24 juillet, 2011

“Harry Potter” : une séduisante porte ouverte sur le mal

Minuit. L’heure choisie en France pour étrenner la deuxième partie du dernier épisode de la saga cinématographique tirée des romans d’Harry Potter devrait quand même nous dire quelque chose ! C’est l’heure de la messe de Noël, soit, mais aussi celle des sabbats diaboliques ; l’heure des loups-garous et des peurs mortelles ; l’heure sombre de la nuit contre laquelle les complies mettent en garde en faisant psalmodier : Sobri estote et vigilate, quia adversarius vester diabolus tamquam leo rugiens circuit quaerens quem devoret… Soyez sobres et vigilants, car votre adversaire, le diable, rôde comme un lion cherchant qui dévorer…

Pourquoi déranger ainsi l’imagerie religieuse pour commenter la sortie d’un film pour jeunes, Harry Potter et les reliques de la mort ? Mais parce que Harry Potter est rempli de symbolisme religieux, et que son héros éponyme est une figure délibérément christique. Il est « l’Elu », celui qui doit terrasser le mal incarné par Voldemort, par le sacrifice de sa vie. L’affiche du film, omniprésente depuis le mois de juin, présente d’ailleurs Harry lors de son dernier combat, le visage ensanglanté, les cheveux tombant sur le front collés par le sang et la sueur en une illusion de couronne d’épines. Non, ce montage n’est pas innocent.

Je sais d’expérience qu’écrire un article contre Harry Potter, c’est s’exposer aux protestations indignées d’un public conquis qui a avalé avec passion les sept volumes de l’œuvre de J.K. Rowling (moi aussi, je les ai tous lus) et qui en veut d’autant plus aux détracteurs du jeune sorcier de Poudlard que Harry est un orphelin qui a beaucoup souffert dans sa vie. Alors, on s’incline devant le jeune homme si bien dépeint dans ses affres d’enfant maltraité, de héros malgré lui, d’adolescent confronté à la complexité de la vie et à une troublante interpénétration du bien et du mal : ne porte-t-il pas en lui un septième de l’âme de Voldemort ?

La sortie, mercredi dernier, de Harry Potter et les reliques de la mort (2e partie), a confirmé de manière spectaculaire cet engouement, battant tous les records de fréquentation. 115 129 spectateurs en France pour la seule séance de minuit ; meilleur premier week-end au box-office américain avec 168,6 millions de dollars engrangés en Amérique du Nord, bien devant le dernier détenteur du record, The Dark Knight en 2008 (158 millions). La première séance de minuit et le premier jour étaient déjà au sommet, engrangeant respectivement 43,5 et 92,1 millions de dollars. Auxquels il va falloir ajouter les recettes du reste du monde… Pour la Warner, qui a astucieusement multiplié ses recettes de la mise à l’écran du dernier tome en dédoublant sa version filmée en deux épisodes, c’est une affaire en or massif : dans leur ensemble, les sept précédents films de la série ont déjà rapporté 6,3 milliards de dollars.

 “L’Osservatore romano” n’a rien vu

Il y a même eu un article élogieux dans L’Osservatore Romano, qui persiste à vouloir faire « branché » en choisissant la complaisance à l’égard de productions populaires et d’idées vaseuses : de l’encensement des Simpson à l’affaire de la petite fille de Recife, le quotidien aujourd’hui dirigé par Gian Maria Vian n’a pas négligé les occasions de se montrer en phase avec ce qu’il perçoit comme le sentiment populaire majoritaire. Le dernier Harry Potter porté à l’écran, assure son critique, Gaetano Vallini, porte au plus haut les valeurs de l’amitié et du sacrifice.

« Le mal n’est jamais présenté comme fascinant ou attrayant », se réjouit Vallini, montrant que « le héros et ses compagnons trouvent la maturité en évoluant depuis l’insouciance de l’enfance vers la réalité complexe de la vie adulte ». Quant aux jeunes séduits par le jeune sorcier, « ils ont certainement compris que la magie n’est qu’un prétexte narratif utile pour mener la bataille contre la recherche irréaliste de l’immortalité ». Fermez le ban !

