27 septembre, 2011

Royaume-Uni : encore une idée socialiste pour l'éducation !

Un organisme britannique chargé de l'évaluation de la qualité de l'évaluation scolaire (Assessment and Qualifications Alliance, AQA – l'un des trois organismes de cette sorte, qui emploie un millier de personnes et qui participe à l'attribution des notes de fin de scolarité) vient de faire une proposition révolutionnaire. Au nom de la lutte contre l'inégalité, il propose que les notes de fins d'études secondaires soient pondérées selon le type d'établissement de l'élève concerné : un élève d'une école financée par l'Etat ayant les mêmes notes qu'un élève fréquentant une école privée, payante, soit automatiquement crédité de points supplémentaires en vue d'intégrer une université.

Cette proposition sera – ce n'est pas surprenant – mise en avant lors d'un congrès du parti travailliste, aujourd'hui, qui s'alarme du point de vue « mercantile » adopté pour les réformes de l'Education par la coalition conservatrice au pouvoir.

Il s'agirait ainsi d'instituer une discrimination positive en faveur de ceux dont les familles n'ont pas les moyens de leur offrir une scolarité dans un établissement d'élite – et donc, par symétrie, une discrimination négative à l'égard de ceux qui ont ce privilège.

En clair : ces derniers pourraient être écartés d'une formation universitaire parce que la préférence serait donnée à un élève ayant moins bien réussi ses examens, histoire de ne pas gâcher le « potentiel » développé par ce dernier qui aurait eu relativement plus de mal à obtenir une note donnée que le premier, gosse de riche…

Plusieurs types de réactions ont déjà salué ce nouvel avatar de l'égalitarisme forcené. D'aucuns ont souligné qu'avec un tel système, de bons élèves seraient pénalisés pour avoir fréquenté une bonne école. Des écoles indépendantes soulignent que les élèves de familles économiquement défavorisées accueillis gratuitement grâce à une bourse seraient eux aussi victimes du système. Et le plus hypocrite de tous, Tim Hands, maître principal du prestigieux Magdalen College d'Oxford, dénonce : « C'est extraordinaire. Ce plan ne tient aucun compte de l'environnement familial ou des leçons particulières dont un élève peut bénéficier. »

Quoi, il faudrait aussi un système de décote pour les enfants de parents cultivés, ou ceux qui ont travaillé plus sous la houlette d'un professeur particulier ?

L'AQA se défend en expliquant que la réussite des étudiants d'université provenant du système étatique est en moyenne meilleure, à notes d'entrée égales, que celle des étudiants venant des écoles payantes.

Elle prend l'exemple d'une faculté de médecine de l'Université de Londres qui accueille des élèves ayant obtenu moins de points dans une école plus pauvres (BBC plutôt que AAB) dès lors que leurs notes dépassent de 60 % la moyenne obtenue dans cette école, et qu'ils se révèlent aussi capables d'apprendre et de réussir que les élèves « AAB » d'une école plus « favorisée ».

Tout cela a de forts relents d'utopie : combattre une injustice par une autre sans aller au fond de la question, qui est de savoir pourquoi les écoles étatiques ne parviennent pas à épanouir tout le potentiel de leurs meilleurs élèves.

Les méthodes et aides à l'enseignement prônées par l'AQA apportent au moins un début de réponse : à travers son service « Teachit », par exemple, il répand des exercices déstructurants qui favorisent le travail mécanisé, on peut donc supposer qu'il évalue aussi le travail des élèves selon ces mêmes critères mécanisés.

(L'exemple que j'ai mis en lien est un modèle du genre : c'est un travail mécanique sur Romeo et Juliette, d'une technicité à faire passer Shakespeare pour un « producteur de textes » informatique !)

© leblogdejeannesmits.

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