06 novembre, 2011

Toujours à propos de la pièce de Castellucci.

Le hasard m'a fait tomber, dans les archives de Riposte catholique, sur ce communiqué du comité permanent pour l'information et la communication de la Conférence des évêques de France, à propos d'un spectacle mettant en scène le Christ et jugé « complaisant » dans sa manière de mettre crûment en scène les supplices de la Passion.

Eh oui, il s'agissait de La Passion du Christ de Mel Gibson.

Ecoutons-les, Mgr Di Falco, Mgr Georges Pontier, Mgr Brac de la Perrière, Mgr Jean-Charles Descubes, Mgr Jacques Perrier, Mgr Jean-Yves Riocreux, signataire de ce communiqué daté de 2004 et reproduit début septembre par Riposte :

« Si le film rappelle crûment l’atrocité des supplices subis et de la mort sur la croix, il le fait avec une complaisance choquante dans le spectacle de la violence. Cette violence, qui submerge le spectateur, finit par occulter le sens de la Passion et plus largement, l’essentiel de la personne et du message du Christ : l’amour porté à sa perfection dans le don de soi consenti. »
Et aujourd'hui, les excréments sur la Sainte Face sont une invitation à découvrir la charité ou à « ouvrir le dialogue » avec la culture contemporaine ?

Mais de qui se moque-t-on ?

Plusieurs évêques ont dénoncé la pièce de Romeo Castellucci, honneur à eux et spécialement à Mgr Centène, qui a courageusement soutenu les catholiques qui ont demandé que cesse la profanation subventionnée. Mais aujourd'hui la plupart se taisent ou pire, comme le cardinal Vingt-Trois ou Mgr d'Ornellas, désapprouvent ouvertement ceux qui prient et manifestent et trouvent toutes sortes de justifications au spectacle excrémentiel.