Une critique parallèle signée Antonio Carriero salue le « cœur pur » d’Harry Potter, « prêt à mourir pour ses amis », et la démonstration faite de la « possibilité de changer le monde », de « vaincre le mal et d’établir la paix » par le « sacrifice » et « l’attachement à la vérité ». Harry Potter, saga chrétienne ?

Le très profond malaise que laisse la série, avec sa complaisance à l’égard de toutes les tricheries et de tous les rejets de l’autorité qui sont le moteur de la progression de son héros, la haine profonde qu’entretient Potter à l’égard de ses ennemis, l’ambiguïté de ses mentors et son propre lien organique avec le mal personnifié par Voldemort, ses effrayantes « messes noires » et la fausse résurrection de Harry qui aboutit au retour à une vie terrestre banale, devraient au moins faire réfléchir ces admirateurs qu’on espère naïfs.

Ce livre vous intéresse-t-il ? Clic !
Il faudra reparler de toute la symbolique tordue, de l’occultisme envahissant, du très achevé chemin initiatique (à la manière franc-maçonne) qui sont au cœur de la sagaPotter ; un ouvrage dense et fouillé signé Mona Mikaël les expose, c’est aux éditions Saint-Rémi.

L’auteur catholique canadien Michael D. O’Brien, auteur d’une remarquable dénonciation du phénomène (Harry Potter et la paganisation de la culture, disponible en anglais) a épinglé la complaisance de L’Osservatore romano sur LifeSiteNews.com en montrant qu’elle est « symptomatique de problèmes sérieux dans la constitution de nombreux catholiques modernes », une « habitude d’opérer une scission entre la foi et la culture, de la manière la plus bizarre en se forçant à encenser un matériel culturel fondamentalement désordonné ».

O’Brien – auteur entre autres d’un roman qui a rencontré un grand succès en France, Père Elijah – souligne le caractère « toxique » de ce conte si séduisant pour les jeunes :« Croire que le message d’Harry Potter est celui d’une lutte contre le mal est superficiel. Quasiment chaque page de la série et de sa résultante cinématographique, le mal est présenté comme “mauvais”, mais les moyens mauvais utiliser pour résister au mal sont présentés comme bons. »

Il met en garde : « Aussi charmant que puisse être Harry (et dans les films il est encore plus charmant grâce au personnage de l’acteur qui joue le rôle), il est un type ou une métaphore de l’Antéchrist, qui fait muter les symboles chrétiens et les absorbe au sein d’une vision du monde encore plus dangereuse : un relativisme moral saturé par la symbolique du mal et par diverses manifestations de l’occulte. »

Article paru dans Présent daté du mercredi 20 juillet 2011.

17 commentaires:

Anne charlotte LUNDI a dit…

Harry Potter ou l'ordre des ténèbres.
Dénonciation chrétienne d'un phénomène sans précédent .
de Mona Mikael

Sur Livres en famille :
http://www.livresenfamille.fr/p2628-preview.html

Henri Potier a dit…

Voir le diable partout revient à le voir nulle part.
Mona " Mikael " - est-ce son vrai nom ? - ne craint pas de ridiculiser les cathos.
Quel sera son prochain ouvrage ?
Les messages subliminaux satanistes dans les disques de Justin Bieber ?
Harry Potter est un divertissement sur fond de trame fantastique - c'est à la mode - un point c'est tout.
Toutes ces critiques hallucinées sur l'ésotérisme et la franc-maçonnerie puent la frustration et le dinguisme.

Jeanne Smits a dit…

Pas partout, mais là où il s'affiche.

