06 mars, 2012

“L’ombre d’un doute”, ce mercredi à 23 h sur France 3. Vendée : la fin du tabou ?

Une émission à ne pas manquer !

Robespierre
Inouï, exceptionnel, étonnant… Ce mercredi soir à 23 heures, une chaîne de télévision publique ose, pour la première fois, évoquer avec clarté et documents à l’appui « l’extermination organisée » des Vendéens par la Révolution française. Les mots sont nets : Franck Ferrand, qui présente et conduit l’émission, parle d’emblée du « tabou » qui pèse sur le souvenir de la Vendée. Les images sont irréfutables : une riche série d’illustrations s’ouvre par un reportage sur la découverte des charniers du Mans en mars 2009, montrant l’horreur de l’acharnement exterminateur qui s’y est abattu sur des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants. « L’armée catholique et royale » était déjà défaite. Ce sont des hommes à terre qui ont reçu jusqu’à 9 ou 10 coups de sabres, des civils sans défense, affaiblis par la Virée de Galerne, qui ont été massacrés méthodiquement.

Reynald Secher, dans son tout récent ouvrage Vendée, du génocide au mémoricide, a montré que ce carnage, et bien d’autres opérations systématiques d’anéantissement de la Vendée, ont été décidés, organisés, surveillés, par le Comité de Salut Public. Robespierre, mais aussi Barère, Billaut-Varenne, Carnot (qui repose au Panthéon)… ont multiplié les ordres et suivi leur exécution, comme en attestent des lettres découvertes par l’historien aux Archives nationales, lettres jamais exploitées auparavant, lettres et « petits bouts de papier » qui accusent ceux qui les ont signés.

De cela, il est nettement question dans « L’ombre d’un doute : Robespierre, bourreau de la Vendée », et Reynald Secher y a la parole. On y dit même la persécution qu’il a subie, son exclusion de l’Université pour avoir ouvert le dossier du génocide, il y a vingt ans.

La lecture à l’écran de quelques-uns de ces documents explosifs – très peu, mais assez pour que la vérité éclate – rend possible un renversement total du discours officiel sur la Vendée. Ceux qui réfléchissent devront se poser des questions. Bavure, crime de guerre, excès de zèle de généraux sanguinaires agissant de leur propre chef contre des bandes armées qui, après tout, menaçaient la République : c’est ainsi que l’histoire officielle présente – quand elle le fait – le martyre de la Vendée. En évoquant son histoire autrement dans une émission de télévision sur une chaîne publique de grande écoute (même si l’horaire ne l’est pas), cette histoire niée, occultée, officiellement confinée au réseau confidentiel d’hurluberlus intouchables, Franck Ferrand, qui avait déjà reçu Reynald Secher lors d’une remarquable émission sur Europe 1, a rendu le sujet accessible au grand public.

Et défilent les images, l’horreur des noyades de Carrier, le massacre des Lucs-sur-Boulogne, la folie destructrice très contrôlée des Colonnes infernales, les mensonges de la Révolution. Ainsi la grâce de Bonchamps, qui à la veille de mourir fit libérer 5 000 prisonniers bleus, fait que la Révolution occulta et travestit aussitôt, tout à sa volonté déjà d’en finir avec la « race impure » qui empêchait l’émergence de « l’homme nouveau ».

Le film réalisé par Richard Vargas témoigne d’un sérieux inusité. On a filmé sur place, on a donné la parole à Dominique Lambert de la Douasnerie, président de l’association « Vendée-Militaire », à Noël Stassinet, du « Souvenir Chouan ».

Le documentaire de France 3 marquera une date : celle où un coin s’enfonce dans le discours obligatoire sur la Révolution française. Un coin seulement : il y a de nombreuses erreurs, des présentations trompeuses (l’affaire du Mans présentée comme une « bataille » qui n’eut jamais lieu, ce fut au contraire l’anéantissement d’un groupe en déroute…), des oublis volontaires, et la parole est longuement donnée à un admirateur de Robespierre, l’universitaire Jean-Martin Clément, qui rêve d’un musée à Arras à la gloire de l’exterminateur…

Mais il y a aussi Stéphane Courtois qui ne mâche pas ses mots et fait le parallèle avec l’horreur nazie et le génocide de Pol Pot : il constate l’existence d’un « crime contre l’humanité » qu’on ne peut qualifier que de génocide…

En faisant sortir le débat de la marge où l’histoire officielle le maintenait, on devine à travers de nombreux commentaires et surtout lors du débat final, monument à la pensée unique, une sorte de nervosité. Les documents existent, leurs fac-similés sont à la disposition du public, de moins en moins confidentiel, dans le livre de Reynald Secher édité au Cerf ; l’urgence semble être maintenant de montrer que, quelque part, les Vendéens en guerre contre la destruction de leurs libertés et les atteintes à leur foi, l’avaient bien cherché. De reconnaître les massacres, mais de nier le génocide. De condamner les excès, mais pour mieux dire que la Révolution n’est pas un bloc. De déplorer les 170 000 morts, mais en insistant sur la menace extérieure qui pesait sur la France de 1793 assaillie de toutes parts : la Turquie ne tient pas un autre langage sur le génocide arménien.

Tout cela s’achève sur une querelle sémantique surréaliste : on récuse le terme de génocide pour se demander si finalement, il ne vaudrait pas mieux s’en tenir au « populicide » pour mettre tout le monde d’accord. C’est tellement moins grave, n’est-ce pas ?

• Reynald Secher, Vendée, du génocide au mémoricide, éditions du Cerf.
• Le jeudi 8 mars à 20 h Reynald Secher donnera une conférence sur ses découvertes récentes, à la Maison du Diocèse à Vannes (Morbihan), 33 rue Mgr Tréhiou.

Cet article a paru dans Présent daté du mercredi 7 mars 2012.



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