Ils devraient relire cette réaction du cardinal Lustiger à La Passion du Christ : il ne dénonçait pas, mais disait sa préférence et mettait en garde contre une banalisation du sacré. Son texte suscitait une réelle réflexion dans le respect de ceux qui avaient aimé le film de Gibson. Le cardinal aurait-il été plus indulgent pour les litres de m… de Castellucci ? Ecoutez-le, dans ce compte-rendu publié à l'époque par Zenit :
Christ aux outrages. Mais ce n'est
pas une profanation de son image.
Lors de la rencontre de vendredi dernier 20 février avec les journalistes, lors de la visite ad limina des évêques de la région d’Île de France, le cardinal Lustiger s’est refusé à donner un point de vue sur le film de Mel Gibson La Passion. Il précisait qu’il avait un point de vue "très personnel" sur le rapport entre les récits évangéliques et ses représentations. 
Il expliquait : « Je suis très réservé sur toute théâtralisation de la Passion, même si je comprends que cela puisse se faire, et encore plus sur son expression par l’image électronique ou chimique. » 
« Comme Chrétiens, soulignait l’archevêque de Paris, nous vivons dans le domaine du sacrement. A chaque Eucharistie c’est tout le mystère de la Passion et de la Résurrection qui nous est donné : il ne nous est pas donné sous la forme d’un spectacle que l’on regarde, mais sous la forme d’un acte de la puissance divine qui se communique. La figuration peut-être une régression absolue. Cela touche beaucoup l’affectivité, l’imagination, mais c’est très ambigu. Je ne dis pas que cela est “mal”. Je laisse la liberté à chacun, mais je préfère une icône à la photographie d’un acteur qui joue le Christ, et je préfère encore le sacrement à l’icône. Cela m’est plus utile pour la prière et je pense que c’est plus utile pour le peuple chrétien aussi. » 
Le cardinal évoquait l’exemple du film de Pasolini sur l’Evangile selon saint Matthieu, où il voit une « subtilité double ». D’une part, expliquait le cardinal Lustiger, Pasolini a choisi de prendre « un Evangile complet, et pas une recomposition du récit ». D’autre part, il utilise un « double filtre » : « Il lit la Passion à travers le regard de sa mère » et « il l’a exprimée du point de vue stylistique à travers l’iconographie picturale italienne ». 
Le cardinal disait reconnaître dans la « subtilité des deux filtres », le signe d’un « homme de culture catholique fine, même si on ne sait pas s’il était croyant ». Le film présente « une double distance, grâce aux yeux de sa mère qui dans le film, représentait Marie au pied de la Croix, et à travers les tableaux qu’il avait contemplés dans son enfance ». Il résumait : « le film était déjà supporté par toute une mémoire. »
L’archevêque proposait un autre exemple dans la liturgie : « Quand j’entends des prêtres ou des diacres qui 3mettent le ton” comme des acteurs, cela me gêne », avoue-t-il : « Je préfère la vieille tradition liturgique catholique qui consiste au contraire à chanter sur un air codifié, comme le font les Byzantins de leur côté, et non pas à chanter comme à l’Opéra ; nous aussi nous avons une tradition, il y a un hiératisme réel du texte, il n’est pas irréel, il est réel, ce n’est pas un spectacle. » 
« Quand nous faisons un Chemin de Croix, que faisons-nous ? quelle est la piété du Chemin de Croix, interrogeait le cardinal,c’est que les fidèles “font” le Chemin. Ils ne s’assoient pas dans un fauteuil pour regarder quelqu’un faire le Chemin de Croix. Ils marchent. Certains même portent une croix, ce qui est tout à fait différent. » 
« Les arts plastiques, continuait l’archevêque, ont le mérite d’être des transpositions évidentes. Tout art plastique est une interprétation. Et donc, à ce titre, on peut aimer, ne pas aimer, y être sensible, ne pas y être sensible. Je pense que nous n’avons pas réfléchi à ce que représente notre septième art. Ce sont des problèmes terribles pour notre civilisation, indépendamment de ce film. » 
Il citait le festival chrétien du cinéma qui a lieu chaque année à Paris : des spécialistes sélectionnent des films pour voir comment s’exprime « une certaine profondeur humaine et spirituelle à partir de tel ou tel thème. » 
Le cardinal insistait sur l’importance de l’interprétation, des clefs « herméneutiques » en faisant remarquer : « Faute d’une éducation du regard, et de l’intelligence, la télévision risque d’abrutir les gens plus que de les éduquer. Il faudrait que l’outil télévisuel fasse lui-même une herméneutique, une interprétation de ce qu’il donne. »
L'« herméneutique » de la pièce de Castellucci, c'est qu'il n'y a pas d'herméneutique, pas d'interprétation, seulement une façon de sidérer le spectateur avec la représentation obsessionnelle des excréments. D'aucuns ont voulu en faire une lecture « chrétienne », cette fin – la découverte de la bonté et de la permanence de l'image de la Face du Christ – justifiant tous les moyens, mêmes les plus immondes.

L'« herméneutique » de La Passion du Christ était, elle, sans la moindre ambiguïté : décrire la Passion aussi fidèlement que cela peut s'imaginer en montrant son identification avec le sacrifice eucharistique et en la montrant comme un don d'amour suprême accueilli douloureusement au pied de la Croix par saint Jean, sainte Marie-Madeleine et par notre avocate à tous (dans l'ordre du monde, elle aurait été partie civile !) la sainte Vierge Marie.


© leblogdejeannesmits.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ma chère Jeanne,

(je vous adresse le meme message que celui que j’ai adressé à l’étudiante en art qui s’exprime sur un autre site à propos de la pièce de Castollucci . Je ne pense pas devoir en changer les termes) .

*Je ne vous dirais pas combien votre témoignage et votre article me touchent : il n’est pas une phrase que je ne pourrais faire mienne . Chacune de vos assertions sont de celles qui, après un long égarement, m’ont fait revenir à l’Eglise Catholique.

Retrouvant ma foi catholique c’est avec gratitude que je vous vois dire «NON» à l’offense faite à notre Seigneur Jésus Christ et donc « NON » à l’offense faite à tous ceux qui le suivent dans la Nouvelle Alliance avec Dieu qu’il est venu annoncer au monde.