Avez-vous lu l'étude de Mona Mikaël ? L'ésotérisme et l'occultisme sont des réalités et il se trouve que les 7 tomes des Harry Potter sont écrits comme s'ils en avaient une profonde et exacte connaissance. Mikaël le montre dans une analyse minutieuse qu'on ne peut vraiment pas balayer d'un revers de main sans l'avoir lue…

Henri Pottier a dit…

Non, je ne l'ai pas lue.
Je vais donc le faire.
Mais j'imagine bien le contenu, vu que ces critiques sont archi-connues et diffusées depuis que le premier tome est sorti.
Il s'agit de dénoncer l'éternelle "gnose" qui serait sous-entendue dans la production actuelle, de la guerre des étoiles à Harry Potter en passant par Matrix.
Ce n'est peut-être pas entièrement faux, mais de là à en faire tout un plat, c'est du délire, pardonnez-moi.
Les histoires d'occultisme et de sorcellerie sont vieilles comme le monde et n'ont jamais tué personne.
Il faut savoir "raison garder" ! A ne plus prendre de recul on sombre au mieux dans le ridicule, au pire dans le délire sectaire !
Très cordialement,
Henri.

Jeanne Smits a dit…

La sorcellerie et l'occultisme n'ont jamais tué personne ? Vous m'épatez !

Si l'on se place du point de vue catholique, ils commencent par tuer l'âme de celui qui s'y adonne.

Et de ce point de vue, il me semble que la dénonciation du caractère très précis et très travaillé du symbolisme occultiste et des rituels de sorcellerie dans les livres de Harry Potter mérite d'être mis en lumière. Il ne s'agit pas d'une fantaisie littéraire, ni d'un simple divertissement. Sans doute beaucoup n'y verront-ils que cela. Mais chez certains, ce message très structuré ouvre déjà la voie à des engagements beaucoup plus inquiétants.

Pour avoir lu attentivement les 7 volumes de Harry Potter et aussi les critiques raisonnées qui lui sont opposées en vue de mettre en garde les responsables catholiques de la jeunesse – parents, éducateurs – je peux vous affirmer que ces critiques ne s'expriment pas de manière "hallucinée", et ne puent pas "la frustration et le dinguisme".

Mais peut-être pourriez-vous proposer des exemples, des preuves de ce que vous avancez ? Je vois avec satisfaction que vous souhaitez vous plonger dans la lecture de Mona Mikaël, j'espère que vous le ferez en effet car cela permettrait de discuter sur le fond…

Bien cordialement.

Henri Potier a dit…

Des preuves ?
Mais comment vous apporter des preuves puisque nous sommes dans l'irrationnel !
Personnellement, je n'aime pas Harry Potter et je n'ai jamais pu dépasser la moitié du premier épisode, sans doute à cause de la tête à claques de l'acteur qui m'est insupportable.
Maintenant, je sais que ma fille apprécie la série, et que ce n'est pas pour autant que le soir elle pratique le ouija où enfonce des épingles dans des poupées vaudou !
Vous me faites penser au regretté Serge de Beketch qui avait déclaré sur Radio-Courtoisie qu'il ne voulait pas que ses enfants voient "l'exorciste" car même au cinéma il ne fallait pas avoir de rapport avec le diable !
Un peu de sérieux tout de même !
Comment après ne pas passer pour des "intégristes" ?

Anonyme a dit…

Lu sur Liberte Politique :

http://www.libertepolitique.com/culture-et-societe/6942-harry-potter-et-lau-dela-de-la-fiction-les-dangers-spirituels-de-la-magie-15

