthiques et religieux. En Angleterre, les organismes d’adoption catholiques ont déjà été sommés de choisir entre fermer leurs portes ou fournir leur prestation à des demandeurs homosexuels.

Les prises de position de Mme Taubira laissent entrevoir un même radicalisme. Elle a d’ores et déjà averti, en termes impérieux, que la loi ne prévoirait aucune objection de conscience de la part des maires et officiers publics qui « représentent l’Etat lorsqu’ils célèbrent un mariage ». « Nous sommes dans un Etat de droit, le code civil va être modifié, il s’impose à tous, y compris aux maires », a-t-elle martelé.

Christiane Taubira est consciente de présider à « une révolution sociétale, mais aussi juridique ». En même temps, peut-être pour tenter de faire plus facilement avaler la pilule, elle a annoncé trois limites aux droits des homosexuels « mariés ». Ils ne bénéficieront pas d’une présomption de « parentalité » (la « paternité », ça ne colle plus !), devant passer par la procédure d’adoption pour obtenir des droits parentaux sur l’enfant biologique de leur « époux ». Le projet de loi, en l’état actuel, n’entend pas non plus leur ouvrir l’accès à la procréation médicalement assistée auquel ont droit, dans certaines conditions, les couples « hétérosexuels » : infertilité de l’un ou de l’autre ou existence d’une pathologie grave. Enfin, la légalisation de la « gestation pour autrui » – mères porteuses – n’est pas à l’ordre du jour.

Cependant, par une décision datant de mars 2012 (Valérie Gas contre la France), la Cour européenne des droits de l’homme a fait comprendre qu’à statut égal doivent correspondre des droits égaux. Ainsi entrevoit-on qu’un couple d’homosexuels « marié » satisfaisant à l’une des conditions actuellement en vigueur pour accéder à la procréation médicalement assistée ne pourrait se la voir refusée sous peine de voir le refus condamné par la Cour européenne. On pourrait même aller plus loin, en faisant de l’infertilité de nature des couples homosexuels un motif valable entrant dans le cadre actuel de la loi française. Quant à la « parentalité » présumée, elle existe de plein droit pour les couples mariés : pourra-t-on en exclure longtemps les « époux » gays ?

Pour ce qui est des mères porteuses, la France résiste encore. Mais l’expérience prouve – aux termes d’une enquête menée par le site australien d’informations pro-famille MercatorNet – que la légalisation de l’adoption homosexuelle dans un pays s’accompagne toujours d’un accroissement de la demande de ces services dans des pays plus accommodants avec des femmes suffisamment pauvres pour se laisser exploiter de la sorte.

Mme Taubira a choisi de s’exprimer dans La Croix, c’est tout un symbole. Elle sait que la résistance sera d’abord religieuse même si elle ne se fonde pas sur des exigences confessionnelles. L’éditorial de Dominique Greiner en dit long lui aussi : le journaliste demande à juste titre qu’on sorte du « domaine émotionnel » pour penser d’abord au « bien commun », à la « dimension sociale du mariage » et à la « différence sexuelle », mais il craint déjà que « certains catholiques » ne soient « tentés de faire valoir de manière plus démonstrative leur opposition, quitte à tomber dans la caricature ».

C’est vraiment ça, le danger qui guette la France ?

Cet article a paru dans Présent daté du 12 septembre.

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