MERCI A VOUS ! DÉFENSEURS DE L’HONNEUR DU CHRIST ET DÉFENSEURS DE NOTRE HONNEUR DE CATHOLIQUES


*Mais vous « filii et filiae « -fils et filles,- athées , juifs, musulmans- confrontés au devoir d’accompagner une mère, un père dans la tragique épreuve qu’est la maladie d’Alzheimer, qu’attendez–vous pour rejoindre ces Catholiques dans leur combat ? N’avez–vous pas une mère, un père, un aieul –engagé dans la lutte contre les défaillances de sa mémoire ou contre les trahisons de son corps qui se dérobe ? N’avez vous–pas été témoins de son combat pour sa pudeur, pour son humanité, combat mené jusqu’aux rives de sa mort ? Ne les sentez-vous pas insultés par cette caricature que vous donne Castellucci ? N’avez –vous pas vu un etre cher, sitot sorti du coma , tituber pour aller aux toilettes afin de ne pas souiller ses couches ou ses draps? Ne les sentez pas insultés par ce tordu qui les réduits à un sphincter incontrolable, qui les réduit à ces fesses souillées, perversement étalées en gros plan sur la scène de son théatre ?

Que sait-il ce pervers de la déchéance ?

Ce que je sais, moi, c’est qu’aussi loin que les abime leurs oublis, aucun de ces etres dont il parle n'atteint à la déchéance de ce Romeo: aucun n’étale la jouissance qu’exhibe ce théatreux à s’embourber dans la M et se vautrer dans la fange .

Aussi loin que soit déchiquetée leur mémoire, subsiste et demeure, dépouillée de tout oripeaux, cet amour par lequel il nous a donné le jour, cet amour qui nous a fait vivre, cet infracassable noyau d'amour qui se révèle et désespère de ne pouvoir etre le roc qu’il a toujours été- et qui sanglote "je n’ai plus rien pour t‘accueillir" , «couvre toi bien, n’attrape pas froid » « fais attention à toi » : Penia, pauvre et indestructible amour, maintenant sa garde au seuil meme de la mort .

« Sur le concept du visage de Castellucci » : visage à tout jamais « conceptualisé » par celui de CHAM . Rappelez –vous la Génèse (5-32 ou 31 selon les versions ) et ce fils de Noé sauvé du Déluge grace à l’Arche . Ayant bu le vin de la vigne qu’il a planté, Noe perd le contrôle de ses actes et se dénude. Cham se gausse du spectacle de son père dénudé non sans y convier ses frères Sem et Japhet qui eux , par pudeur et respect, couvrent d’un manteau la nudité de leur père.

Et CHAM demeure ,dans tous les peuples du Livre -juif ou mahométan sinon athée-, le nom de la « crapule » maudite par Noé pour s’etre vautré dans la contemplation de la nudité de son père .

Ne voyez –vous ce qui se trame derrière ces représentations, derrière l’établissement d’un lien indissociable entre le visage du Christ et de la m. , derrière le lien promu entre la vieillesse et la m. ? Oui ! les chacals avancent leurs fourgons et Romero l'euthanaziste (pas le Romeo theatreux ) appelle simultanément à une manifestation au Trocadero pour lacher sa propagande de légalisation de l’euthanazi au nom de « la dignité des personnes agées » .

ALORS, FILS, FILLES, QUI REFUSEZ DE DÉCOUVRIR DANS VOTRE MIROIR LE VISAGE DE CHAM, QU’ATTENDEZ–VOUS POUR REJOINDRE, AU NOM DES VOTRES, LE COMBAT DES CATHOLIQUES ET DÉFENDRE VOUS AUSSI LEUR HONNEUR.

(suite à lire dans les commentaires à l'article de Jeanne sur Castellucci et la psychanalyse)

gasman72 a dit…

J'ai retrouvé une autre réaction d'un évêque au film La Passion :

"Je note simplement que, même si l'auteur n'a rien voulu de cela, la violence des images, telle qu'elle est décrite, risque de réveiller chez les spectateurs des réflexes archaïques et, du point de vue chrétien, tout à fait faux". (Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers)

On se demande pourquoi la scatologie de Castellucci ne risque pas de réveiller des réflexes archaïques.

 
[]