joachim a dit…

Peut-être le lien ne semblera-t-il pas évident avec ce qui précède...
Hier, entrant pour prier dans la basilique qui se tient au coeur de notre village, je fus attirée par une série de panneaux nouvellement installés, me disant que, chouette, j'allais approfondir ma connaissance de ce lieu millénaire... Il y était question de légendes -même la vie de nos plus grands saints en est remplie, en soi, elles ne sont pas à rejeter mais simplement à lire (legenda) avec les yeux d'une foi perçante- mais à côté de ces légendes à connotation bien chrétienne, trônaient les définitions plus que douteuses de "troll", "farfadet", "gnome", etc... Le fil conducteur de cette suite de textes semblant être les thèmes et les mots tellement à la mode de "symbolique" et "imaginaire"... De quoi troubler les jeunes esprits (surtout s'ils sortent d'une séance "Harry Potter"!)et ravaler pour eux la tradition chrétienne au rang des "croyances" médiévales liées au paganisme et à la superstition. Si ces esprits sont "scientifiques", ils feront acte du folklore et se diront qu'on revient de loin, s'ils sont plutôt New Age, ils approuveront le joyeux amalgame...
Les statues de Jeanne d'Arc, Sainte Thérèse, saint Ursule resteront à croupir dans l'ombre, poussiéreuses et muettes... Heureusement, ici, il y a Notre Dame, qui veille et semble entretenir un culte simple et encore pur...

Marc Mosnier a dit…

Chère Jeanne,

J'ai découvert votre blog au hasard de mes recherches sur le dernier Harry Potter.
Je serais assez d'accord avec le précédent intervenant.
A vouloir tout expliquer selon des schémas intellectuels, on sombre facilement dans le talibanisme !
Personnellement, je peux vous faire une dissertation de 8 pages vous expliquant que Harry Potter est un héros "chrétien" défendant le bien contre le mal !
Et si je suis votre raisonnement, il faut également bannir des préférences télévisuelles de ma progéniture " Charmed" avec la jolie Shannen Doherty ainsi que "Buffy contre les vampires" et autres séries plus ou moins "gothiques" pour ados en mal de romantisme...
Quant à moi, illustrateur spécialisé en contes fantastiques, que me prédisez-vous ? La damnation éternelle ?
Reconnaissez que tout cela n'est pas très sérieux, non ?

Jeanne Smits a dit…

@ Marc Mosnier.

Non, je ne vous prédis pas la damnation éternelle, évidemment ! Pas plus que je ne dénonce toute œuvre fantastique, ce serait idiot.

Je viens de regarder vos illustrations; j'aime particulièrement celles au fusain…

Pour en revenir à Harry Potter… D'autres que vous ont détaillé les aspects "chrétiens" de ces livres. L'idée de la lutte du bien contre le mal y est incontestablement présente, mais – me semble-t-il après lecture attentive, puis analyse plus approfondie à partir d'études sur l'occultisme par Mona Mikaël – dévoyée par l'idée fortement présente que la fin bonne justifie l'emploi de moyens mauvais.

La série rend la sorcellerie attrayante.

On n'est plus dans le schéma intellectuel, mais dans l'évaluation des conséquences que peut avoir l'engouement pour une telle série (les livres bien davantage que les films) sur nombre d'enfants et de jeunes. Les parents catholiques sont en droit de se poser la question.

Le talibanisme, cher Marc Mosnier, c'est l'imposition totalitaire de diktats que nul n'a le droit de discuter.

A propos de Harry Potter, je crois qu'il est nécessaire de réfléchir en essayant d'accueillir et de comprendre les arguments de ceux qui émettent des mises en garde. Au fil des ans, je me suis aperçue qu'il est très difficile de le traiter comme un sujet ouvert, dont on peut discuter: j'ai souvent l'impression qu'il FAUT aimer Harry Potter, sous peine de se faire traiter de taliban ou de "ridicule". C'est dommage !

joachim a dit…

En même temps que nous nous exprimons ici, nous entendons, à l'église, les paraboles du bon grain et de l'ivraie (mardi) et du filet plein de bons et mauvais poissons (aujourd'hui)... C'est aux ouvriers qu'il envoie dans les champs, c'est aux pêcheurs qu'il forme que Jésus s'adresse, Lui le Maître de la moisson... Est-ce donc à nous de faire le tri? C'est une tendance que nous avons (parce que nous avons peur?)... Rendons-nous proches, toujours plus proches de notre Maître, prenons nos enfants avec nous, dans la prière à défaut de tenir les rênes, et nous traverserons en paix même les milieux les plus hostiles... N'ayons pas peur et prions pour ceux qui nous "persécutent" en piétinant notre trésor...

Clément a dit…

« Pour en revenir à Harry Potter… D'autres que vous ont détaillé les aspects "chrétiens" de ces livres. L'idée de la lutte du bien contre le mal y est incontestablement présente, mais […] dévoyée par l'idée fortement présente que la fin bonne justifie l'emploi de moyens mauvais. » (Jeanne Smits)

Je me permettrai simplement de répondre à cela par un exemple tiré directement du livre.
Dans le Tome 4 est introduit un personnage (Barty Crouch). Je cite ici un passage du livre (Tome 4, chapitre 27) qui décrit son comportement pendant les temps où Voldemort [le « grand méchant »] était au pouvoir :

« Les principes de Croupton étaient peut-être très bons au début - je n'en sais rien. Son ascension au sein du ministère [de la Magie, l'instance administrative de l'histoire] a été très rapide et il a tout de suite pris des mesures radicales contre les partisans de Voldemort. Les Aurors [sortes de policiers] ont reçu de nouveaux pouvoirs - celui de tuer plutôt que de capturer vivant, par exemple. […] Croupton a combattu la violence par la violence et a autorisé contre certains suspects l'usage des Sortilèges Impardonnables [Il y en a 3 qui consistent à tuer, torturer, contrôler les mouvements ; on peut noter l'appellation, qui est la même en anglais (Unforgivable Curses)]. Je dirais même qu'il est devenu aussi implacable, aussi cruel, que de nombreux sorciers qui avaient choisi les forces du Mal. Lui aussi avait des partisans - beaucoup pensaient que c'était la bonne méthode et il s'est trouvé de plus en plus de sorciers et de sorcières pour le pousser a devenir Ministre de la Magie. »

Je crois que c'est le meilleur exemple dans le livre où l'auteur défend que la fin ne justifie pas les moyens.

Dans d'autres passages, lorsque le héros ou d'autres personnages tentent de penser contraire, il y a toujours un certain malaise, si ce n'est carrément un autre personnage qui leur redonne un vision plus droite des choses.

La série véhicule un certain nombres de valeurs (comme dans cet extrait), qui, sans être forcément directement catholiques, relèvent d'une certaine morale.

Sur le thème du pardon, on pourra noter l'évolution très intéressante de la relation Harry Potter/Draco Malfoy (et la famille Malfoy), surtout dans les tomes 6 et 7.
[SPOILER] Harry (et les autres « gentils ») parviennent à pardonner à celui qui a été leur ennemi n°1. [/SPOILER].

Ce qui me dérange le plus, c'est que l'on a laissé lire/voir Harry Potter à des enfants trop jeunes (parfois 6/7 ans !), à un âge où ils n'ont pas encore assez vécu pour faire la part des choses et tout comprendre.

Par exemple, dans le tome 5, toute la critique implicite de la technocratie et de l'administration incompétente qui essaie de reprendre en main le système éducatif, en essayant de supprimer toute pédagogie, est juste croustillant, surtout quand on subit l'Éducation Nationale française :)

Pour conclure, je me joins à tous ceux qui recommandent de faire la part des choses quand à Harry Potter. Mon curé a dévoré le tome 7 quand il était jeune prêtre (il avait à peine 30 ans), ça ne l'empêche pas 4 ans après de toujours prier son bréviaire et d'adorer le Christ réellement présent dans l'Eucharistie.
En revanche, je me joins aussi à ceux qui déconseillent ces livres aux trop jeunes enfants.

(En plus, Rowling m'a permis de lire plus de 3000 pages en anglais sans m'ennuyer une seule seconde !)

armel h a dit…

Un ouvrage dense et fouillé de Mona Mikael. Un ouvrage dense et fouillé, une analyse sérieuse et longuement travaillée...

. qui cite, comme exemple de la mauvaise influence de Harry Potter sur les enfants, cette phrase :

"Harry Potter, disait en l’an 2000 le grand prêtre de la First Church of Satan à Salem (Massachusetts), est une formidable manne pour notre cause. Une église comme la nôtre a – sans jeu de mots - besoin de sang neuf et récemment, nous avons reçu plus de demandes que nous ne pouvons en accepter. De plus, presque tous - excellent pour nous! - sont des enfants vierges. (Article du 26 juillet 2000, Harry Potter Books Spark Rise in Satanism Among Children.) "

tirée de cet article :
http://web.archive.org/web/20000815214418/http://www.theonion.com/onion3625/harry_potter.html

...article parodique (franchement : est-il possible, en lisant cet article, d'y voir autre chose qu'une parodie ?).


Du coup, ça ne fait pas très sérieux pour une analyse dense et fouillée.

Jeanne Smits a dit…

Mme Mickaël a reconnu qu'elle avait fait là une erreur ; c'est une citation parmi des centaines qu'elle fait dans le livre et qui elles n'ont été contredites par personne.

Le fait est que les sites sur la sorcellerie pour jeunes ont explosé.

Je connais personnellement le cas d'un jeune qui s'est laissé prendre et qui, revenu de son engouement heureusement passager pour la sorcellerie, confirme que le monde de Harry Potter correspond vraiment et dans les détails à celui de la sorcellerie et que ce monde est vraiment néfaste.

armel h a dit…

Soyons scientifiques :
quelles similitudes entre le monde Harry Potter et le monde de la sorcellerie dans la vraie vie, dans notre vrai monde,
et pourquoi ces similitudes ?


. le principe du monde imaginaire de Harry Potter, c'est de se dire "et si les pouvoirs magiques existaient ?"
Exactement comme dans un jeu d'enfant.

. mais, pris dans l'histoire, il est évident qu'un jeune lecteur se dira que "ça serait bien si cette magie existait vraiment dans notre monde aussi".
Comme il se le dira devant tout conte de fées.

. cependant, une fois sorti de l'histoire, il est censé faire la part des choses entre le réel et l'imaginaire,
savoir qu'il n'y a pas d'ogres ni de farfadets dans notre monde.

. si le lecteur est trop jeune, ou si son esprit est mal formé, si ses parents ne se soucient pas de l'éduquer et d'éduquer son intelligence et son imagination,
alors le flou pourra persister, au moins comme un "et si ?" lancinant, et donc comme une porte ouverte à toute suggestion future que cela est possible ;

. si le lecteur est capable de reconnaître la différence entre un monde imaginaire et un monde réel, alors ça ne pose pas plus de souci que de lire des histoires de fées, d'ogres, et de farfadets.


. Maintenant : quel est forcément le point de départ de l'engouement d'une personne, même adulte, pour la sorcellerie ?

Forcément un désir, sans doute au départ anodin, innocent, que "la magie ça soit vrai". Plus l'aspect déjà plus malsain de l'attrait pour tout pouvoir.

. Les personnes qui s'intéressent à la magie sont donc celles qui n'arrivent pas à accepter que la magie soit dans les histoires, et qu'elle n'existe pas dans la vraie vie
(entendons nous bien : qu'elle n'existe pas dans la vie réelle comme elle existe dans les histoires et les contes, c'est à dire comme une force naturelle possiblement bénéfique, belle, au même titre que l'électricité)

. C'est donc, a priori, une certaine forme d'immaturité, en tant que refus de la frustration et flou des limites entre imagination et réel,
qui mènera ces personnes vers la magie - celle de notre monde, qui est donc, on peut le dire, bien autre chose que celle des contes.



. Le problème et ce qui fait le lien entre une histoire comme Harry Potter et le monde de la sorcellerie,

ça n'est donc pas le livre en lui-même,
ça n'est même pas le fait qu'il y soit question de sorciers et de magie, qui n'est pas déterminant en soi,

c'est le manque de discernement des esprits.



D'où le fait que Harry Potter soit un lecture pour grands adolescents et adultes (ceux qui sont capables de lire Edgar Allan Poe ou H.P.Lovecraft et de faire la part des choses entre réel et imaginaire),
(ce qui est possible plus jeune, mais les contes pour enfants sont beaucoup plus courts que "Harry Potter, je dois le reconnaître : un conte de Perrault, en poche, ça prend 3 pages).

Et d'où le fait que l'autre problème est l'immaturité de certains adultes de nos jours.



Essayer de voir ailleurs la source du problème, c'est à mon avis se fourvoyer dans une impasse, car aucun élément objectif ne viendra soutenir cette opinion - on nagera alors en pleine subjectivité et l'argumentation sera inopérante.

armel h a dit…

Sur le fait que Harry Potter constitue un chemin initiatique :

... et bien, comme de nombreux contes construits sur ce principe. Ne serait-ce que dans les légendes du Graal !


. D'une part, ce n'est pas parce que la symbolique franc-maçonne et ésotérique a repris l'image du chemin initiatique, que cette image leur appartient en propre et qu'elle serait forcément mauvaise ;
(ou alors, il aurait fallu d'abord le démontrer)

. D'autre part, même un récit initiatique d'inspiration franc-maçonne et ésotérique peut donner un très bon conte dont on ne déconseille pas la lecture :

le livre de la jungle ; Pinocchio (pas pour les trop jeunes cependant) ; la flûte enchantée.

On citera encore l'Histoire sans Fin, dont le parcours, initiatique, st très bien construit et source d'un conte riche et instructif.

On ne peut donc pas se contenter de constater le récit initiatique :
c'est une forme extrêmement courante de contes, dont la forme n'est pas, en soi, propriété et marque exclusive des sociétés ésotériques,
et même les récits d'inspiration ésotériques peuvent être de bons récits.



(J'en viens à me demander si mme Mikael et vous-mêmes êtes familière du monde des contes, de la faerie et de ses codes ?)

armel h a dit…

Encore autre chose, et si vous voulez bien m'excuser de cette suite de plusieurs commentaires :

on ne peut pas affirmer que toute la morale sous-jacente de l'ouvrage justifie le mal au nom du principe "la fin justifie les moyens",

et ignorer le long développement, dans le dernier tome, sur ce qui est décrit comme l'erreur profonde de Dumbledore dans sa jeunesse :
avoir cru, un temps, qu'on pouvait justifier des mesures violentes ou mauvaises "pour le plus grand bien".

Ceci est explicitement décrit comme une erreur de sa part - renoncer à cette idée est explicitement désigné comme le point de départ de sa sagesse, le moment où il devient lucide et revient dans le bon chemin,
alors que la persistance de son ancien ami Grindelwald dans cette erreur est explicitement montrée comme la raison de sa perversion progressive et de son basculement du mauvais côté.


Là encore, l'histoire de Harry Potter introduit, justement, et explicitement, une réflexion sur le principe que "la fin justifie les moyens", et se prononce explicitement CONTRE ce principe

(de la même façon dans la description de l’ascension dans la hiérarchie d'un membre du ministère de la magie, Mr Croupton, dans le tome 4 :
du temps de la guerre précédente, il a justifié l'usage du mal contre les mauvais, et cela est explicitement montré comme un principe mauvais).

...de la même façon, qu'avec la tirade et l'attitude des jumeaux Weasley dans le tome 5, était introduite la réflexion sur la différence entre l'opposition à toute autorité et l'opposition à une autorité illégitime,

ou encore entre le non-respect des règles d'usage (heures de sorties, etc...) et le non-respect des règles morales.


Ce sont là des distinctions et des réflexions profondément intéressantes, importantes, et justes.

Les passer complètement sous silence pour pouvoir dresser un portrait à charge ne me semble pas honnête, ou en tout cas pas rationnel.

 
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